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Commerce : Pour une performance énergétique responsable

  • 7 novembre 17:40
  • 5 min de lecture
Commerce : Pour une performance énergétique responsable

Alors que plusieurs de nos secteurs productifs commencent à retrouver une certaine embellie, améliorant ainsi leur comportement sur les marchés internationaux, celui de l’énergie semble encore incapable de trouver la parade nécessaire pour honorer son statut de secteur stratégique. Pourtant, la Tunisie n’a cessé d’enchaîner les avancées encourageantes en termes de transition énergétique. En 2025, elle a été classée 2e pays africain, alors qu’elle est le premier pays arabe en matière d’efficacité énergétique.

La Presse — Il est clair, donc, que notre dépendance aux énergies fossiles et la timidité des programmes de développement des énergies renouvelables ont été pénalisantes, notamment au niveau de notre politique commerciale.

Une question qui nécessite, comme le recommande, à chaque fois, le Chef de l’Etat des solutions radicales. On se rappelle, d’ailleurs, les multiples et importantes dispositions par le Président de la République pour inscrire notre secteur énergétique dans une logique de performance globale et durable.

Les dernières statistiques confirment que la  dépendance aux importations énergétiques, malgré une légère amélioration tout au long des neuf premiers mois de l’année en cours,  continue à sanctionner lourdement l’ensemble de notre politique commerciale.

Le creusement significatif du déficit commercial en est ainsi une conséquence tout à fait logique. A fin septembre 2025, le déficit s’est situé, selon les mêmes sources, aux alentours de 16,72 milliards de dinars. Un peu trop pour un pays en plein chantier de relance économique.

Les analystes estiment à ce stade que plusieurs paramètres ont influencé ce creusement. On parle ainsi d’une baisse sensible de la production énergétique qui justifie, elle-même, une chute importante des exportations de plus de 37% durant ces neuf premiers mois de 2025, d’une efficacité énergétique toujours timide par rapport à la moyenne aussi bien régionale qu’internationale, de la lenteur de la transition écologique et, bien entendu, d’un niveau de consommation trop élevé dans certains secteurs stratégiques. On pense, surtout, aux activités industrielles, métallurgiques en particulier, au transport et au bâtiment.

Aujourd’hui, tous ces facteurs ne sont plus permis, surtout qu’ils exercent des pressions très lourdes sur les finances publiques, ce qui pourrait compromettre le plan de redressement économique mis en marche. Il faut donc identifier de nouvelles pistes capables d’inverser la tendance.

La priorité devrait être accordée, ainsi, à la revalorisation de nos exportations qui n’arrivent pas à s’assurer un positionnement stratégique sur le marché international car toujours classiques et peu innovantes, notamment par rapport à nos concurrents directs. Cela suppose toutefois la réactivation des secteurs industriels à fort potentiel productif et à haute valeur technologique, tels que la mécanique et l’électronique, l’automobile, l’aéronautique, les activités digitales, l’agroalimentaire ou encore les activités chimiques.

Cela suppose aussi la restructuration urgente de nos industries traditionnelles et qui ont beaucoup perdu de leur dynamisme, faute de corrections appropriées. Il s’agit, entre autres, du textile-habillement qui, d’un secteur stratégique assurant, autrefois, plus de 40% du volume global des exportations des industries manufacturières, est devenu, en l’espace de quelques années seulement, une activité ordinaire ou presque.

Un meilleur niveau de digitalisation

Cette valorisation des exportations doit être accompagnée par un programme solide de maîtrise des importations, notamment non essentielles. Une disposition fondamentale car elle permettrait non seulement d’améliorer le niveau de couverture commerciale, mais d’aider également à la stabilité de nos réserves en devises, de réduire la dépendance à certains produits étrangers, de stimuler la production nationale et d’élargir ainsi notre potentiel concurrentiel.

Il est question, somme toute,  d’un exercice d’équilibrage complexe qui reposerait sur une gestion rigoureuse des flux d’importations et une bonne maîtrise de nos chaînes d’approvisionnement.          

Mais le plus important serait aussi d’identifier les moyens nécessaires à une meilleure efficacité énergétique et de garantir, même progressivement, une performance globale. Cela suppose, de toute évidence, une meilleure rationalisation de la consommation, notamment dans les secteurs énergivores, un respect total des normes environnementales et une bonne maîtrise des coûts d’exploitation.

L’amélioration de la  production d’énergie, notamment le pétrole, se place de son côté comme une priorité stratégique, surtout que le rythme connaît, depuis quelque temps, des baisses spectaculaires. En 2025, et comme on l’a déjà soulevé, la production pétrolière a accusé une chute inédite avec une moyenne quotidienne de 27.000 barils contre une moyenne de 77.000 en 2010.    

Pour s’en sortir, nos décideurs doivent investir massivement dans les énergies renouvelables, miser sur un meilleur niveau de digitalisation des solutions énergétiques et améliorer le volume technologique, notamment au niveau de la prospection et de l’exploration. Le tout dans le cadre d’une culture énergétique responsable.

Auteur

Anis SOUADI