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Sélection tunisienne aux JCC : Le cinéma tunisien respire, s’affirme et s’élève

  • 15 novembre 20:45
  • 4 min de lecture
Sélection tunisienne aux JCC : Le cinéma tunisien respire, s’affirme et s’élève

Plus qu’un festival, les JCC demeurent l’un des rares espaces où les cinémas du Sud peuvent exister pleinement, affirmer leur singularité esthétique et leur engagement politique sans céder aux normes dominantes de l’industrie mondiale. Le public n’est pas spectateur passif, mais partenaire sensible d’une réflexion collective. Cette édition 2025 confirme le rôle historique du festival : offrir une tribune aux voix qui racontent autrement, qui filment les marges, qui défient les récits établis.

Chaque année, les Journées cinématographiques de Carthage réactivent la même question, urgente et essentielle : que dit aujourd’hui le cinéma du Sud de ses douleurs, de ses rêves, de ses métamorphoses ? L’édition 2025, qui se tiendra du 13 au 20 décembre, ne déroge pas à cette tradition. En dévoilant la sélection pour ses différentes compétitions officielles, qui trace les contours d’un paysage cinématographique vibrant, pluriel et profondément ancré dans les réalités qui traversent la Tunisie contemporaine.
Plus qu’un festival, les JCC demeurent l’un des rares espaces où les cinémas du Sud peuvent exister pleinement, affirmer leur singularité esthétique et leur engagement politique sans céder aux normes dominantes de l’industrie mondiale. Le public n’est pas spectateur passif, mais partenaire sensible d’une réflexion collective. Cette édition 2025 confirme le rôle historique du festival : offrir une tribune aux voix qui racontent autrement, qui filment les marges, qui défient les récits établis.

Longs métrages de fiction : trois quêtes, trois horizons
La compétition des longs métrages de fiction accueille trois œuvres tunisiennes qui se distinguent par leur ambition narrative et leur sensibilité profonde. Toutes, à leur manière, refusent l’immobilisme et interrogent la condition humaine.
Amel Guellaty se présente avec un premier long métrage qui explore le souffle fragile d’une jeunesse en quête d’ancrage. Dans Where the Wind Comes From, le vent devient métaphore du mouvement intérieur, celui d’une génération qui cherche sa place dans une Tunisie encore mouvante. Guellaty filme cette quête avec douceur, laissant au paysage et aux visages le soin de révéler l’indicible.
Kaouther Ben Hania poursuit sa démarche hybride, mêlant fiction, documentaire et performance émotionnelle. Avec La Voix de Hind Rajab, elle s’attache à un cri devenu symbole, une voix enfantine qui traverse les frontières, les écrans et les consciences. Le film s’annonce comme un acte de mémoire, un geste d’insistance face à ce que le monde préfère oublier.
Erige Sehiri, connue pour son sens aigu du réel, livre un film où les promesses fragiles deviennent le fil conducteur d’un récit profondément humain. Promis Le Ciel interroge ce qu’il reste des espoirs lorsque la vie bouscule les trajectoires. Fidèle à son approche, elle offre une fiction qui puise dans une problématique sociale et politique révélant les forces silencieuses qui traversent la société tunisienne à travers trois personnages, trois femmes et trois vies.

Documentaires et courts métrages
Les documentaires tunisiens retenus cette année reflètent une volonté affirmée de questionner le réel sous toutes ses formes avec des empreintes cinématographiques différentes . La sélection réunit Le Paradis de Majdi Lakhdar, Notre Semence d’Anis Lassoued et On The Hill de Belhassen Handous, trois œuvres qui témoignent de la vitalité du documentaire tunisien et de son engagement constant envers les enjeux humains et sociaux du pays.
La compétition des courts métrages met en avant des voix porteuses d’audace et de renouveau. Elle rassemble Le fardeau des ailes de Rami Jarboui, Sursis de Walid Tayaa et Tomates Maudites de Marwa Tiba, confirmant l’énergie créative d’une jeune génération qui explore des formes brèves mais puissantes.
Au fil de cette sélection, une évidence s’impose : le cinéma tunisien continue d’avancer avec courage, en portant haut une parole libre, plurielle et résolument engagée. Ses auteurs n’hésitent pas à questionner le réel, à interroger les douleurs collectives et à célébrer la beauté brute des existences.
En offrant un espace essentiel aux œuvres du Sud, en valorisant les esthétiques alternatives et les récits indociles, les JCC 2025 confirment leur rôle : celui d’un festival qui ne montre pas seulement des films, mais qui participe activement à écrire l’histoire d’un cinéma qui rêve, qui lutte et qui s’invente encore et toujours.

Auteur

Asma DRISSI