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Don d’organes en Tunisie : plus de 1 700 patients sur la liste d’attente

  • 6 octobre 16:32
  • 5 min de lecture
Don d’organes en Tunisie : plus de 1 700 patients sur la liste d’attente

Le don d’organes en Tunisie constitue l’un des dossiers sanitaires et humanitaires majeurs qui nécessite encore des efforts accrus de la part des diverses parties prenantes. Malgré les progrès réalisés ces dernières années, la sensibilisation sociétale au don d’organes reste limitée, et les taux de transplantation demeurent inférieurs au niveau requis par les besoins croissants des patients.

Le Dr. Mohamed Fagraoui, médecin coordinateur au Centre National de Promotion de la Transplantation d’Organes (CNPTO), a déclaré dans son entretien avec Mosaïque que le don d’organes en Tunisie est toujours considéré comme un sujet ou une question taboue par une partie des citoyens. Beaucoup hésitent à en parler ou à en aborder les détails, même si ces dernières années ont vu une amélioration notable dans ce domaine.
Le Dr. Fagraoui a indiqué que les progrès restent lents compte tenu du nombre d’opérations effectuées, qui est nettement inférieur au nombre de patients dans le besoin. Il a souligné que le Centre travaille à intensifier les campagnes de sensibilisation et à encourager les familles tunisiennes à contribuer sciemment à cet effort humanitaire.

M. Fagraoui a ajouté que le CNPTO fait face à des difficultés pour convaincre certaines familles d’accepter le don lorsqu’une personne est en état de mort cérébrale, car les membres de la famille ignorent souvent la position du défunt sur le don de son vivant. Cela rend la prise de décision difficile dans les moments de deuil.
C’est pourquoi le Dr. Fagraoui encourage les citoyens à déclarer leur volonté préalable de faire un don et à apposer la mention « donneur » sur leur carte d’identité nationale, d’autant plus que la loi régissant cela existe depuis 1999.

Malgré plus de deux décennies depuis la promulgation de cette loi, le nombre d’inscrits comme donneurs n’a pas dépassé les 13 000 personnes jusqu’en 2020, soit un pourcentage très faible par rapport à la population totale.

Cependant, ce chiffre a augmenté pour atteindre aujourd’hui environ 15 000 donneurs grâce aux campagnes de sensibilisation menées par le Centre, qui ambitionne d’atteindre le million de donneurs dans les années à venir.

Le Dr. Fagraoui a rappelé que le CNPTO organise chaque année des événements de sensibilisation à l’occasion de la Journée Mondiale de Sensibilisation au Don d’Organes, correspondant au 17 octobre. Durant ces événements, en collaboration avec la police technique, les citoyens peuvent enregistrer directement la mention « donneur » sur leur carte d’identité nationale.

Certaines de ces campagnes ont atteint des chiffres sans précédent, le Centre ayant réussi à enregistrer entre 150 et 200 nouveaux donneurs en une seule journée, selon les statistiques du CNPTO.
Sur le plan religieux, le Dr. Fagraoui affirme que le don d’organes n’est pas incompatible avec les enseignements de l’Islam, mais s’aligne plutôt sur ses objectifs de sauver des vies et de diffuser la compassion.

Notre interlocuteur indique que le Centre travaille en coordination avec le Ministère des Affaires religieuses pour impliquer les imams et les prédicateurs dans la sensibilisation à l’importance du don, soulignant que de nombreux chefs religieux ont confirmé la légitimité de cet acte noble.

Le médecin coordinateur du CNPTO ajoute : « Nous encourageons les citoyens à consulter les imams à ce sujet car nous sommes convaincus que la religion appelle à la préservation de la vie, et plus les gens seront convaincus sur les plans religieux et éthique, plus ils seront disposés à donner ».

D’autre part, les mêmes statistiques révèlent l’ampleur du besoin croissant d’organes en Tunisie : le nombre de patients inscrits sur les listes d’attente s’élève à environ 1 700 patients. Parmi eux, près de 1 600 attendent une transplantation rénale, tandis qu’environ 50 patients attendent une greffe du cœur et 50 autres une greffe du foie.

De plus, plus de 14 000 Tunisiens sont sous dialyse, et environ 30 % d’entre eux ont un besoin urgent d’une transplantation rénale pour améliorer leur qualité de vie et les sauver de souffrances continues.

Malgré les efforts, le nombre de transplantations à partir de donneurs en état de mort cérébrale reste limité : seulement 29 opérations ont été effectuées jusqu’en octobre 2025, contre 23 en 2024 et 42 en 2023.

Le nombre de cas de mort cérébrale dont les organes sont prélevés annuellement se situe entre 10 et 20 cas seulement, un chiffre très faible par rapport à la forte demande.

Le Dr. Fagraoui confirme que le chemin est encore long, mais que les indicateurs sont positifs, expliquant que chaque pas vers une meilleure sensibilisation représente une nouvelle vie offerte à un patient en attente d’espoir. Il conclut en disant : « chaque citoyen qui choisit d’être donneur donne une chance de vivre à une autre personne. Nous avançons vers le mieux, et nous espérons qu’un jour le don d’organes deviendra une culture bien établie dans la société tunisienne, et un symbole de la solidarité humaine »

Auteur

La Presse

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