La grenade, joyau de l’héritage andalou, illumine la ville durant 5 jours — du 29 octobre au 2 novembre — avec un festival, des activités culturelles et ses fameuses «tantouras», des tentes géantes à l’entrée de la ville qui animent les marchés de la grenade.
La Presse — En venant de Tunis, à quelques encablures de Testour, au niveau de la délégation de Slouguia, des grenades à pleine vue sont exposées sur les deux versants de la route principale menant jusqu’à la ville.
La récolte a l’air prometteuse tant les vendeurs sont nombreux proposant des prix raisonnables à pareille saison. A 1,5 ou 2 D le kilo de la grenade, le client «en a pour son argent» et peut s’offrir des grenades à profusion.
Mais le plus intéressant à découvrir est sans doute le festival de la grenade qui s’y déroule 5 jours durant, très animé et sous une forte affluence. Beaucoup d’endroits font la réputation de la petite ville de 13.000 âmes.
À commencer par sa mosquée, Testour arbore fièrement ses racines andalouses. Son festival annuel porte d’ailleurs le nom d’une des cités majeures de la province espagnole.
C’est également celui d’un fruit particulièrement apprécié dans cette région de Tunisie, la grenade. La ville pittoresque de Testour, rattachée au gouvernorat de Béja, vibre au rythme de la 9e édition du Festival de la grenade, qui se déroule du 29 octobre au 2 novembre 2025.
Dès les premières heures, une ambiance électrique et chaleureuse s’est emparée des lieux, attirant une foule dense et enthousiaste venue de toutes les régions.
L’événement, qui met à l’honneur le fruit emblématique de la région et son riche héritage andalou, confirme son statut de rendez-vous incontournable du terroir tunisien.
Une affluence record
La principale attraction reste bien sûr la grenade de Testour, dont la production est en quête du prestigieux label d’Appellation d’origine contrôlée (AOC).
Les étals du grand marché du terroir ne désemplissent pas, proposant les fruits fraîchement cueillis à des prix accessibles, car vendus directement du producteur au consommateur.
Au-delà de la grenade brute, c’est l’offre pléthorique de produits dérivés qui fascine et attire les clients. Les visiteurs se pressent pour découvrir et acheter tout ce qui est proposé à base de grenades.
Jus et sirops de grenade aux saveurs intenses; confitures, pâtes de fruits et produits transformés; cosmétiques naturels et produits de bien-être à base d’extraits de grenade.
Quand on s’y promène, on y rencontre beaucoup de monde, mais aussi beaucoup de découvertes nous attendent. Tout ce qui est à base de grenades domine largement les étalages.
Des confitures, de la glace artisanale, des arômes, tout y est ou presque. Mais il n’y a pas que les dérivés de grenade, il y a beaucoup d’autres qui ont suscité la curiosité des visiteurs.
Il y a même un espace 100% grenades avec une variété de produits à base de ce fruit rouge, à des prix défiant toute concurrence, entre 1 et 2 D le kilo.
Cette effervescence commerciale témoigne de l’attrait grandissant pour les produits locaux et valorise l’ensemble de l’écosystème agricole de la région.
Un festival qui célèbre le terroir dans son ensemble. Si la grenade est la star, le festival est également une vitrine pour tout le patrimoine culinaire et artisanal de Testour et du Nord-Ouest tunisien.
L’expo-vente regorge de trésors
Fromages et produits laitiers locaux, réputés pour leur qualité et leurs saveurs authentiques, créations artisanales et confections inspirées de l’art andalou, plats du terroir et ateliers de cuisine, notamment ceux mettant à l’honneur les traditions culinaires andalouses, permettent aux visiteurs de faire le plein de saveurs.
Le programme de l’édition est riche et varié, mêlant les expositions et les ventes à des conférences scientifiques sur les pratiques agricoles andalouses et le patrimoine hydrique, ainsi que des spectacles artistiques traditionnels et contemporains.
Ce mélange de culture, de science et de gastronomie fait du Festival de la grenade un véritable pont entre passé et présent, soulignant les efforts pour inscrire la ville de Testour, avec son riche patrimoine arabo-andalou, au patrimoine mondial de l’Unesco.
