Clin d’œil : Vie privée exposée en public !
La Presse — Être connecté et joignable ne constitue plus, de nos jours, ni un luxe ni un choix, tellement les smartphones ont envahi la vie des gens, affectant les moindres détails de leur vie privée, empêchant tout effort de concentration et offrant de nouvelles sources pour rassasier une sorte d’envie de certains curieux.
Être connecté et joignable offre aux parents la possibilité de contrôler à tout moment le déplacement de leurs enfants, à même de dissiper leurs éventuelles inquiétudes en cas de retard par exemple, permet aux patrons de joindre leurs collaborateurs pour donner de nouvelles directives ou de nouveaux objectifs, introduit beaucoup d’agilité dans certaines activités, comme par exemple — malheureusement — la collusion entre commerçants sur un prix de vente au public d’un produit et fausser toutes les règles de la concurrence…
Or, à moins d’utiliser une application de messagerie, genre Whatsapp ou Messenger, prendre une communication téléphonique dans un lieu public entraînerait la divulgation de beaucoup de détails sur sa vie privée, son travail, sur une affaire en cours, l’état de santé de quelqu’un, etc.
Certaines personnes, se souciant de leur vie privée, répondraient immédiatement par «Je ne suis pas seul, je vous rappellerai». Une option pas toujours possible, surtout quand il s’agit d’une urgence ou d’une obligation de subordination d’un enfant à ses parents, d’un ouvrier à l’égard de son patron.
Là, répondre au téléphone devient une sorte de droit acquis. «Je t’ai appelé et tu n’as pas décroché ! Pourquoi ?», demanderaient certains, parfois même entre amis, alors que rien n’oblige de décrocher dans certains rapports sociaux. Et puis, pourquoi doit-on être toujours joignable et à la disposition d’autrui ?
Montez dans un train, un bus ou un métro et vous aurez droit à moult histoires de la société, du futile jusqu’au très intéressant, passant par le compliqué, le tendu et le mensonger…
La vie des gens est exposée en public tous les jours, matin et soir, peut-on alors constater.
Même en utilisant des services de messagerie, l’on n’est pas à l’abri, parfois, de regards curieux de certains qui ne s’empêchent pas de suivre ce que vous écrivez, ce que vous regardez comme vidéo ou encore votre fil d’actualité sur Facebook…
Certains insoucieux diraient : «Et alors, où est le mal ?», d’autres, adeptes du principe «Pour vivre heureux, vivons cachés» de l’écrivain français Jean-Pierre Claris de Florian, seraient plus vigilants de divulguer le moindre détail sur leur vie privée, que ce soit en répondant au téléphone, en surfant sur internet ou même dans leurs relations quotidiennes.
Ces mêmes personnes réussissent peut-être mieux, loin des regards…