Fonds africain de développement (FAD-16) : Le financement : le défi le plus pressant de l’Afrique
Le Fonds africain de développement (FAD), qui en est actuellement à son 16e cycle de reconstitution (2023–2025), a continué d’obtenir d’excellents résultats en 2024 malgré un contexte difficile et complexe. Le récent rapport sur la performance et les résultats du FAD-16, élaboré par la BAD, met en évidence les progrès réalisés dans le cadre de ses deux piliers stratégiques : infrastructures durables, résilientes face au changement climatique et gouvernance, renforcement des capacités et développement durable.
La Presse — Le rapport évoque les résultats obtenus en matière de développement par les projets du FAD achevés en 2024. Il fait aussi le point sur les projets approuvés dans le cadre du 16e cycle de reconstitution (FAD-16) en mettant en perspective les résultats escomptés.
Les résultats sont présentés dans le contexte élargi du développement des 37 pays FAD et sur le continent en général. Il présente également les avancées enregistrées par la Banque africaine de développement dans la mise en œuvre de ses engagements institutionnels.
Ce rapport a été élaboré dans un contexte de mutations et de progrès au sein de la Banque, marquant la fin de la première année de mise en œuvre de la Stratégie décennale 2024–2033 et de son Cadre de gestion des résultats 2024–2033, et s’inscrivant dans le cadre des consultations sur la 17e reconstitution des ressources du FAD. L’orientation stratégique du FAD-17 demeure alignée sur les objectifs de développement durable (ODD) et sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Résultats solides
Malgré l’évolution observée au sein du continent, sa croissance économique et son développement restent fragiles au regard de la multitude de chocs auxquels l’Afrique est confrontée. Le produit intérieur brut (PIB) des pays FAD a progressé de 4,7 % en moyenne en 2024, contre 3,3 % en 2023, et la croissance devrait atteindre 5,5 % en 2025 comme en 2026.
Mais au regard du contexte mondial incertain marqué par une fragmentation géopolitique, qui s’intensifie, par des conflits régionaux persistants, par un ralentissement du commerce international et par une montée du protectionnisme, « les pays à faible revenu relevant du FAD devraient continuer à faire preuve de résilience ».
Les opérations soutenues par le FAD et achevées en 2024 ont généré des résultats solides en matière de développement. La Banque a joué un rôle déterminant dans la promotion du développement dans les pays bénéficiaires du FAD, en facilitant l’accès à l’électricité pour plus de 500.000 personnes, en soutenant 24.403 entreprises agroalimentaires, en construisant et réhabilitant 614 kilomètres de routes, en permettant à plus de 1,2 million de personnes d’avoir accès à de meilleurs services de santé, et en élargissant l’accès aux services essentiels des technologies de l’information et de la communication pour plus de 1,3 million de personnes.
De plus, les opérations du FAD ont contribué à améliorer le recouvrement des recettes dans plusieurs pays, à renforcer les capacités de gestion de la dette. Des avancées dans des domaines transversaux ont été enregistrées où la BAD a facilité l’accès au financement climatique grâce au guichet d’action climatique (GAC), en appuyant la mise en place d’infrastructures, et en renforçant l’autonomisation des femmes et des jeunes par la création d’emplois.
Jusqu’en juin 2025, 100% des engagements stratégiques du FAD-16 ont été tenus ou sont en passe d’être réalisés avant la fin de l’année 2025. Les engagements stratégiques du FAD-16 ont été respectés ou dépassés dans des secteurs majeurs tels que l’accès à l’énergie, la productivité agricole et la sécurité alimentaire, l’eau et l’assainissement, l’intégration régionale et la gouvernance économique.
Résilience de l’Afrique
Selon Sidi Ould Tah, président du Groupe de la Banque africaine de développement, l’Afrique a été confrontée, en 2024, à une instabilité macroéconomique et géopolitique accrue, à une escalade des conflits et à des chocs climatiques. « Malgré ces défis, les pays du FAD ont enregistré une croissance de 4,7%, contre 3,3% en 2023, avec des projections de 5,5% en 2025 et 2026 ».
Et d’ajouter que «la productivité agricole est à la traîne, avec des rendements inférieurs aux moyennes mondiales et vulnérables aux chocs climatiques. De même, l’insécurité alimentaire s’aggrave. Le secteur manufacturier, en revanche, a fait preuve d’une résilience remarquable, avec une augmentation de la valeur ajoutée.
Les progrès en matière d’intégration régionale demeurent limités et inégaux du fait des obstacles non tarifaires et de la lenteur de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ». Le rapport indique par ailleurs que face aux vents contraires qui soufflent sur le monde, des chocs climatiques et du resserrement des conditions financières, « les pays africains ont réagi en faisant avancer les réformes, renforçant l’intégration et en tirant parti de l’ingéniosité de leurs populations.
Cette détermination à transformer les défis en opportunités reste la plus grande force de l’Afrique ».
Se tourner vers l’avenir
Le cadre stratégique du FAD-17 propose un plan d’action pour renforcer la résilience et accélérer la transformation. Il présente un programme d’envergure pour accélérer les progrès sur les déficits clés, tels que l’accès à l’énergie, la productivité agricole et la création d’emplois.
L’ambition du FAD est d’accroître les investissements porteurs de transformation dans ces domaines, en aidant à combler les lacunes de l’Afrique en matière d’infrastructures et de compétences, tout en stimulant l’innovation dans l’adaptation au climat, les solutions numériques et la mobilisation financière.
« Il est impératif d’assurer une reconstitution significative des ressources du FAD-17 si l’on veut que le Fonds offre les financements concessionnels nécessaires pour aider les pays à débloquer des capitaux privés, à renforcer la mobilisation des ressources nationales et à atteindre les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine ».
Au cours de l’année à venir, « le financement sera le défi le plus pressant de l’Afrique. Un endettement élevé et un accès limité aux marchés financiers internationaux exacerberont une transition potentiellement douloureuse vers l’abandon de l’aide internationale, compromettant ainsi les progrès accomplis ».