Ce dynamisme contribue non seulement à soutenir les producteurs locaux mais aussi à affirmer le potentiel touristique et culturel de Testour sur l’échiquier national.
Parmi les visiteurs, M. Nouri, septuagénaire, a donné ses impressions sur l’ambiance qui a animé Testour au 2e jour du festival : «Il y a de nombreux stands, beaucoup de choix en matière de grenades, qui reste la reine des tables, même s’il y a par ailleurs d’autres produits très intéressants à découvrir.
Ils sont très variés et très colorés. Il y a de la pâtisserie, de la confiserie, des mlawis, un mets qu’on appelle fetfet qui est un mlawi effrité et aussi des braj, sorte de pain de semoule avec des dattes. Les grenades sont de deux sortes : roses ou rouges.
J’aime particulièrement son jus, à condition qu’il soit bien préparé et non mélangé avec des grenades abîmées…». De son côté, Mme Karima ex-enseignante d’anglais et habituée du festival, raconte son intérêt à revenir : «Je suis venue il y a 4 ans déjà au festival de Testour.
Cette fois, j’ai voulu en faire profiter mes petits-enfants pour meubler intelligemment leurs vacances, tout en s’amusant. La routes est agréable en venant de Tunis, assez verte des deux côtés. Il y a le ftet, le semen en plus de la grenade, qui peut se composer en confiture, en glace également.
Il y a des plantes et des herbes de la région comme le thym, le romarin et le moringa, et j’en passe… Le timing du festival est très juste puisqu’il a coïncidé avec les vacances scolaires, ce qui qui a drainé beaucoup de monde.
Le mlawi est particulièrement savoureux dans cette région. Enfin, les fromages sont réputés, mais je n’ai pu en obtenir, les stocks d’une adresse incontournable ont été rapidement écoulés».
Le Festival de la grenade à Testour, un hommage vibrant à la richesse agricole et culturelle, offre un aperçu visuel de l’esprit festif et de la richesse agricole de l’événement.
Programme du Festival de la grenade de Testour
Au premier jour, le mercredi 29 octobre 2025, la cérémonie d’ouverture à l’Hôtel Ibn Zaydoun, la levée du drapeau a eu lieu en partenariat avec toute la région de Testour, suivie d’une conférence sur le tourisme à Testour, de l’Association des fruits et légumes.
Un ensemble de malouf et de chants traditionnels de la ville, dirigé par Badr Eddine Jebeiss, a précédé la soirée d’ouverture composée d’un spectacle des cheikhs et de l’ensemble Aissawa Malouf, Mohamed Jebali et Anis Khmaissi.
Le lendemain, Dorra El Forti, Hani Riahi et une dabka syrienne ont animé les festivités. Une soirée avec l’artiste Abdel Rahman Cheikhawi.
La musique traditionnelle brises andalouses de Ayman Arfaoui a été présentée au public. Une soirée avec l’ensemble Awada Mustafa Dalaaji et Soumaya Hathroubi a enrichi le programme, avec l’ensemble féminin «Sultana voice».
Une soirée avec les artistes Hisham Salam et Adel Younes. Le spectacle des Cinq, dirigé par Khamis Shwaya, Jeudi spectacle pour enfants intitulé «Le bal des animaux».
Le 30 octobre, une conférence scientifique de la chercheuse Ramla Al-Hasayri intitulée «Pratiques agricoles anciennes en Andalousie» a précédé un spectacle pour enfants intitulé «Arc-en-ciel».
Le samedi a été consacré à une conférence scientifique du Dr Ali Tayeb sur le patrimoine de l’eau en Andalousie et à la cuisine Farjawi (plats andalous et dégustation) avec les grands chefs de Tunisie.
Pour la musique, un spectacle de rap par Raki Ayari et Ali Jebali a été proposé aux jeunes. Les majorettes de Ksar Hellal et les spectacles pour enfants intitulés «le pirate» et «la troupe des Faucons du Kef» ont cloturé la dernière matinée du festival.
Le spectacle Zita de Nabil Al Karmi et Fathi Ouerghi et Khomsa de Khemaies Chouia ont cloturé le festival.