gradient blue
gradient blue
Culture

Mes Humeurs : Clap de fin pour Ciné Jamil

  • 1 novembre 18:30
  • 3 min de lecture
Mes Humeurs : Clap de fin pour Ciné Jamil

Par Hamma HANACHI

La Presse — C’était dans les années 1980, de nouveaux quartiers naissaient, des bâtiments chics sortaient de terre, les Menazah se multipliaient, jusqu’à atteindre El Menzah 9 C, etc.

El Menzah 6 se distinguait par un centre commercial et plusieurs boutiques assez fréquentées. Il y manquait des espaces culturels.

Une galerie d’art y était née, un cinéma avait ouvert ses portes pour la joie des riverains et des amateurs : Ciné Jamil.

Le hall de la galerie commerciale à étages donnait sur une galerie chic, les affiches de films se mêlaient aux visages des jeunes spectateurs.

Une salle à taille humaine attirait des spectateurs de toutes générations. 

Ce cinéma de quartier «animé» accueillait une communauté fidèle d’étudiants (la faculté des Lettres est à un jet de pierre), d’enseignants et de cinéphiles. 

Ces derniers jours, Ciné Jamil vient de fermer définitivement ses portes ; avec beaucoup de regrets et d’amertume, ce petit coin de culture, de convivialité s’éteint.  

Pour les habitués, c’est plus qu’une salle obscure qui disparaît : c’est un lieu de rencontre, de passion et d’éveil.

Entre deux cours ou après les examens, on y venait se réfugier dans la pénombre, la tête pleine de rêves. 

La réalité économique, implacable, ajoutée au désintéressement des jeunes au cinéma, a eu raison du lieu.

Faute de moyens, de subventions et de public, la salle n’a pas survécu à la concurrence des chaînes de télévision thématiques, des plateformes et de quelques multiplexes nouvellement installés dans les supermarchés de la banlieue.

C’était une époque, ce fut une expérience… On peut évoquer déjà cette salle (comme tant d’autres) par l’usage de l’imparfait ou du passé simple ou encore par un brin de nostalgie.

Un très beau film (Cinéma Paradisio que je citais dans l’Humeur précédente), de Guiseppe Tornatore, évoque la nostalgie d’une salle de cinéma disparue : Ciné Jamil est à ajouter à la liste des salles fermées en Tunisie. Hélas !

Rappelons qu’un cinéma qui ferme, c’est un pan de mémoire collective qui s’éteint, un lieu de vie, une respiration pour la jeunesse qui disparaît.

On parierait que dans quelques semaines ou dans un an, le bâtiment sera transformé en café, en pizzeria ou en fast-food, disons un commerce qui ne connaît pas la crise.

Mais pour ceux qui y ont ri, débattu, aimé ou rêvé, Ciné Jamil restera, dans la mémoire des amateurs, un symbole culturel: celui d’une époque où aller au cinéma était un acte de curiosité et de liberté. 

H.H.

Auteur

La Presse