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Tunisie : 75 projets financés pour accélérer la transition écologique

  • 14 novembre 16:46
  • 5 min de lecture
Tunisie : 75 projets financés pour accélérer la transition écologique

L’Agence nationale de promotion de la recherche scientifique (ANPR) a sélectionné 75 initiatives de recherche appliquée dans le cadre du programme MOBIDOC Green Post-Doc. Le dispositif vise à créer des partenariats entre jeunes chercheurs et acteurs socio-économiques pour répondre aux défis environnementaux. 
Le programme MOBIDOC, dispositif national créé en 2012, lance une déclinaison spécifiquement dédiée aux problématiques environnementales. Cette nouvelle session a enregistré 139 candidatures, dont 75 ont été retenues pour un financement.
Chedly Abdelly, Directeur Général de l’ANPR, a présenté ce vendredi 14 novembre 2025 sur RTCI les modalités de cette édition axée sur la transition écologique.
Le terme MOBIDOC associe les notions de mobilité et de doctorat. Le programme repose sur une collaboration tripartite impliquant un chercheur titulaire d’un doctorat ou en cours de thèse, son laboratoire de rattachement, et une entité socio-économique. Ces trois parties définissent conjointement des axes de recherche appliquée sur des périodes comprises entre 24 et 36 mois.
L’allocation mensuelle s’établit à 1700 dinars pour les titulaires d’un doctorat et 1500 dinars pour les doctorants. Le financement du programme provient d’une collaboration entre l’Union européenne et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Depuis sa mise en place, le dispositif a soutenu 907 projets couvrant différents secteurs d’activité : agriculture et agroalimentaire (28 %), éthique (22 %), santé (15 %), industrie chimique (15 %), énergie (5 à 6 %), et services (4 %). Les sciences humaines et sociales représentent actuellement 1 % des projets financés.
Performances et insertion professionnelle
Selon les données communiquées par le Directeur Général de l’ANPR, les participants au programme MOBIDOC déposent proportionnellement davantage de brevets que la moyenne nationale. La Tunisie comptabilise approximativement 3000 publications scientifiques annuelles contre 100 brevets déposés. Les chercheurs ayant bénéficié du dispositif affichent un ratio supérieur.
Le programme a également généré la création de startups et facilité l’accès à des programmes de coopération bilatérale et européenne. Le taux d’embauche dans les structures partenaires atteint environ 20 % pour les sessions achevées.
Chedly Abdelly explique ce résultat par la composition du tissu économique tunisien, majoritairement constitué de petites et moyennes entreprises. L’absence de départements dédiés à la recherche-développement dans ces structures limite les possibilités d’intégration. Le responsable de l’ANPR considère que les chercheurs formés par MOBIDOC possèdent les compétences nécessaires pour établir de telles unités de veille scientifique et technologique.
L’édition Green répond aux enjeux liés aux changements climatiques affectant la Tunisie. L’appel à projets a ciblé quatre domaines prioritaires : économie circulaire, gestion durable des ressources naturelles, préservation de la biodiversité, et énergies renouvelables.
Les 75 projets sélectionnés mobilisent 54 organismes partenaires. La répartition prévoit que deux tiers des bénéficiaires collaboreront avec des entreprises, tandis que 30 % intégreront des centres de recherche-développement. Cette session introduit une nouveauté en ouvrant la participation aux municipalités et aux associations œuvrant dans le domaine environnemental. La présence féminine parmi les bénéficiaires représente environ deux tiers des participants.
Applications concrètes en gestion des déchets
Le Directeur Général de l’ANPR a présenté le projet développé par Rabia Rebbah, docteure spécialisée en phytostabilisation. Cette technique biologique utilise des espèces végétales pour traiter les sites pollués, notamment les décharges non contrôlées présentes sur le territoire tunisien.
Certaines de ces décharges contiennent des concentrations de métaux lourds toxiques. Les plantes sélectionnées peuvent soit stabiliser ces substances polluantes pour empêcher leur diffusion vers les zones agricoles adjacentes, soit les extraire progressivement du sol.
Ce type d’initiative permet d’envisager des partenariats avec plusieurs municipalités, particulièrement dans la région du Cap Bon, confrontées à des problématiques similaires de gestion des déchets.
Suite aux résultats de cette première session nationale, l’ANPR prévoit de déployer une version régionale de MOBIDOC Green. L’objectif consiste à identifier les gouvernorats présentant les problématiques environnementales les plus critiques, tels que Gabès ou Gafsa, et à organiser des concertations avec les acteurs locaux pour établir les priorités d’intervention.
Cette approche territoriale vise à valoriser les compétences et les laboratoires régionaux, tout en maintenant l’accès aux expertises disponibles à l’échelle nationale.
Cadre institutionnel et programmes associés
MOBIDOC Green s’inscrit dans le programmeAppui à la Recherche et à l’Enseignement supérieur dans le secteur de l’Environnement(ARÈS), composante du plan national « Tunisie verte et durable ». La convention encadrant ce programme a été signée il y a un peu plus d’un an.
Le programme ARÈS a également lancé l’appel « Green Impact », destiné aux consortiums composés d’au moins deux laboratoires disposant de résultats scientifiques validés. Sur 71 propositions reçues, 15 projets bénéficieront d’un financement de 700 000 dinars chacun. La signature des conventions de financement est prévue pour décembre 2025.
Le programme travaille parallèlement sur l’adaptation des parcours de formation universitaire pour mieux correspondre aux besoins du secteur environnemental et améliorer les perspectives d’emploi des diplômés.
La transformation des résultats de recherche en applications opérationnelles constitue le principal défi identifié. Chedly Abdelly souligne que la Tunisie produit une quantité importante de travaux scientifiques mais rencontre des difficultés dans leur valorisation pratique. La maturation technologique nécessite une collaboration continue entre les chercheurs et les utilisateurs finaux.

Auteur

S. M.