Propriété intellectuelle : Protéger sa marque pour conquérir le monde
Alors que les entreprises tunisiennes renforcent leur présence à l’international, la protection des marques et des innovations devient un passage incontournable. Lors d’une rencontre organisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis, les intervenants ont rappelé que la propriété intellectuelle n’est plus une simple formalité juridique, mais un véritable levier de compétitivité pour sécuriser les produits, valoriser l’innovation et éviter l’usurpation sur les marchés extérieurs.
La Presse — Protéger son produit ou son invention de toute usurpation ou contrefaçon en passant par la case enregistrement auprès des structures de référence en matière de propriété intellectuelle, tel est le mot d’ordre donné récemment par les différents intervenants lors d’une rencontre organisée par la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis (Ccit) sur le thème « la protection des DPI : Un levier pour l’Export ».
Initiative du ministère du Commerce et du Développent des exportations, la rencontre vise à informer et à sensibiliser les acteurs économiques notamment les entreprises exportatrices quant à l’importance de la propriété intellectuelle pour protéger leurs produits de toute usurpation et mieux se positionner sur les marchés extérieurs sans risquer de voir leurs marques dérobées.
Ce n’est pas une simple question juridique
Intervenant à l’ouverture de la rencontre le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis (Ccit), Moncef Ben Jemâa, a souligné que la chambre veille à accompagner l’expansion des PME dans un cadre basé sur la protection de l’innovation et de la créativité.
« La protection de l’idée est devenue aujourd’hui synonyme de protection du marché et la protection de la marque synonyme de protection de la valeur ajoutée nationale », a-t-il souligné relevant qu’aujourd’hui « la propriété intellectuelle n’est plus une simple question juridique mais un outil stratégique pour protéger les inventions et garantir la durabilité et la compétitivité des entreprises notamment sur les marchés extérieurs qui exigent des normes strictes ».
Ben Jemâa a, en outre, rappelé que le Ccit avait déjà travaillé sur le sujet à travers son adhésion dans le projet « Innovation Publique Méditerranéenne » (Ipmed) qui entre dans le cadre de coopération transfrontalière dans le bassin méditerranéen et qui vise le développement de la créativité et de la compétitivité des entreprises.
La marque commerciale est une des bases de la force économique des entreprises, dans la mesure où elle permet d’édifier l’identité commerciale de celles-ci et d’ancrer la confiance du consommateur, a souligné pour sa part Lamia El Kateb, directrice à l’Institut national de la normalisation et de la propriété industrielle (Innorpi).
« Il est important de souligner dans ce cadre que les marques commerciales n’ont aucune valeur si elles ne sont pas enregistrées auprès des services de la propriété industrielle, l’enregistrement étant l’unique mesure juridique qui donne au propriétaire de la marque le droit de propriété et qui lui procure les outils juridiques pour la défendre en cas de fraude ou d’imitation », a-t-elle ajouté.
Un passeport pour la conquête des marchés extérieurs
La protection de la marque commerciale revêt une importance particulière quand le produit est destiné à l’exportation dans la mesure où elle permet d’offrir une présence pérenne sur ces marchés tout en épargnant à l’entreprise toutes sortes d’aléas juridiques et commerciaux, a encore souligné la représentante de l’Innorpi.
Revenant sur les aspects juridiques et les modalités d’enregistrement de la propriété intellectuelle, El Kateb a précisé que, depuis 2013, la Tunisie a intégré la convention de Madrid sur l’enregistrement des marques administré par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, afin d’offrir les mécanismes de protection internationale avec des procédures simplifiées, option qui a permis aux entreprises nationales de déposer leurs marques dans 130 pays membres à travers une procédure unique et simplifié et à un prix raisonnable.
Interrogée par La Presse en marge du séminaire, Lamia El Kateb a d’abord tenu à souligner l’importance de la rencontre, occasion de « mettre en exergue le rôle de la propriété intellectuelle : notamment pour conquérir des marchés extérieurs ».
« La Tunisie dispose de plusieurs produits phares qui sont éligibles aux marchés internationaux et qui sont souvent exposés dans des foires et des salons internationaux et il est essentiel pour nos exportateurs de savoir qu’aller à la conquête de ces marchés doit passer par la protection du nom de leur produit et de leurs marques », a-t-elle déclaré, soulignant qu’« il ne faut pas faire circuler des produits à l’international sans s’assurer que la marque est protégée ».
« Il est important de souligner que l’enregistrement est la seule option qui permet d’acquérir un droit sur une marque. Cet enregistrement doit d’abord être fait à l’échelle nationale auprès de l’Innorpi, administration de référence où on enregistre les actifs immatériels notamment les brevets, les marques et les dessins industriels », a ajouté la même source rappelant que l’Innorpi joue un rôle crucial dans l’acquisition de ces droits.