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Infrastructures stratégiques : Medusa relie Bizerte au monde et ouvre une nouvelle ère digitale

  • 4 novembre 17:20
  • 6 min de lecture
Infrastructures stratégiques : Medusa relie Bizerte au monde et ouvre une nouvelle ère digitale

Samedi 1er novembre 2025, Bizerte a vu débarquer le câble sous-marin Medusa, une infrastructure de 8 700 kilomètres qui reliera durablement la Tunisie aux grands pôles numériques du Bassin méditerranéen. Portée par AFR-IX Telecom et soutenue par l’Union européenne, cette infrastructure connecte le pays à l’Espagne, la France, l’Italie, la Grèce, Chypre, le Maroc, l’Égypte, l’Algérie et la Libye, marquant un jalon majeur sur la voie d’une Tunisie pleinement intégrée aux flux stratégiques mondiaux.

La Presse — Présent lors de l’événement, Lassaad Ben Dhiab, président-directeur général de Tunisie Telecom, a salué une étape décisive dans la modernisation du pays.

Il a souligné que Medusa, cette dorsale internationale de dernière génération, permettra de multiplier par huit la capacité internationale de la Tunisie, renforçant ainsi la fiabilité et la sécurité des échanges de données.

Selon lui, cette liaison stratégique ne constitue pas seulement un câble, mais une fondation technologique majeure qui consolide la souveraineté numérique nationale.

Une infrastructure au service de l’innovation et de l’économie

Au-delà de l’ingénierie, ce maillon transméditerranéen constitue un levier essentiel pour accompagner la montée en puissance du cloud, de l’intelligence artificielle, des data centers et des services publics numériques.

Il doit permettre à la Tunisie de se positionner comme un hub digital régional capable d’accueillir des entreprises innovantes, d’attirer des investissements technologiques et de soutenir l’essor de secteurs stratégiques comme la cybersécurité, les fintechs ou encore l’économie des plateformes.

L’accroissement de la capacité internationale, combiné à des routes de connectivité redondantes – c’est-à-dire des voies de secours assurant la continuité du service en cas d’incident – renforcera la résilience et la sécurité du réseau national.

La réduction de la latence, délai nécessaire à la transmission des données, offrira des échanges plus rapides et plus fluides avec les plateformes numériques internationales.

Enfin, l’amélioration globale de la qualité de service constituera un atout décisif pour les entreprises tunisiennes, qui pourront s’appuyer sur une connectivité fiable et performante, condition indispensable dans une économie mondiale, désormais profondément numérisée.

Des bénéfices concrets pour les citoyens et l’État

Cette avancée profitera directement aux Tunisiens, qui devraient constater une meilleure qualité d’accès à Internet et une montée en gamme des services numériques.

Elle soutiendra également le développement des services publics en ligne, l’émergence de villes intelligentes et la continuité des services essentiels.

Les institutions publiques pourront, quant à elles, sécuriser davantage leurs systèmes d’information, gérer des volumes croissants de données et avancer dans leurs programmes de modernisation administrative.

Ce nouveau corridor numérique s’inscrit ainsi dans une stratégie plus large visant à doter la Tunisie des fondations indispensables à une économie digitalisée et souveraine.

Une ambition méditerranéenne partagée

De son côté, Norman Albi, Directeur général de la plateforme Medusa, a salué une étape structurante dans la construction d’une Méditerranée numérique plus compétitive.

La coopération entre le consortium du câble et Tunisie Telecom illustre la volonté de renforcer l’intégration régionale et de bâtir une plateforme propice à l’innovation.

Avec cette nouvelle infrastructure, Tunisie Telecom confirme ainsi son rôle de pilier de la souveraineté numérique nationale.

Déjà propriétaire des câbles Hannibal et SEA-ME-WE-4, l’opérateur national renforce sa position de passerelle stratégique entre l’Europe et l’Afrique.

Cette avancée intervient dans un contexte régional où la compétition s’intensifie : alors que le Maroc investit massivement dans le cloud et que l’Égypte capitalise sur son rôle de corridor entre continents, la Tunisie trace sa trajectoire.

Forte de sa situation géographique unique, de ses ingénieurs reconnus et d’un écosystème technologique en montée, elle se positionne pour devenir un nœud numérique fiable et compétitif sur la rive sud de la Méditerranée.

L’enjeu des talents et des infrastructures

Pour que cette dorsale internationale devienne un véritable moteur de transformation, elle doit s’accompagner d’investissements complémentaires : modernisation des data centers, développement d’un cloud souverain, renforcement des capacités en cybersécurité et valorisation des compétences locales.

La Tunisie dispose déjà d’ingénieurs talentueux, d’une diaspora technologique active et d’un écosystème entrepreneurial dynamique : il s’agit à présent de créer un environnement qui leur permette d’innover, entreprendre et rester compétitifs.

Infrastructure, condition de toute ambition régionale

L’atterrissement de ce câble stratégique dépasse nettement la dimension technique, mais incarne une vision.

Celle d’une Tunisie qui refuse la marginalisation, qui refuse de rester spectatrice dans un monde où la puissance se construit désormais sur la maîtrise des infrastructures numériques, la souveraineté sur ses données et la capacité à innover.

Dans une Méditerranée où nations et métropoles rivalisent pour attirer talents, capitaux et centres de décision technologique, la Tunisie ne se contente plus d’observer, elle avance, avec lucidité, constance et ambition.

Un pays ne peut pas prétendre être un acteur stratégique s’il ne dispose pas d’infrastructures essentielles et robustes.

La connectivité internationale n’est pas un luxe, ni un symbole, c’est un socle. Elle conditionne notre souveraineté numérique, soutient l’émergence de champions technologiques locaux, et garantit que notre avenir digital ne dépendra pas du bon vouloir d’autrui.

Avec cette artère sous-marine, la Tunisie se dote d’une ligne vitale, une porte ouverte sur les grandes routes du savoir, des échanges et de la puissance digitale.

Ce câble n’est pas une ligne de fibre posée au fond de la mer. Il est un signal, le signe qu’un pays peut encore choisir son destin plutôt que le subir.

Une étape décisive, certes, mais un début plus qu’une fin. D’autres investissements devront suivre, d’autres réformes, d’autres ambitions assumées.

Medusa, cette infrastructure transméditerranéenne, ouvre la voie à un pays mieux connecté, plus souverain, plus confiant dans son avenir.

Une Tunisie qui, loin de se résigner, choisit d’être actrice de son histoire numérique et de s’inscrire pleinement dans le concert des nations qui pensent, innovent et construisent le monde de demain.

Auteur

Hella Lahbib