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Dream city : Ça se passe à Tunis et c’est magique !

  • 12 octobre 19:00
  • 5 min de lecture
Dream city : Ça se passe à Tunis et c’est magique !

Des corps qui racontent, des sens qui s’éveillent et des déambulations dans la Médina de Tunis qui invitent au voyage. Dans les alcôves des anciennes demeures et madrasas, des artistes nous chuchotent à l’oreille et nous prennent par la main pour partager un grand secret… raconter l’humain !

La Presse — Une  semaine déjà, que Dream city fait rêver la ville, nous fait découvrir des lieux et sublime des espaces que nous connaissons déjà. Depuis une semaine, les artistes défilent à la fois acteurs et spectateurs, racontant des histoires ou des fragments de récits  tissant des liens à jamais indéfectibles. 

Dream city se poursuit encore pour une autre semaine, l’émotion est à fleur de peau, les vibrations de la Médina se font sentir à chaque lieu, chaque espace, chaque  coin de rue. On se laisse guider, d’une performance à une autre, une porte s’ouvre sur un monde particulier avec ses codes et ses artifices pour aboutir à un lieu de mémoire, un temps des sensations. Cette première semaine, avec son week-end en apothéose, affiche complet «Sold Out», témoignant de l’énergie qui anime les festivaliers.

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L’incroyable Mister Éric Minh Cuong Castaing

Au début, c’était Tarab, une célébration par Éric Minh Cuong Castaing, portée par Rayess Bek, qui a emporté le public dans une transe collective, dédiée aux danseurs de Gaza. Performée avec sept danseur·euses, originaires d’Égypte, de Palestine, du Liban et de Tunisie, avec pour  fil conducteur les rythmes des danses populaires, pour faire corps avec un public dans une transe joyeuse, au croisement des traditions et du contemporain. Ici, la musique devient souffle, le rythme une mémoire, et la danse un langage de résistance.

Toute une histoire se raconte par les corps qui dansent, qui se touchent, s’attirent et se détachent pour faire un ensemble hétérogène dans lequel on s’oublie et on se libère dans un élan de vie défiant la mort. Le corps est trace, la musique un leitmotiv qui crie les noms des disparus à l’ombre d’une tragédie humaine et fait résonner un cri qui dénonce et qui défie. 

Cet acte de création d’Eric Minh Cuong Castaing se poursuit avec Aloun Marchal et Marine Relinger, le lendemain, au parc du Belvédère, rassemblant enfants, danseurs et spectateurs dans une chorégraphie inclusive, ludique, transformant le handicap en un point d’ancrage pour la création collective.

Dans ce parc réinventé, tout devient relation. «p/\rc», imaginé par la compagnie Shōnen, réunit des enfants atteints de troubles moteurs, des danseur·euses et des spectateur·rices invité·es à circuler librement au cœur du mouvement. Ici, les corps s’assemblent, se soutiennent, glissent, s’entrelacent dans une chorégraphie vivante, inclusive, ludique et déroutante.

Les danseur·euses deviennent toboggans, manèges, prothèses humaines. Chaque contact est une forme d’attention. Chaque geste, une façon de faire lien. Le handicap n’est plus une limite, mais un point d’appui pour créer de nouveaux équilibres.

Avec «p/\rc», s’ouvre un espace sensoriel partagé, où les normes se déplacent, où l’on apprend à bouger autrement, à voir autrement. Une danse du soin, du jeu et de la présence. Une invitation à avancer ensemble, dans une chorégraphie du monde.

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A la recherche du point central 

Un autre univers nous transporte au Caire avec la danse ancestrale des danseuses portant des chandeliers sur leurs têtes.  «Sham3dan», à Dar Haddad, ce magnifique lieu du côté de Bab Menara réinvente la danse dans une «non-danse» bouleversante par sa précision, par sa lenteur, par son rythme et par ses rotations. Dans un mouvement circulaire, les six interprètes nous tiennent en haleine, imposent un état où les formes et les lignes se dessinent à l’infini. 

Ce collectif cairote «nasa4nasa», cofondé en 2016 par Noura Seif Hassanein et Salma AbdelSalam, principalement actif sur Instagram, leur travail explore la fabrication d’images et la présence en ligne comme partie intégrante de leur pratique chorégraphique.

Avec Radouan Mriziga, nous sommes dans l’exploration, dans une immersion dans l’infini désert à cohabiter avec ses éléments vivants. Faune et flore communiquent, revendiquent et mettent leur traces dans leur espace.

Magec / the Desert est une installation poétique au mausolée de Sidi Ali Chiha, une invitation à un moment de partage et d’écoute. Mriziga construit une sphère de sons et d’images, les corps des danseurs y sont des ancrages. Il transforme les paysages arides du Sahara en un espace d’apprentissage et de mémoire. 

Sa chorégraphie, tissée de rythmes, de lumière et de gestes, célèbre la lenteur et la densité du vide. Le désert, ici, n’est pas absence mais présence : un lieu de savoirs, de résistance et de lien au vivant. Ses danseurs remplissent cet espace par une énergie qui porte loin, qui chasse les démons et qui s’introduit dans cet écosystème comme une partie intégrante.

La gestuelle est lien, la musique est élévation et la terre en est le principal enjeu.Dream city se poursuit pour une semaine encore. La parole est donnée à une multitude de voix qui partent de l’infiniment petit vers l’infiniment grand… de l’intimité vers l’universel. Ça se passe à Tunis et c’est magique ! 

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Auteur

La Presse

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