Lutte contre la rage : La vaccination ne suffit pas à elle seule !
On vient de célébrer le 28 de ce mois, comme chaque année d’ailleurs, la journée mondiale contre la rage, dont la date fut, alors, choisie, en hommage au scientifique français Louis Pasteur, père de la médecine moderne et le premier à avoir mis au point un vaccin contre la rage. Et pourtant, cette épidémie mortelle continue à faire des ravages et causer des décès.
La Presse — Il y a, maintenant, plus d’un siècle, qu’on en parle encore, sans en venir à bout, définitivement. Car cette maladie virale n’évolue que dans un milieu contaminé, favorable à la prolifération des foyers de contagion et d’infection.
La pollution, source de prolifération des chiens
Sous nos cieux, la pollution environnementale et le manque d’hygiène de vie sont deux facteurs déclencheurs, censés faire courir le risque de propagation de la rage et accroissent, en effet, son taux d’incidence. Ceci étant, le phénomène des chiens et chats errants gagne du terrain et envahit des quartiers entiers. Les tas d’ordures ménagères et déchets assimilés entassés au milieu de nos cités et les conteneurs poubelles éparpillés à ciel ouvert ont dû aggraver la situation.
En l’absence des municipalités et l’inertie des autorités locales, ces animaux ont pu investir l’espace, marquant ainsi leur propre territoire. Ce alors, personne n’ose y passer, en toute sécurité. Egalement, des enfants et des femmes ne sont plus épargnés. Pour se défendre, ces chiens errants se comportent agressivement. Partout dans nos villes et villages, ce risque est omniprésent. L’été 2024 fut l’un des plus meurtriers, où les cas de morsure et de griffure étaient légion, ayant fait une dizaine de décès.
Ces pertes en vies humaines n’ont pas laissé personne indifférent. Des appels d’urgence et des images-choc des victimes d’attaques de chiens mortelles avaient, alors, enflammé la toile et interpellé les autorités concernées. Ce qui avait incité la présidence du gouvernement à agir, sur fond de mesures préventives contre la rage, tout en renforçant les campagnes de sensibilisation quant à l’obligation de vaccination les chiens et chats domestiques.
Bien que gratuite, l’opération n’a pas, semble-t-il, fait chemin. Et depuis, le ministère de la Santé n’a cessé d’intensifier ses mises en garde contre les éventuels risques d’infection chez des animaux ou des humains. En effet, il avait déclenché sa cellule de crise, mettant à disposition de lignes téléphoniques gratuites au profit des citoyens, destinées à les écouter, à les informer et à les sensibiliser, tout en leur assurant un soutien psychologique si nécessaire.
Le pour et le contre !
Ce fut, alors, un état d’alerte sanitaire décrété à une large échelle. Et la vigilance était aussi de mise. Toutefois, on n’est pas encore sorti de l’auberge ! On continue à voir des chiens errer dans les dédales de nos quartiers, aboyer, tantôt montrer leurs crocs, tantôt passer à l’offensive. Individuels ou en groupe, ils présentent un danger bien réel.
Par ailleurs, on les voit fouiner dans les sacs poubelles, en quête de quoi se nourrir, finissant par les renverser. Cette scène monotone si gênante se répète tous les jours, au vu et au su de tout le monde, sans que personne ne lève le petit doigt. Qui aurait pu arrêter ce manège quotidien ?
Etant les premiers ayant le devoir d’agir, les communes des quartiers font toujours la sourde oreille. Quelles solutions ? Entre-temps, se déclencha une vive polémique sur quels choix adopter pour en finir avec ce phénomène des chiens errants. Des voix se levèrent contre leur abattage, sous prétexte de droit de protection des animaux, aux dépens de celui de l’homme, appelant à leur stérilisation.
D’autres ne l’ont jamais ainsi considéré comme solution. La vaccination, oui ! Un choix judicieux qui s’applique le mieux aux animaux domestiques ou de compagnie. Mais elle n’est guère pratique pour le cas des chiens errants. Ces derniers, quoiqu’ils soient vaccinés ou castrés, sont naturellement dangereux. Soit, il y a toujours péril en la demeure.
L’abattage comme solution !
D’où, l’abattage demeure, comme ce fut le cas autrefois, une solution radicale. Et pourtant, cette idée traîne encore, sans pour autant être concrétisée. Un statu quo! De ce fait, toute la cité s’embourbe, aujourd’hui, dans un imbroglio, à n’en plus finir. Et cette vaste campagne vétérinaire de vaccination tous azimuts, engagée en septembre jusqu’à octobre prochain, bat encore son plein, avec pour un seul objectif la prévention de la rage en Tunisie.
Agir ainsi n’est pas une fin, non plus. Car la vaccination ne concerne que les chiens et les chats domestiques, étant donné qu’ils sont pris en charge par leurs propriétaires. Qu’en est-il de ces chiens errants? Que faire avec ces multiples campagnes, si la sécurité des gens pose encore problème.
Inutile, semble-t-il, de vacciner des chiens errants ! S’ils ne sont pas réellement enragés, ils le sont certainement au sens figuré du terme. De par nature, ils défendent leur territoire, n’hésitant point à se comporter agressivement. Et là, tout risque de morsure ou griffure n’est pas fatal.
Somme toute, lutter contre la rage, ne pas se contenter des campagnes de vaccination et de sensibilisation qui lui sont liées. Il y a lieu de penser, sérieusement, à des solutions préventives appropriées. L’abattage des chiens errants en est une des plus recommandées.
D’autant plus que la neutralisation des dépotoirs anarchiques et bien d’autres points noirs, comme le préconise la cellule de crise au sein du ministère de la Santé, devrait passer en priorité. Sinon, l’objectif d’éradiquer définitivement la maladie chez les animaux et les humains d’ici 2030 ne serait-ce qu’un vœu pieux.