Débat en commissions de l’exécution du budget 2025 jusqu’au mois de septembre : La ministre des Finances exclut un budget complémentaire pour 2025
«Il n’y aura pas de budget complémentaire pour l’exercice 2025», a déclaré la ministre des Finances, Michket Slama Khaldi, à l’occasion d’une audition devant la Commission mixte du budget et des finances, regroupant des députés de l’Assemblée des représentants du peuple et des élus du Conseil national des régions et des districts.
La Presse — La réunion a eu lieu dans le cadre des discussions en commissions du projet de budget et de loi de finances pour 2026.
Selon la ministre, l’exécution du budget 2025 jusqu’au mois de septembre a été marquée par l’amélioration des principaux indicateurs, dont celui de l’inflation (5%), le taux de chômage (15,3%), la réduction par la Banque centrale du taux du marché monétaire (7,5%), l’amélioration des transferts des Tunisiens résidant à l’étranger (7,7%) et l’appréciation du taux de change de 2,8% par rapport au dollar et de 0,5% par rapport à l’euro.
L’amélioration des principaux indicateurs, conjuguée à la baisse des cours des matières premières sur le marché international, entre autres, le blé et le pétrole, a permis de réaliser un taux de croissance de 3,2% au deuxième trimestre de l’année en cours.
Mme Khaldi a également souligné l’effort consenti pour honorer les dettes extérieures de la Tunisie, avant terme, ce qui constitue un signal positif et un élément de confiance vis-à-vis des investisseurs, rappelant l’amélioration de la note souveraine de la Tunisie et la possibilité, désormais, de sortir sur les marchés internationaux.
Dans cet ordre d’idées, elle a mis en exergue l’importance de la politique du «compter-sur-soi» pour réaliser cette performance. Cette politique devrait se poursuivre en 2026 et lors du plan de développement quinquennal 2026-2030. Ce plan devrait consacrer davantage le rôle social de l’Etat, que ce soit dans le soutien des catégories à faible revenu ou dans la poursuite de la création de postes d’emploi. Elle a rappelé à ce titre la régularisation des situations de 10 mille enseignants suppléants et de 12 mille ouvriers de chantiers, appelant à une meilleure contribution du secteur privé ainsi qu’à un partenariat avec les deux Chambres du Parlement.
«La fonction législative et la fonction exécutive sont complémentaires», a-t-elle laissé entendre, se référant à la Constitution de 2022.
Sur ce point, plusieurs députés et élus des régions et des districts, ayant pris la parole, ont relevé un certain nombre d’insuffisances concernant la communication avec le ministère.
«On veut bien qu’il y ait un partenariat entre le Législatif et l’Exécutif. Mais notre rôle est-il tout juste d’adopter les lois que vous proposez ?», s’est interrogé un député membre de la Commission des finances de l’ARP.
Un autre député a relevé que ni le projet de Budget 2026, ni celui du modèle de développement pour la période 2026-2030 n’ont été communiqués à l’avance aux institutions législatives selon les règles en vigueur, demandant des explications…
Par ailleurs, le débat a permis de soulever plusieurs problématiques, dont le paradoxe entre les indicateurs économiques et la réalité du vécu quotidien des Tunisiens. Certains députés ont affirmé que le citoyen ne voit toujours pas d’amélioration dans son pouvoir d’achat, d’autres ont évoqué l’absence d’efficacité des fonds sociaux, à l’instar des ouvrières agricoles, des pertes d’emploi ou encore des victimes des accidents de la route. Les députés ont demandé des données concrètes à ces sujets.
Ils se sont également demandé sur l’opportunité de consacrer une partie de l’argent du contribuable pour soutenir des entreprises publiques en faillite.
Dans le même ordre d’idée, un député a affirmé que plusieurs petites et moyennes entreprises connaissent des difficultés à cause de retards de règlement par l’Etat, d’autres ont carrément fait faillite…
«Il faut payer les gens pour que le secteur privé puisse contribuer à l’effort de l’emploi et du développement», a-t-il martelé.
Nombreuses autres questions ont été soulevées, allant de l’équité et la pression fiscales, aux projets de développement encore en instance, tout en passant par les dépenses de subvention et la réforme de nombreux secteurs névralgiques comme l’éducation.
Dans sa reponse aux préoccupations des députés, la ministre a tenu à souligner la responsabilité partagée entre les institutions de l’Etat, en l’occurrence le gouvernement et les deux Chambres du Parlement, afin d’atteindre les objectifs traces par le Chef de l’Etat, qu’il s’agisse d’emploi, de prospérité ou de lutte contre la corruption.
Elle a admis que les élus avaient raison sur de nombreux points, rappelant les différentes interventions de l’Exécutif pour résoudre les problèmes dans divers domaines, dont le transport, l’agriculture, la lutte contre l’économie parallèle et rappelant qu’un grand travail reste à accomplir au cours de l’année prochaine et les années d’après.
Elle a de nouveau sollicité le travail en partenariat avec les deux chambres, mais aussi avec le secteur privé qui doit assumer sa part dans le développement et la création d’emplois.
Au sujet de ce partenariat, elle annoncé que de nombreuses occasions se présenteront désormais pour des reunions plus fréquentes avec les députés, dont celle de jeudi 30 octobre, pour discuter le projet de budget 2026.