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Grève des banques en Tunisie : ce qui marchera…, et ce qui ne marchera pas

  • 1 novembre 15:30
  • 4 min de lecture
Grève des banques en Tunisie : ce qui marchera…, et ce qui ne marchera pas

Le secteur bancaire et celui des assurances se préparent à une grève de deux jours, prévue les 3 et 4 novembre 2025, à l’appel de la Fédération générale des banques, des établissements financiers et des compagnies d’assurance relevant de l’UGTT. Malgré les appels au dialogue, le mouvement social est maintenu, sur fond de revendications salariales et de blocage des négociations.
Le secrétaire général de la fédération, Ahmed Jaziri, a confirmé que la grève sera observée “jusqu’à la reprise du dialogue et la satisfaction des demandes professionnelles”. Il a rappelé que les négociations avec les représentants patronaux (le Conseil bancaire et financier et la Fédération tunisienne des sociétés d’assurance) sont suspendues depuis août 2025, malgré un accord initial prévoyant une hausse des salaires sur trois ans (2025-2027) et la création d’une commission consultative.
“Cet accord n’a pas été activé et aucune convocation n’a été adressée à la partie syndicale depuis”, a-t-il déploré.
Face à cet appel à la grève, le Conseil bancaire et financier a dénoncé une action “injustifiée et inacceptable”, soulignant que l’engagement en matière d’augmentation salariale est déjà intégré dans le projet de loi de finances 2026 actuellement soumis à l’Assemblée des représentants du peuple. Le Conseil a averti que le débrayage pourrait causer un préjudice considérable aux intérêts des citoyens, des entreprises et des institutions financières.
Pour le secteur des assurances, les revendications portent sur l’augmentation salariale pour 2025, tandis que pour les banques, la fédération réclame la mise en œuvre de l’article 412 de la loi n°41-2024, relatif à la réduction du taux d’intérêt sur les crédits au profit des employés des établissements bancaires.
En prévision de ce mouvement, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a publié une circulaire (n°175) adressée à toutes les institutions financières, afin d’assurer la continuité des services bancaires essentiels durant les deux jours de grève.
Le gouverneur, Fathi Zouhair Nouri, a insisté sur la nécessité de garantir le bon déroulement des transactions financières et la protection des intérêts des clients et des entreprises.
La BCT a ainsi ordonné aux banques de maintenir les services de base, notamment : la continuité des retraits aux distributeurs automatiques et des paiements électroniques, le transfert d’argent et l’approvisionnement en liquidités des agences, la sécurisation du transport de fonds ainsi que le traitement rapide des opérations de compensation et des transactions urgentes.
Pour sa part, le juriste et expert bancaire Mohamed Nakhili a précisé sur les ondes d’Express FM que ce service minimum permettra d’assurer la stabilité du système financier et d’éviter les perturbations majeures pour les usagers. Il a ajouté que deux établissements bancaires ne seront pas concernés par la grève, faute de structures syndicales affiliées à l’UGTT.
Pour sa part, l’Union générale tunisienne du travail reste ferme : le mot d’ordre de grève sera appliqué dans toutes les institutions concernées, et aucun employé ne rejoindra son poste pendant les deux journées du mouvement.
Ce bras de fer entre la fédération syndicale et les organisations patronales intervient dans un contexte économique fragile, marqué par la hausse du coût du crédit, une inflation persistante et des tensions sociales récurrentes. Les prochains jours diront si la médiation de la BCT ou du ministère des Affaires sociales permettra d’éviter un blocage prolongé du secteur financier tunisien.

Auteur

La Presse