gradient blue
gradient blue
Editorial

La paix rêvée

  • 12 novembre 17:00
  • 3 min de lecture
La paix rêvée

Il est fort utile de se rappeler les déclarations de joie et les élans d’optimisme suscités après l’accord «historique» et la signature de l’accord de paix de Charm El-Cheikh. Des centaines de témoignages rassurants ont été apportés, à l’instar de celui d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, qui n’a pas caché sa satisfaction : «Je suis soulagé, nous avons la paix». 

Aucun des chefs d’Etat et de gouvernement n’a évoqué la faiblesse de cet accord ni suggéré la suite à donner au plan de Trump qui comprend 20 points traitant du devenir de la bande de Gaza en ruine.

Il faut avouer que le moment n’était pas propice à émettre une quelconque critique. La paix, rien que la paix, pas de griefs, pas de fausse note. 

Pourtant, ce «plan de paix», comme beaucoup d’analystes et d’observateurs l’ont pressenti, a été préparé à la hâte sans réflexion ni planification. Nous avons regretté aussi ici ses lacunes. 

C’est que le plan de Trump souffre de plusieurs omissions, parmi lesquelles on relèvera trois.

Qui va désarmer le Hamas ? Qui va diriger Gaza dans l’après-guerre ? Et, enfin, quel sera le sort de la Cisjordanie, totalement ignorée par le plan ?

Le Hamas doit être désarmé et politiquement neutralisé pour que les ambitions américaines puissent progresser et pour contenir l’Etat sioniste. Mais la question lancinante qui se pose est : qui va le désarmer ? 

Si des pays comme l’Égypte, le Pakistan, l’Indonésie et l’Azerbaïdjan se sont montrés disposés à participer à une force de sécurité à Gaza, ils refusent pour autant de servir d’instruments de confrontation avec le Hamas qui est opposé à son désarmement. Par conséquent, le président américain se tourne vers les Nations unies.

A la deuxième question,  la réponse n’a pas tardé : sept pays musulmans réunis lundi 3 novembre à Istanbul pour discuter de l’avenir de Gaza ont insisté sur une gouvernance par les seuls Palestiniens, refusant qu’un «nouveau système de tutelle» soit imposé au territoire, après deux semaines d’un cessez-le-feu fragile. C’est clair, «Les Palestiniens doivent gouverner les Palestiniens», ont-ils déclaré.

Selon des sources diplomatiques, plusieurs pays ont déjà signalé être prêts à participer à cette force, notamment l’Indonésie, mais tiennent à un mandat du Conseil de sécurité pour effectivement déployer des troupes dans le territoire palestinien. Qu’à cela ne tienne, Trump, toujours fonceur, prompt à promettre des actes, annonce s’attendre au déploiement de cette force bientôt à Gaza. Et son administration souhaite que le Conseil de sécurité de l’ONU donne un mandat jusqu’à fin 2027 à cette force, selon le projet de résolution.  Mais tout cela reste du domaine des vœux pieux. 

Quant à la Cisjordanie occupée, les colons sionistes ont mené au moins 264 attaques contre des Palestiniens au cours du mois d’octobre. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), c’est le plus grand nombre d’attaques de colons en un mois jamais recensé depuis que les Nations unies ont commencé à recenser ces incidents en 2006.

A défaut d’accord sur ces points complexes et qui divisent, l’on déduit que la paix souhaitée n’est pas près d’être appliquée.

Auteur

Hamma Hannachi