La cochenille continue à faire des siennes, mais il semble que cette fois-ci, l’étau se resserre autour de ce fléau, qui a attaqué pour la première fois au Maroc en 2014, dans la province de Sidi Bennour. L’infestation s’est ensuite propagée dans d’autres régions du Maroc en 2017, au point de dévaster d’immenses surfaces, avant de s’étendre en Afrique du Nord, comme l’Algérie en 2021 et la Tunisie.
La Presse — L’infestation est de ce fait devenue un problème majeur dans de nombreuses régions d’Afrique du Nord.
Les services du bureau de la protection des végétaux, relevant du Commissariat régional au développement agricole (Crda) du gouvernorat de Siliana, ont procédé, en coopération avec les associations «Soli Green» et «Tunisie Clean Up» et l’Institut supérieur des sciences agronomiques de Chott Mariem, au déploiement de 2.500 à 3.000 coccinelles mexicaines dans plusieurs délégations pour la lutte contre la cochenille (ou insecte carmin).
Khaled Badr El Dine, chef du Bureau de la protection des végétaux au Crda, a expliqué, dans une déclaration à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), que les coccinelles mexicaines ont été déployées sur :
«5 sites dans la zone d’El Jellab, couvrant 20 ha de figuiers de Barbarie lisses et bien entretenus; 3 sites dans la zone de Nejaïmiya sur une superficie de 5 ha de figuiers de Barbarie; 5 sites dans la zone d’Echbala, couvrant 10 ha dans la délégation d’Errouhia».
Le déploiement des coccinelles mexicaines nous en avons parlé sur ces mêmes colonnes depuis juin 2024, lorsque le problème a été soulevé à la faveur d’une visite scientifique tunisienne au Mexique. Dans ce pays, les cochenilles ont été historiquement exploitées par les peuples autochtones pour la teinture dès le IIe siècle avant J.-C. Elles ont été utilisées par les Aztèques et les Mayas pour fabriquer des colorants rouges pour les textiles.
Ces populations indigènes récoltaient la cochenille pour la production de colorants depuis des millénaires.
La cochenille est devenue une richesse, une marchandise commercialisée à l’échelle mondiale, selon les Harvard Museums of Science & Culture.
Et nous avons suggéré de nous rapprocher du Mexique qui s’est montré disposé à aider à la circoncision de cette invasion, tout en mettant son expérience pour que ce fléau se transforme en source de richesse.
En effet, les cochenilles sollicitées auprès de la FAO ont fait une partie du travail. Le fait de se tourner vers celles du Mexique est porteur de promesses.
L’élevage des coccinelles
La Tunisie dispose maintenant de deux sources d’inspiration, en plus des conclusions de nos experts. Le Maroc a entamé la reconstitution de ses plantations.
L’Institut national de la recherche agronomique du Maroc a précédemment identifié huit variétés sélectionnées de cactus résistantes à la cochenille. Ces variétés ont été développées à partir d’un pool de 249 espèces de cactus sélectionnées dans la collection nationale de cactus.
Ce secteur connaît une forte demande de la part des grands agriculteurs marocains, qui ont commencé à investir massivement, compte tenu de la hausse du prix de son produit final (le cactus indien).
Et bien entendu l’expérience mexicaine avec l’avantage de pouvoir exploiter les connaissances qui pourraient transformer ce fléau en richesse, en apprenant comment récolter la cochenille qui est une marchandise commercialisée à l’échelle mondiale.
Un créneau intéressant
Une activité très prometteuse pour les sociétés citoyennes, qui pourraient s’ouvrir sur l’élevage des coccinelles (la demande de par le monde est très importante), afin de protéger les exploitations en place et pour le «ramassage» des cochenilles, à l’effet d’en extraire ce pigment rouge vif. Un pigment récolté depuis des milliers d’années par les peuples autochtones pour fabriquer une teinture destinée à leurs propres textiles. Un colorant naturel qui se vend à prix d’or.
La reconstitution des plantations
Pour accélérer la reconstitution de ce qui a été détruit, le Maroc a développé des souches qui résistent à la cochenille. C’est un choix d’en faire venir pour accélérer cette action. Sans compter que l’on peut également solliciter le pays souche, le Mexique, qui possède une longue et vaste expérience dans ce domaine.
Ce que nous avons constaté lors d’un déplacement vers le centre sud confirme ce que nous avons vu : de nombreuses plantations détruites ont laissé place à de nouvelles raquettes. Les experts pourraient étudier la possibilité d’en tirer avantage si ces rejets sont immunisés.
La remise en état de tout ce qui a été détruit est urgent. Avec tout ce qu’on peut exploiter du figuier de Barbarie sur «les plans pharmaceutique et cosmétique, les fleurs, les fruits, le mucilage, les fibres et les raquettes (consommation humaine et animale), en phytothérapie. La plante reconnue pour ses propriétés médicinales se décline déjà en gélules, en extraits, en poudre…
Pour ses nombreuses propriétés cicatrisantes et anti-âges, elle est déclinée en huile, en shampoing, en crèmes de jour, après-soleil, antirides, anti-vergetures, etc», nous a précisé un jeune exploitant rencontré du côté de Kairouan, le temps c’est de l’argent.