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Démence : Traiter la maladie pour freiner son évolution

  • 7 novembre 18:30
  • 5 min de lecture
Démence : Traiter la maladie pour freiner son évolution

Le vieillissement croissant de la population augmente la prévalence de certaines maladies touchant les séniors. C’est qu’outre les maladies chroniques et métaboliques, des maladies mentales et neurologiques surviennent avec l’âge. La démence, considérée jadis comme une évolution quasi-évidente de la vieillesse, survient chez certains et épargne bien d’autres. Elle commence par des troubles de la mémoire, une légère déstabilisation, pour prendre de l’ampleur au fur et à mesure du temps. Et à défaut de traitements préventifs à même de ralentir son évolution, le malade risque de perdre son autonomie et de succomber à des épisodes d’agitation difficiles à gérer. 

La Presse — Pour mieux comprendre la démence, cerner ses symptômes et connaître les facteurs qui lui sont propices, le Dr Olfa Brigui Blouza, gériatre, nous fait part de la complexité de la maladie. En effet, selon la spécialiste, la démence constitue un ensemble de maladies concomitantes.

Elle est due à plusieurs causes. «L’âge, soit plus de soixante-cinq ans, n’en est qu’un facteur à risque parmi tant d’autres. Quelqu’un qui vieillit ne veut pas dire forcément qu’il sera atteint de démence. En revanche, la démence est plus diagnostiquée chez les séniors. Néanmoins, elle touche aussi les personnes âgées de plus de quarante ans», indique-t-elle à La Presse. 

De nos jours, les démences les plus répandues sont la maladie d’Alzheimer et les démences vasculaires. Pour les deux cas, plusieurs étiologies entrent en jeux. Il est, par conséquent, plus aisé de les prendre en considération et de les prévenir afin de réduire le risque de démence.

«L’hypertension artérielle mal équilibrée, le diabète mal équilibré, la sédentarité, le surpoids et l’obésité, la vieillesse soit de plus de soixante-cinq ans, énumère le Dr Brigui Blouza, représentent de sérieux facteurs à risque qui convergent vers la démence. Idem pour la dépression et le retrait social chez les séniors».

Pouvoir gérer la maladie

En présence des facteurs précités et suite au diagnostic des deux principaux symptômes, à savoir le trouble de la mémoire et la perte progressive de l’autonomie, le médecin de première ligne oriente le patient et sa famille vers le médecin spécialiste. 

«Mieux vaut recourir au médecin spécialiste dès les premiers symptômes et ne pas négliger l’état du patient. Les premiers signes de l’amnésie et de la perte des fonctions élémentaires au quotidien doivent avertir la famille, qui doit recourir au médecin généraliste puis au spécialiste pour entamer le traitement au plus vite.

Il faut préciser qu’il n’existe toujours pas de traitements curatifs de la démence. Les médicaments et les techniques thérapeutiques indiqués n’ont d’autres finalités requises que de ralentir au maximum l’évolution redoutable de la maladie», explique la gériatre. Et d’ajouter qu’un traitement prescrit précocement et suivi à la lettre est susceptible de ralentir, sensiblement, la progression de la démence. «Il y a des patients qui sont restés au stade léger de la démence de longues années», renchérit-elle. 

Stade avancé et prise en charge familiale

En revanche, négliger le problème et vouer le sénior à son propre sort ne fera qu’aggraver la situation. Arrivé au stade modéré ou encore sévère, la démence s’empare non seulement du malade, mais aussi de sa famille. 

Cette dernière fera face à une situation rude, tant sur le plan psychologique que physique et autres, matériel. En proie à la perte de mémoire et d’autonomie, complétement déstabilisé par un état qu’il ne maîtrise pas, le malade ne se contrôle plus, ni physiquement ni verbalement. 

Il peut même faire preuve de grande agitation, de violence et d’actes irréfléchis et irréversibles. «Dans de pareilles situations, la famille se trouve tiraillée entre ses responsabilités et une prise en charge inéluctable, à la fois difficile et compliquée, de la personne en démence.

Heureusement, poursuit-elle, que nous continuons, malgré tout, à prendre soin de nos aïeuls au sein de nos familles. Néanmoins, la mission s’avère, dans ce cas, épineuse. D’où l’impératif, pour le médecin spécialiste, de prendre en charge et le malade et sa famille. Cette dernière aurait besoin d’une oreille attentive et d’une orientation infaillible».  

AVC et démence vasculaire

Encore faut-il indiquer que, si les démences dues à la maladie d’Alzheimer sont essentiellement réservées aux séniors, les démences vasculaires, elles, touchent aussi les plus jeunes, notamment les personnes qui ont fait des accidents vasculaires cérébraux ( AVC ) à répétition. Les AVC provoquent la dégénérescence des neurones, ce qui donne lieu aux troubles cognitifs. Selon la gériatre, cela commence par des troubles cognitifs mineurs.

Des tests s’imposent afin de prescrire des traitements à même d’éviter que les troubles cognitifs ne deviennent pas majeurs. 

Le traitement de la démence, via sa portée purement préventive, s’accompagne souvent de techniques thérapeutiques comme la zoothérapie, la musicothérapie, etc. Toutefois, la principale thérapie à garantir aux personnes en proie à la démence n’est autre que la convivialité et l’inclusion familiale. 

Auteur

Dorra BEN SALEM