gradient blue
gradient blue
A la une Société

Institut Pasteur de Tunis : Le nombre de brevets déposés insuffisant

  • 13 novembre 16:50
  • 4 min de lecture
Institut Pasteur de Tunis : Le nombre de brevets déposés  insuffisant

L’Institut Pasteur de Tunis (IPT) dépose chaque année entre 4 et 5 brevets d’invention auprès de la Direction générale de la valorisation de la recherche au sein du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ce nombre est jugé insuffisant par rapport au volume d’activité de recherche au sein de l’institution, selon Oussama Ben Fadhel, chef de l’unité de valorisation de la recherche scientifique et de transfert de technologie à l’Institut.

Dans une déclaration à l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP), Ben Fadhel a ajouté : « De l’an 2000 à aujourd’hui, 21 brevets d’invention ont été déposés au niveau international ». Il considère ce nombre comme modeste au regard des ambitions et des potentialités de l’Institut, attribuant cette situation au coût financier élevé des procédures de dépôt international, ainsi qu’à la différence des priorités et des domaines de recherche entre les pays en développement et les pays avancés.
Ben Fadhel a expliqué que les brevets déposés concernent principalement le domaine des maladies infectieuses, notamment à travers le développement de vaccins et de médicaments.
Parmi les recherches les plus importantes, celles portant sur la leishmaniose, une maladie pour laquelle aucun vaccin n’a été produit à ce jour. L’IPT travaille actuellement sur un projet de recherche avancé visant à développer un vaccin efficace contre cette maladie, compte tenu de son urgence aux niveaux national et mondial.
Les sujets de recherche ayant obtenu des brevets d’invention incluent également le développement de sérums thérapeutiques basés sur des molécules extraites de venins de scorpions et de serpents. Ces molécules sont utilisées dans le traitement de diverses affections telles que les maladies oculaires liées à l’âge, les tumeurs cérébrales et les maladies cardiovasculaires. Il a souligné que l’un de ces projets de recherche a déjà obtenu un brevet et est actuellement en phase d’essais cliniques.
Ben Fadhel a précisé que l’obtention d’un seul brevet d’invention nécessite des années de travail de recherche sur un projet ou un ensemble de projets. Les efforts sont d’autant plus complexes dans le domaine médical, où le processus de développement d’un médicament ou d’un vaccin passe par des étapes minutieuses :

Expérimentation des molécules sur les cellules.

Tests précliniques.

Phase clinique, précédant la commercialisation et l’utilisation effective.

Il a rappelé que l’évaluation d’un brevet repose sur trois critères fondamentaux : l’élément de nouveauté, l’inventivité et la possibilité d’application industrielle de l’invention et son efficacité. Il a également insisté sur la nécessité pour l’idée du projet de recherche de prendre en compte les besoins du marché ainsi que la réalité économique et sociale.
Le processus de valorisation des résultats de la recherche scientifique et leur transformation en brevets dans le domaine des médicaments fait face à plusieurs défis :

La petite taille du marché local comparée au coût élevé de la fabrication des médicaments, la réglementation dès lors que certaines structures chargées du suivi du secteur, comme l’Agence nationale du médicament et des produits de santé, ne disposent pas actuellement de toutes les spécifications légales et réglementaires internationales leur permettant de commercialiser à l’étranger les médicaments fabriqués localement et le coût et les procédures. Les chercheurs sont, en effet, réticents à se lancer dans le développement de médicaments en raison des difficultés liées aux procédures d’enregistrement et de promotion externe, en particulier sur les marchés africains, ainsi que du coût financier exorbitant de ces projets. À titre d’exemple, la fabrication d’un seul vaccin pourrait nécessiter un financement avoisinant les 115 millions d’euros, tandis que le coût du processus de développement d’un seul médicament est estimé à environ 100 millions d’euros.

Pour conclure, Ben Fadhel a appelé à la nécessité de promulguer une législation sanitaire appropriée qui encourage la valorisation des résultats de la recherche.

Auteur

La Presse