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Economie

Question de la semaine : Y a-t-il une vision prospective en matière de formation des compétences ?

  • 9 novembre 18:10
  • 3 min de lecture
Question de la semaine : Y a-t-il une vision prospective en matière de formation des compétences ?

La Presse Si la plupart des entreprises tunisiennes reconnaissent l’importance de la formation continue comme levier de compétitivité de la main-d’œuvre, leurs méthodes d’identification des besoins en formation présentent néanmoins certaines lacunes à combler. 

En effet, plusieurs études et enquêtes ont révélé que la plupart des entreprises tunisiennes s’emploient à améliorer les compétences de leurs collaborateurs dans le but de répondre aux tendances clés de l’entreprise. C’est le cas, par exemple, de l’enquête réalisée par l’Iace dans le cadre du rapport « Future of Jobs » du Forum économique mondial, qui a montré que 86 % des entreprises du pays œuvrent à renforcer les compétences de leur personnel afin de répondre à leurs priorités stratégiques d’ici 2030, autrement dit sur le court et le moyen terme.

Ce constat est d’ailleurs corroboré par les résultats du récent Baromètre du capital humain d’EY, qui soulignent que l’identification des besoins en formation repose principalement sur une projection à court terme, dictée par les exigences de l’activité, les demandes émises par les managers et les résultats des évaluations annuelles des employés. 

Ainsi, le rapport indique que les besoins en formation sont identifiés, dans 73 % des cas, en fonction des impératifs de l’activité ou des demandes des managers ; dans 61 % des cas, à la suite de demandes spontanées des collaborateurs ; et dans 58 % des cas, après les entretiens d’évaluation annuelle. 

Seules 15 % des entreprises élaborent des méthodes fondées sur l’analyse des tendances du marché de l’emploi pour anticiper les compétences émergentes ou en forte demande. 

A court et moyen terme, les plans de formation visant à répondre à des exigences immédiates liées à l’activité de l’entreprise se révèlent souvent efficaces : ils permettent d’atteindre les objectifs opérationnels, renforcent le climat de confiance et favorisent l’engagement des collaborateurs, tout en optimisant la gestion des talents. 

Cependant, les spécialistes estiment que ces méthodes à courte vue ne permettent pas d’anticiper les besoins futurs en matière de compétences. Cette approche limitée, adoptée par la majorité des entreprises tunisiennes, empêche d’avoir une vision prospective capable d’évaluer les besoins en formation en fonction de l’évolution du contexte économique et technologique. 

Or, plusieurs travaux ont démontré que les entreprises investissant dans la prospective des compétences sont mieux armées pour anticiper les besoins futurs et maintenir leur compétitivité. A l’inverse, celles qui se contentent d’approches traditionnelles, privilégiant les objectifs de court terme et négligeant la veille sur les évolutions à venir, limitent leur capacité à s’adapter. 

Dans un contexte économique mondial marqué par de profonds bouleversements et une instabilité persistante, ces méthodes RH d’identification des besoins en formation, qui excluent toute dimension prospective, peuvent affecter la performance de l’entreprise à long terme en freinant l’intégration des compétences nécessaires pour relever les défis émergents. 

C’est pourquoi les spécialistes en gestion des ressources humaines préconisent une approche proactive et diversifiée de l’identification des besoins en formation, permettant de mettre en place une vision à long terme axée sur l’anticipation des évolutions du marché. 

En intégrant les tendances externes et en renforçant la flexibilité des politiques de formation, les entreprises peuvent ainsi améliorer et pérenniser leur compétitivité grâce à une meilleure adaptation des compétences aux défis futurs.

Auteur

Marwa Saidi