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Regards sur les peines à l’encontre des assassins de Chokri Belaïd : La justice est en marche…

  • 17 octobre 17:30
  • 5 min de lecture
Regards sur les peines à l’encontre des assassins de Chokri Belaïd : La justice est en marche…

L’affaire Chokri Belaïd, pendante par-devant la justice depuis février 2013, a enfin connu son épilogue. Et les peines dont ont écopé les assassins prouvent que la justice post-25-Juillet est en marche et que tous les criminels, dont les spéculateurs et les dealers, y passeront.

La Presse — Finalement, la justice a dit son mot et les assassins du martyr Chokri Belaïd ont été condamnés aux peines de prison qu’ils méritent en attendant qu’ils forment un pourvoi en cassation.

L’événement peut paraître des plus ordinaires dans les pays démocratiques où la justice fonctionne conformément aux normes qui lui sont fixées par la loi en vigueur. Sauf qu’en Tunisie et à la faveur de ce que les Tunisiens ont enduré durant la «décennie noire» sont nés et enracinés, malheureusement, au fil des années, un sentiment, et une conviction.

D’abord, un sentiment d’impunité instauré par ceux qui ont gouverné durant la «décennie noire» et que partagent aussi ceux et celles qui appartenaient à leur caste. Ensuite, une conviction selon laquelle la justice domestiquée à souhait, durant la même période, n’aura ni les moyens ni les hommes ou les femmes qui pourraient prouver quoi que ce soit à l’encontre de ceux soupçonnés d’un crime ou même d’un délit méritant une amende de quelques dinars.

Enfin et il est légitime, voire courageux et honnête, de la reconnaître, le retard pris par les tribunaux pour le jugement des présumés coupables du meurtre du secrétaire général des Patriotes démocrates a fini par laisser planer un doute légitime sur l’issue du processus, y compris par la famille du martyr. Même si certains parmi les membres de la famille continuent toujours à occuper la scène médiatique et n’hésitent pas à exploiter l’affaire même pour critiquer les prix chancelants, à souhait, du poulet ou des œufs.

Mardi 14 octobre, les doutes ont été dissipés et les chroniqueurs ou analystes, non pas de la 25e heure mais bien du siècle qui ne reviendra pas se doivent, de déchanter et de comprendre que le machine judiciaire s’est ébranlée et qu’elle ne va plus s’arrêter. Pour la simple raison que, depuis le 25 juillet, elle a été huilée et par les hommes et les femmes qui ont peur uniquement de leur conscience et par les instruments qui leur permettent de rendre les jugements qui resteront dans l’histoire comme une étape marquante et une date glorieuse.

Témoignant de la maturité atteinte par les juges tunisiens qui ont réussi à approcher l’affaire sous toutes ses facettes. En attendant également que les commanditaires et les financeurs du crime payent, eux aussi, de leurs méfaits, même si les coupables continuent encore à soutenir qu’ils n’ont agi sous les ordres de quiconque.

Aujourd’hui, au-delà des peines prononcées à l’encontre des coupables, la leçon à tirer est bien celle de reconnaître que la justice — comme l’a toujours promis le Chef de l’Etat — est en marche. En effet, nos juges, imprégnés de la mentalité militante prônée depuis que les tribunaux ont été libérés des geôliers, ont décidé d’exercer leurs fonctions en toute conscience, responsabilité et liberté.

Loin de la crainte de voir leurs carrières retardées ou même brisées parce qu’ils ont prononcé un  jugement qui envoie en prison un dealer, un trafiquant ou même un proxénète ou un syndicaliste qui, à une époque très récente, n’hésitait pas à vider les écoles du pays pour un oui ou pour un non et  à mettre en péril les sacrifices consentis par des centaines de milliers de familles tunisiennes pour que leurs enfants sortent de l’ignorance et aient accès à leur droit à l’enseignement et à l’éducation, à l’instar des enfants des pays frères et amis.

Et quand les médias écrits ou audiovisuels se contentent de la dépêche diffusée par l’agence Tunis-Afrique Presse, sans se donner la peine de rappeler au moins la date du meurtre et l’identité de la victime, comme le font les agences de  presse étrangères, l’on  se demande pourquoi cette nonchalance ?

Est-ce par manque de  professionnalisme ou tout simplement parce que le journaliste chargé de couvrir le procès n’avait pas le temps d’ajouter cinq ou six lignes à l’intention des jeunes qui ont aujourd’hui vingt ans mais qui avaient huit ans le 6 février 2013 quand Chokri Belaïd a été froidement et lâchement assassiné devant son domicile.

Auteur

La Presse