Le numérique, un outil de justice sociale
Par Salem TRABELSI
Il est des décisions qui, au-delà de leur dimension technique, traduisent une vision. La création du premier hôpital numérique en Tunisie s’inscrit précisément dans cette lignée de réformes à la fois audacieuses et structurantes.
Ainsi, la Tunisie s’apprête à franchir un seuil inédit dans le domaine de la santé publique : celui de la médecine connectée, au service de tous, jusque dans les coins les plus reculés de la République.
Ce projet, le premier du genre, ne se limite pas à la digitalisation des soins. Il porte une promesse : celle de rapprocher l’hôpital du citoyen, d’abolir les distances et l’injustice géographiques qui contraignent tant de malades à parcourir des centaines de kilomètres pour une consultation ou un diagnostic.
Désormais, les examens médicaux pourront être transmis à cet hôpital virtuel, où des spécialistes établiront, à distance, un diagnostic précis et des prescriptions adaptées.
C’est là un changement de paradigme, une révolution silencieuse dans un secteur longtemps prisonnier de lourdeurs administratives et d’inégalités territoriales.
Mais le numérique n’est pas ici une fin en soi. Il est un outil de justice sociale, une expression moderne du droit fondamental à la santé.
Dans la même logique, le Chef de l’État, lors de sa rencontre avec le ministre de la Santé, a ordonné l’accélération de la construction et de la mise en service d’hôpitaux dans plusieurs localités — Kairouan, Sbeïtla, Makthar, El Jem… Autant de pôles de vie appelés à rééquilibrer la carte sanitaire du pays. L’idée est claire : la santé n’est pas un privilège urbain, mais un droit national.
Cette vision s’étend plus loin encore : refonder le système juridique du secteur médical, le débarrasser de ses carcans et de ses archaïsmes, afin de protéger les médecins comme les patients.
C’est tout un modèle qu’il s’agit de revisiter, dans un pays dont les compétences médicales rayonnent déjà bien au-delà de ses frontières.
À l’heure où nombre de nations s’interrogent sur la fracture sanitaire, la Tunisie, forte de sa jeunesse et de son génie collectif, choisit d’innover.
Elle ne copie pas : elle invente. Ce premier hôpital numérique, promesse d’équité et de modernité, n’est pas seulement un projet technologique. C’est un symbole. Celui d’un pays qui, décidément, ne connaît pas l’impossible.