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Société

Journées promotionnelles de l’artisanat à Tunis : En consécration de la discrimination positive

  • 14 novembre 19:15
  • 5 min de lecture
Journées promotionnelles de l’artisanat à Tunis : En consécration de la discrimination positive

Sans exception aucune, nos 24 gouvernorats, du Nord au Sud, profitent, à tour de rôle, des différents rendez-vous professionnels qu’organise, régulièrement, l’Office national de l’artisanat (ONA). Actuellement, 16 artisans et artisanes, venant de Kairouan et de Médenine, ont pris place, du 10 au 15 de ce mois, à la Galerie de l’information à Tunis, pour exposer leurs produits faits main.

La Presse — Pour ces petits artisans, qui ont souvent du mal à trouver leur compte, ces journées promotionnelles, comme l’indique leur nom, constituent une aubaine à ne pas rater. Car ils n’ont pas toujours l’occasion de s’exposer auprès d’une clientèle aussi effective que potentielle, si éclectique dans ses goûts et ses choix.

Appui aux artisans en difficulté

Ces journées sont si importantes qu’elles leur permettent, également, d’établir des contacts professionnels et conclure, le cas échéant, des contrats de commande, censés booster leurs activités artisanales et améliorer leurs conditions de travail. Un tel rendez-vous s’inscrit, d’ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre du programme annuel des manifestations promotionnelles pour 2025, le but étant de soutenir les produits de l’artisanaux et renforcer la présence des artisans auxquels sont dédiés des stands gratuitement.

«Ce sont de petits artisans, issus de l’intérieur du pays, qui ont du mal à se déplacer pour exposer ailleurs. En consécration du principe de la discrimination positive, on essaie toujours de les orienter et les aider à participer à pareils évènements, en les prenant en charge au niveau du transport et de l’hébergement», argumente Monia Fadhlaoui, sous- directeur chargé de la coordination régionale auprès de  l’ONA. 

Et d’ajouter qu’il y a une dizaine d’années que l’Office tient, en coordination avec le Centre national de documentation (CDN), à mettre à leur disposition cette Galerie de l’information, en tant qu’espace gratuit réservé aux petits artisans, en difficulté financière et promotionnelle, en guise d’appui en leur faveur.   

Cette nouvelle édition de ces journées, aux spécificités patrimoniales de Kairouan et de Médenine, offre aux visiteurs un large éventail de produits 100% fait main, en matière de poterie, d’orfèvrerie, d’habits traditionnels, broderie manuelle, tapis et bien d’autres objets d’art et articles revisités, alliant ainsi authenticité et créativité. A chaque région son parfum d’antan, pour ainsi dire. 

Faute d’incitations financières et d’encadrement

L’artisanat tunisien d’hier et d’aujourd’hui est une histoire racontée en formes et en images figées, constituées d’idées, de projets et de métiers ancestraux à géométrie variable. Certes, nos artisans et artisanes travaillent dans la continuité, de fil en aiguille, en  consécration d’une profession imprégnée de traditions, d’un style de vie et d’imaginaire social et culturel. Leurs expositions relatent, visiblement, les racines d’un secteur en évolution dont la conception et la fabrication lui ont valu une identité typique et un rayonnement international. 

Au fil de temps, notre artisanat a dû bien soigner son image et préserver sa notoriété, sans pour autant oublier qu’il connaît encore des difficultés de financement, de matière première et de commercialisation. Tel le cas de la «Mouchtia de Jebeniana», une activité très ancienne qui se voit confinée dans son espace géographique limité.

Ou comme la Chéchia, un couvre-chef, jadis, à la mode, semble avoir perdu du terrain, et dont certaines entreprises ont mis la clé sous le paillasson. D’autres sont encore en veilleuse. Et les cas pareils sont légion, faute d’incitations financières et d’un appui structurel. « C’est pourquoi, on intervient, à ce niveau, pour leur fournir l’assistance requise », explique Mme Fadhlaoui, soulignant que chaque édition est, souvent, sanctionnée par un bilan d’évaluation. 

Une opportunité de se faire connaître

Il est vrai que ces journées promotionnelles, organisées, périodiquement, tout au long de l’année, auxquelles participent, à raison de chaque semaine, deux gouvernorats, se présentent comme une plaque tournante d’expositions et de ventes. Elles offrent aux artisans l’opportunité de se faire connaître et parler, eux-mêmes, de leurs produits, leurs doléances et les difficultés de leur parcours professionnel.

Une des artisanes de Kairouan nous a confié que ces journées lui donnent la chance de sortir de sa sphère locale. «Ici, on peut beaucoup mieux s’exposer que nulle part ailleurs. Du reste, on a besoin d’avoir une place dans les salons et foires nationaux, ce qui nous permet de  nous rapprocher au plus près des clients», réclame-t-elle. 

Pour elle, tout comme pour ses collègues, issus de Médenine, l’artisanat est un secteur, certes en difficulté, auquel l’on doit accorder davantage d’intérêt, en termes de financement, d’encadrement et d’appui à la commercialisation. «C’est ainsi que l’on contribue à sa promotion et à son développement, à même d’encourager les jeunes diplômés à s’y investir et perpétuer ce métier traditionnel», enchaine un autre artisan de Médenine. Selon lui, l’idéal serait de passer le flambeau de génération en génération. 

Auteur

Kamel FERCHICHI