A l’occasion de la Journée mondiale du diabète célébrée aujourd’hui, 14 novembre, la Tunisie se retrouve face à l’urgence d’une prise en charge renforcée et d’une meilleure prévention de cette pathologie qui touche de nombreux foyers tunisiens. Le thème de la Journée mondiale du diabète de l’Organisation mondiale de la santé de cette année, «Le diabète touche tous les âges», reconnaît que toute personne atteinte de diabète devrait avoir accès à des soins intégrés, à un environnement favorable et à des politiques qui favorisent la santé, la dignité et l’autogestion.
La Presse — Le 14 novembre, Journée mondiale du diabète, rappelle à la Tunisie l’ampleur d’un défi de santé publique colossal. Avec une prévalence alarmante estimée à environ 16% de la population adulte, soit près de 1,4 million de Tunisiens vivant avec cette maladie chronique, le pays fait face à une véritable épidémie liée notamment à l’urbanisation, l’obésité et la modification des habitudes alimentaires.
Au-delà du diagnostic, la difficulté réside dans le nombre élevé de personnes qui ignorent leur état, soit environ un tiers des cas, et pour ceux qui sont diagnostiqués, le faible taux de diabète équilibré témoigne d’une adhésion insuffisante aux traitements et à l’éducation thérapeutique. Dans une publication récente, on a rappelé l’alerte donnée par les résultats d’une étude qui prévoit une augmentation des cas de diabète en Tunisie, pour toucher 25% de la population, si rien n’est fait pour changer les prévisions alarmistes …
Amélioration de la prise en charge
Face à ces chiffres inquiétants, les autorités sanitaires tunisiennes, en partenariat avec les sociétés savantes comme la Stediam, la Société tunisienne d’endocrinologie, diabète et maladies métaboliques et les ONG d’obédience sanitaire, s’efforcent à améliorer la gestion de la maladie, mais de nouveaux résultats sont à obtenir et des progrès restent à réaliser. A commencer par la poursuite des programmes nationaux.
Le pays bénéficie d’un programme national de prise en charge qui permet de suivre des centaines de milliers de patients et d’assurer la gratuité de certains médicaments de première ligne comme l’insuline pour les enfants et les jeunes diabétiques de type 1, allégeant ainsi le fardeau financier pour les familles.
Le renforcement de l’éducation thérapeutique est un second aspect notable. Il est désormais admis que le patient doit être l’acteur principal de sa prise en charge. Les efforts se concentrent sur le développement des «maisons du diabète» et la formation des professionnels de santé à l’éducation thérapeutique, visant à autonomiser les patients sur la surveillance de leur glycémie, l’alimentation et l’ajustement des doses d’insuline.
L’accès aux innovations ouvre de nouveaux horizons. Des projets sont lancés, notamment en partenariat avec le secteur privé, pour soutenir l’accès des jeunes Tunisiens diabétiques de Type 1 à des outils modernes de suivi comme les capteurs de glucose en continu (CGM), essentiels pour améliorer le contrôle glycémique et prévenir les complications à long terme.
La prévention dès le plus jeune âge
La Journée mondiale du diabète insiste sur la nécessité de passer de la gestion de la maladie à la prévention de ses facteurs de risque. Le dépistage massif est important. Des campagnes de dépistage gratuit et rapide sont organisées chaque année, notamment lors du 14 novembre, pour identifier les cas non diagnostiqués et les personnes présentant des facteurs de risque comme l’hyperglycémie à jeun altérée.
La lutte contre la sédentarité et l’obésité est un autre champ de bataille. La progression du diabète de type 2 est intimement liée à l’augmentation de l’obésité infantile et adulte. Les appels se multiplient pour des politiques publiques visant à promouvoir l’activité physique et à réglementer l’accès et la publicité pour les aliments transformés, souvent trop riches en sucres et en graisses saturées.
L’éducation nutritionnelle est indispensable. La mondialisation a modifié le régime alimentaire traditionnel tunisien, souvent plus sain, au profit de produits industriels. La prévention passe par une rééducation au goût et la valorisation d’une alimentation locale et équilibrée, enseignée dès l’école.
En cette journée mondiale, la Tunisie est appelée à une mobilisation nationale cohérente pour faire du diabète non plus un fardeau, mais un catalyseur pour une meilleure santé publique, en investissant massivement dans la prévention et en assurant une prise en charge complète et équitable pour tous.
Le diabète à travers le monde
Le nombre de personnes souffrant de diabète a pratiquement quadruplé depuis 1980. La prévalence de la maladie augmente dans le monde entier, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les causes sont complexes, mais cette hausse s’explique en partie par l’augmentation du nombre de personnes en surpoids, notamment une augmentation de l’obésité et de la sédentarité.
Le diabète est une cause majeure de cécité, d’insuffisance rénale, d’accidents cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux et d’amputation des membres inférieurs. Un régime alimentaire sain, l’activité physique, des médicaments, un dépistage régulier et le traitement des complications permettent de traiter le diabète et d’éviter ou de retarder les conséquences qu’il peut avoir.
La Journée mondiale du diabète a vu le jour en 1991 à l’initiative de la Fédération internationale du diabète et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle est célébrée chaque année le 14 novembre, date d’anniversaire du médecin et scientifique canadien Frederick Banting (1891-1941), qui avait découvert l’insuline avec son confrère Charles Best en 1922.
La Journée mondiale du diabète est devenue une journée officielle des Nations unies en 2006, avec l’adoption de la résolution 61/225 par l’Assemblée générale de l’ONU. Par cette résolution, l’Assemblée générale encourage les États membres à élaborer des politiques nationales de prévention et de traitement du diabète et de prise en charge des malades qui soient compatibles avec le développement durable de leurs systèmes de soins, en tenant compte des objectifs de développement convenus à l’échelle internationale.
Le diabète peut toucher les personnes de tout âge, y compris pendant l’enfance, la période de procréation, l’âge actif et le troisième âge.
Le thème de la Journée mondiale du diabète de l’Organisation mondiale de la santé de cette année, «Le diabète touche tous les âges», reconnaît que toute personne atteinte de diabète devrait avoir accès à des soins intégrés, à un environnement favorable et à des politiques qui favorisent la santé, la dignité et l’autogestion. Cette campagne souligne l’importance d’une approche globale de la prévention et de la prise en charge du diabète, ainsi que du bien-être général.
Le diabète est une maladie chronique grave qui apparaît lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline (l’hormone qui régule la concentration de sucre dans le sang) ou lorsque l’organisme n’utilise pas correctement l’insuline qu’il produit. Le diabète de type 1 (anciennement appelé diabète insulinodépendant ou diabète infantile) se caractérise par un manque de production d’insuline.
Le diabète de type 2 (anciennement appelé diabète non insulinodépendant ou diabète de l’adulte) est causé par une utilisation inefficace de l’insuline par l’organisme. Il résulte souvent d’un excès de poids et d’une inactivité physique. Le diabète gestationnel est une hyperglycémie qui est diagnostiquée pour la première fois pendant la grossesse.
*Source : site officiel de l’Organisation des Nations unies