Ce dimanche 16 novembre, le Jardin des plantes du Belvédère sortira de l’ombre. Dès 9h30, un événement inédit transformera ce trésor méconnu de 13 hectares en laboratoire vivant de la résilience climatique. Sous le signe du caroubier, arbre millénaire et champion de la survie en terre aride, l’Association des amis du Belvédère orchestrera une journée de plantation, de transmission et d’espoir face aux défis environnementaux qui menacent nos villes.
L’initiative arrive à point nommé. Emna Charfi, coordinatrice des projets de l’association, l’a annoncé lors de l’émission 120 minutes sur RTCI le 12 novembre 2025 : le Belvédère souffre. Les eucalyptus dépérissent, les insectes ravageurs prolifèrent, les températures grimpent. Face à cette urgence, l’association mise sur un arbre qui a fait ses preuves : le caroubier, seul rescapé des deux dernières années de sécheresse dans le parc.
Le rendez-vous est fixé jusqu’à 12h30 dans ce jardin mystérieux dont l’entrée se situe juste en face du zoo, s’étendant jusqu’à l’arrière du grand hôtel voisin du ministère de l’Enseignement supérieur. Un espace que peu de Tunisois connaissent, mais qui recèle un potentiel exceptionnel comme conservatoire de la biodiversité locale.
Le programme conjugue action et pédagogie. Au cœur de la journée, la plantation des caroubiers réunira familles, bénévoles et curieux. Chacun pourra parrainer son arbre en s’inscrivant via la page Facebook de l’association. Une pancarte en bois gravée du nom choisi et de la date marquera l’engagement symbolique de veiller sur cet héritage végétal pour les générations futures. Les organisateurs préparent actuellement les trous de plantation enrichis de compost naturel produit sur place.
La transmission des savoirs occupera une place centrale. Les scientifiques de l’association Les Amis de CAPT animeront une présentation en plein air sur les secrets du caroubier : sa résilience légendaire au changement climatique, sa longévité pouvant atteindre six siècles, ses techniques de culture et ses vertus nutritionnelles. Le carou, sous forme de fruit, jus, sirop ou farine, concentre en effet une richesse énergétique remarquable.
Trois ateliers pratiques permettront aux participants d’acquérir des compétences concrètes. Le premier initiera aux techniques de greffage et bouturage, gestes essentiels pour la multiplication des arbres. Le deuxième enseignera la fabrication de bombes de graines, ces capsules qui permettent de semer en préservant les semences. Le troisième dévoilera les secrets du compostage rapide, transformant déchets verts et restes de cuisine en or noir en quinze à vingt minutes seulement. Une pépinière d’animateurs bénévoles spécialisés orchestrera ces ateliers ouverts à tous les âges.
L’événement s’appuie sur un réseau de partenariats solides. La ville de Tunis, gestionnaire du parc, apporte son soutien logistique indispensable. Les associations Soli Green et Cleanup Tuns tons Cleanup, rompues au reboisement des forêts incendiées grâce à leurs bataillons de bénévoles, étendront leur action au-delà de cette journée festive pour soigner d’autres zones meurtries du Belvédère.
Cette fête s’inscrit dans une vision plus ambitieuse : le Living Lab lancé par l’association. Cette plateforme collaborative réunit étudiants, chercheurs, décideurs et citoyens pour transformer le Belvédère en terrain d’expérimentation grandeur nature. L’objectif dépasse la simple conservation : il s’agit de repenser la résilience urbaine face au réchauffement climatique dont les effets se font déjà cruellement sentir.
Le choix du caroubier incarne cette philosophie de résistance intelligente. Cet arbre méditerranéen prospère sur presque tous les sols tunisiens, bravant sécheresse et canicule avec une endurance inégalée. Son ombre réputée particulièrement fraîche et ses fruits comestibles en font un allié précieux pour des villes nourricières et vivables. L’association, pionnière sur les questions environnementales urbaines, en fait son étendard.
Pour ceux qui souhaitent prolonger l’expérience, la Bibliothèque Verte de l’association, fraîchement rénovée en juin dernier, ouvre ses portes. Son fonds documentaire spécialisé couvre faune, flore, agriculture urbaine et santé par les plantes, avec des études rares à consulter dans un cadre idyllique : sous les arbres, installé dans un hamac ou une chaise longue.
Le Belvédère prépare donc sa renaissance. Dimanche prochain, chaque caroubier planté sera une promesse, un pacte entre les générations pour reconstruire la résilience d’un écosystème urbain en danger. L’entrée est libre, les familles sont les bienvenues, et nul besoin d’être adhérent pour participer à cette aventure collective. Il suffit de venir, les mains prêtes à plonger dans la terre, l’esprit ouvert aux solutions d’avenir.