Kaïs Saïed : « La compétence sans patriotisme n’a pas sa place en Tunisie »
Lors de son entretien vendredi 14 novembre au palais de Carthage avec la Cheffe du gouvernement, Sarra Zaâfrani Zenzri, le Président de la République, Kaïs Saïed, a délivré un message ferme sur le fonctionnement de l’administration tunisienne et sur les responsabilités de l’ensemble des acteurs de l’État.
La Presse — Le Président de la République a formulé des recommandations claires à l’ensemble des acteurs de l’État, appelant à moderniser l’administration, garantir la neutralité des services publics, renforcer la discipline et le patriotisme, et préparer une nouvelle génération de jeunes responsables capables de répondre aux attentes du peuple tunisien.
Modernisation et rigueur exigées
C’est dans ce contexte général que Kaïs Saïed a pointé du doigt certains responsables publics, du niveau central jusqu’aux collectivités locales, qui freinent, perturbent ou interprètent mal les principales orientations de l’État. Il a décrit une administration en déphasage avec les enjeux actuels, où certains cherchent à «attiser les tensions». Manque d’efficacité, lenteur administrative et dysfonctionnements structurels sont les principaux maux d’un appareil «grippé», incapable de répondre correctement aux besoins des citoyens.
Il a ajouté qu’il se voit souvent contraint d’intervenir personnellement dans des dossiers relevant de la compétence des autorités locales, révélant la gravité des défaillances administratives. Ce genre d’intervention, qui en principe devrait rester exceptionnel, illustre un véritable abandon de responsabilité de certains cadres, jugés insuffisamment rigoureux et professionnels.
Le Président a également dénoncé des responsables qui justifient leurs «dépassements» et leurs «actes répréhensibles» en affirmant exécuter des «instructions du Président de la République», une pratique qui sert à couvrir des comportements contraires à l’éthique administrative.
«Il n’y aura aucune indulgence pour ceux qui manquent à leurs devoirs», a averti Kaïs Saïed. Ce message s’adresse à tous les acteurs de l’État, des ministères et directions centrales dans gouvernorats, les délégations et les municipalités. Le Président a souligné l’urgence de transformer l’administration en une structure moderne, efficace et pleinement au service des citoyens, capable de dépasser les lenteurs et blocages hérités du passé.
Un État ferme, mais juste
Les services publics doivent fonctionner selon une «neutralité totale» et œuvrer pour répondre aux «attentes légitimes du peuple tunisien», martèle le Président. L’objectif affiché est de replacer l’intérêt général au centre de l’action administrative, loin des logiques internes ou des intérêts particuliers.
Kaïs Saïed insiste ainsi sur le rôle de la jeunesse dans cette dynamique de renouvellement. Il a affirmé que les jeunes doivent «prendre le relais» dans cette «bataille de libération nationale» qu’il appelle de ses vœux, une étape qui nécessite «un sens profond des responsabilités» et un engagement sincère envers le pays. Pour le Président, «la compétence sans patriotisme n’a pas sa place en Tunisie», une déclaration qui reflète sa vision d’un appareil étatique à la fois performant et profondément ancré dans la loyauté nationale.
En conclusion, Kaïs Saïed a rappelé que le peuple tunisien a «tracé son chemin par son sang et ses douleurs», un hommage à la résilience collective qui justifie l’urgence de répondre à ses aspirations. Il a averti que «nul n’a d’excuse pour décevoir la volonté du peuple», une formule qui prend valeur d’engagement et d’avertissement à la fois.
Ces recommandations présidentielles, particulièrement percutantes, sonnent comme une véritable mise au point et une mise en garde à l’endroit de l’ensemble des acteurs de l’État et des institutions, appelés à assumer pleinement leurs responsabilités et à répondre aux attentes nationales.