Entreprises publiques : L’heure est aux contrats de performance
Aujourd’hui, exigence financière oblige, les entreprises publiques ont besoin d’améliorer leur gouvernance et peaufiner encore plus leur modèle de gestion pour pouvoir combiner performance économique et intérêt national général. Cela impliquera, comme le recommandent certains observateurs, de concilier l’efficacité et la rentabilité avec les objectifs stratégiques nationaux.
La Presse — Longtemps, les entreprises publiques tunisiennes ont constitué une charge financière très lourde pour le budget de l’Etat. Et les raisons sont multiples : sureffectif, faible productivité, mauvaise gouvernance en plus d’une dépendance excessive aux subventions, ce qui contraint nos décideurs à injecter régulièrement des sommes massives pour leur survie. Des perfusions annuelles qui dépassent, selon les chiffres disponibles, les 8 % du PIB.
Des signes de reprise rassurants…
Un niveau pour le moins élevé pour un pays qui a, plus que jamais, besoin d’un appui urgent afin de répondre aux exigences de financement de son économie. Et c’est, de toute évidence, cette situation contrastée et contraignante qui a amené l’Etat à multiplier les réflexions pour trouver des portes de sortie fiables et radicales.
Les multiples dispositions retenues à cet effet ont fini par instaurer, du moins dans une bonne proportion, une certaine discipline managériale qui a aidé nos entreprises à mieux se conduire.
Aujourd’hui, les analyses confirment que nos entités publiques montrent, depuis quelque temps, des signes de reprise rassurants. Les dernières statistiques relèvent, en effet, que les entreprises cotées en Bourse ont réussi, durant les neuf premiers mois de 2025, à s’assurer une hausse de revenus d’environ 5,7 %. Un « redémarrage » prometteur, somme toute.
Ce qui conforte encore plus ces indicateurs, c’est que ces entreprises opèrent, dans leur majorité, dans des secteurs stratégiques, entre autres la finance, la technologie ou encore les biens de consommation. Un facteur qui pourrait expliquer, à lui seul, l’importance de l’impact de cette reprise sur l’économie nationale dans son ensemble.
Reste que, malgré ces embellies, l’on reconnaît que le chemin est encore très long pour prétendre réellement à un niveau de rentabilité bien élevé ou encore à une compétitivité concurrentielle. Ce qui justifie, d’ailleurs, l’engagement de plusieurs et importants programmes spécifiques.
Concilier performancen économique et intérêt général
Certains observateurs estiment justement que malgré les réformes de restructuration engagées, le rendement des entreprises publiques est encore faible et peu concurrentiel. Et c’est surtout leur faible apport dans l’économie nationale qui préoccupe. Nos entreprises n’arrivent toujours pas à concilier objectif managérial et intérêt général, c’est-à-dire soutien à l’effort national de développement.
Un manquement qui nécessite aujourd’hui l’approfondissement des réformes au niveau de la gouvernance et l’adoption, du coup, d’un nouvel modèle de gestion qui saurait aider les entreprises à améliorer encore leur rendement, élargir leur capacité concurrentielle, mieux intégrer les chaînes de valeurs internationales et s’inscrire ainsi dans une logique de performance durable.
Et, le plus important, soutenir les fondamentaux de l’économie nationale. Ce nouveau modèle de gestion suppose, toutefois, un capital humain compétent et qualifié, ce qui n’est malheureusement pas le cas pour certaines unités. On reconnaît, en effet, que la politique de recrutement, comme on l’a déjà soulevé à plusieurs reprises, a constitué, parfois, un point d’interrogation, car reposant sur le favoritisme, la complaisance et même la mauvaise évaluation des postulants.
Et ce sont ces mêmes facteurs qui ont justifié l’ampleur des opérations d’assainissement administratif ordonnées par le Chef de l’Etat.
Mais le plus important serait aujourd’hui de soumettre les entreprises publiques à des contrats-performances qui, grâce à des indicateurs de pilotage et de suivi, aideraient les établissements publics à conditionner leur gestion et, surtout, à bien servir l’intérêt général.