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Lutte contre le fléau de la drogue : Un appel à la mobilisation autour des jeunes générations

  • 7 octobre 17:20
  • 6 min de lecture
Lutte contre le fléau de la drogue : Un appel à la mobilisation autour des jeunes générations

Alors que la drogue gagne du terrain et fragilise les jeunes générations, le pays appelle à une mobilisation nationale. L’État, moteur de cette démarche, coordonne prévention, sensibilisation et accompagnement, tandis que l’école, la famille et la société tout entière deviennent les premiers remparts contre ce fléau.

La Presse — Le directeur général de la sécurité publique, Issam Fitouri, a annoncé, samedi 4 octobre, qu’un programme citoyen de lutte contre la drogue mêlant réponse répressive et prévention est actuellement en cours d’élaboration. Ce programme prévoit notamment le renforcement de la sensibilisation en milieu scolaire, considérée comme un levier majeur de la lutte.

S’exprimant lors de la Journée nationale de sensibilisation à la prévention des drogues, organisée à la Cité de la culture par le ministère de l’Intérieur, Fitouri a indiqué que le ministère travaille également à l’élaboration d’un plan d’exécution de la stratégie nationale de réduction de la violence sociale, intégrant une approche renouvelée face à la montée de la consommation de stupéfiants.

Le responsable a souligné, en outre, que les établissements scolaires et leurs cadres pédagogiques jouent un rôle central dans le repérage précoce des cas de consommation chez les élèves. Ce sont, en effet, souvent les enseignants, les surveillants et l’ensemble du personnel éducatif qui, en l’absence d’une vigilance suffisante du cercle familial, doivent donner l’alerte.

Prévention, intervention, prise en charge et réinsertion

Pour sa part, le colonel Fakhreddine Khedri a mis en évidence le lien étroit entre violences et consommation de drogue, un constat qui justifie, selon lui, la focalisation du dispositif sur le milieu scolaire, considéré comme « le plus grand vivier de la société ». Il a décrit un schéma d’action intégré, pensé comme une réponse globale à un phénomène complexe. 

Ce plan repose d’abord sur la prévention et l’information, afin de sensibiliser les jeunes et de briser les tabous autour de la consommation. Il s’appuie ensuite sur l’intervention des forces de l’ordre et des services douaniers, garants de la riposte répressive et du contrôle des réseaux d’approvisionnement.

À cela s’ajoute la prise en charge médicale des consommateurs, qui vise à traiter la dépendance non plus comme une simple infraction, mais comme une réalité humaine et sanitaire nécessitant un accompagnement spécialisé. Enfin, la réinsertion sociale, placée sous la responsabilité du ministère des Affaires sociales, constitue l’ultime maillon de cette chaîne, afin de redonner une place et une dignité à ceux qui cherchent à sortir de l’engrenage, pour qu’aucun parcours ne se termine dans l’exclusion.

Au-delà de l’action institutionnelle, la lutte contre la drogue appelle une mobilisation collective où la société civile et les familles doivent jouer un rôle déterminant. Associations locales, structures culturelles, clubs de sport ou centres de jeunesse peuvent devenir des espaces d’écoute et de prévention, capables de recréer un lien qui s’est perdu en chemin, et d’offrir des alternatives concrètes à l’oisiveté et au désespoir.

Car souvent derrière chaque cas de consommation se cachent souvent la solitude, une famille dysfonctionnelle, la précarité ou l’exclusion sociale du jeune — voire de sa famille — et, par conséquent, un manque de repères. Redonner confiance à ces jeunes et tenter de les réinsérer dans différents cercles artistiques, sportifs ou associatifs, c’est déjà amorcer le chemin de la guérison.

Former et renforcer les équipes éducatives

Du côté du ministère de l’Éducation, la psychologue Houda Helali a insisté, pour sa part, sur la nécessité de former les équipes pédagogiques aux signes cliniques et comportementaux d’une consommation de stupéfiants, afin d’orienter rapidement les élèves concernés vers une prise en charge adaptée. Elle a rappelé que les psychologues scolaires couvrent un large spectre de situations, dont les cas d’addiction, mais le manque d’effectif demeure un obstacle majeur.

Les premiers recrutements ont eu lieu en 2015 et 2017, avec une moyenne de deux psychologues par direction régionale seulement.

Aujourd’hui, le ministère projette de recruter 31 nouveaux psychologues, a-t-elle précisé, tout en soulignant, encore une fois, que la lutte contre la drogue à l’école nécessite la mobilisation de multiples acteurs.

Une mobilisation nationale déployée sur plusieurs régions

La journée nationale s’est tenue en simultané à Sousse, Tabarka et Djerba, réunissant, selon le ministère, près de 750 participants, dont 650 issus du secteur de l’Éducation nationale. Cette mobilisation d’envergure illustre la volonté des autorités d’inscrire la lutte contre la drogue dans une dynamique collective, dépassant le seul cadre sécuritaire.

L’objectif étant d’abord d’élever le niveau d’alerte sur les dangers que représentent les stupéfiants et les substances psychoactives, particulièrement dans les écoles où les jeunes constituent une population vulnérable. Mais il s’agit aussi de renforcer les capacités du corps enseignant, en lui donnant les outils nécessaires pour repérer les signes précoces de consommation et orienter les élèves concernés vers une prise en charge adaptée.

Cette journée vise également à resserrer les liens entre les différents acteurs de terrain — établissements scolaires, structures sécuritaires et services sanitaires — afin de bâtir une chaîne de prévention et d’intervention cohérente, capable de répondre avec efficacité et humanité à un phénomène qui touche désormais toutes les couches de la société.

Face à une consommation en hausse, touchant donc des milieux et des âges de plus en plus variés, la drogue s’impose comme un véritable enjeu de santé publique. Les structures médicales et sociales se trouvent souvent dépassées, tandis que les familles peinent à trouver écoute et accompagnement. C’est pourquoi, au cours de cette journée de sensibilisation mais aussi d’information, les responsables plaident pour une approche multidimensionnelle, combinant soins, éducation et prévention, afin de replacer la personne au cœur du dispositif. 

Mais au-delà des chiffres et des stratégies, la drogue demeure un fléau qui inquiète et qui fait peur. Les addictions sont en train de frapper de plein fouet les jeunes générations, celles-là mêmes sur lesquelles la Tunisie fonde ses espoirs et bâtit son avenir. Chaque élève, chaque adolescent, jeune adulte, touché représente une promesse fragilisée, un potentiel en péril. La lutte contre la drogue n’est donc pas seulement un combat sanitaire ou éducatif, c’est aussi une affaire de sécurité nationale, rien de moins.

Auteur

La Presse

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