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Culture

Le Chat de Georges Simenon à El Teatro : Une adaptation de Nadra Achour

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  • 17 novembre 19:30
  • 3 min de lecture
Le Chat de Georges Simenon à El Teatro : Une adaptation de Nadra Achour

Le 20 novembre prochain, El Teatro accueille l’adaptation théâtrale du célèbre roman «Le Chat» de Georges Simenon, dans une version saisissante de Nadra Achour. Loin d’être une simple transposition, cette adaptation de l’œuvre, qui met en lumière l’étouffante tension d’un huis clos, plonge le public dans une expérience intense, où le silence est aussi puissant que les mots absents.

La Presse — Dans un pavillon en banlieue, Raymond et Margot, un couple vieillissant, partagent un quotidien marqué par le silence et l’amertume. Autrefois passionnés, ils ne se parlent plus, en proie à une guerre froide domestique qui consume peu à peu leur vie. Le seul lien qui subsiste entre eux est un chat, unique confident de Raymond et cible de la jalousie de Margot.

Tandis que leur maison est encerclée par la démolition progressive de leur quartier, leur couple s’effondre sous le poids du non-dit et des rancœurs, les forçant à affronter leurs souvenirs et la solitude inévitable. Dans cette atmosphère de déclin, les souvenirs refont surface et les émotions enfouies remontent, forçant Raymond et Margot à affronter les fantômes de leur passé et l’inexorable solitude qui les guette.

Entre espoir, regret et résignation, «Le Chat» est une plongée bouleversante dans la complexité des relations humaines, où l’amour se mue en haine, et le silence en cri intérieur.

Les personnages, incarnés par des acteurs d’une grande finesse—Boutheïna Ferchiou dans le rôle de Margot et Amenallah El Ghezal— Raymond, sont pris dans un cercle vicieux de non-dit, d’incompréhension et de frustration. Ils sont prisonniers non seulement de la maison, mais aussi de leur propre incapacité à se parler véritablement. Le spectateur est invité à sentir ce malaise, à vivre cette tension sans le secours des mots. Le silence devient ici un cri intérieur, un cri muet qui déchire et qui fait un écho bien plus fort que les échanges verbaux.

L’un des aspects importants de l’adaptation de Nadra Achour est l’accent mis sur les non-dits. Dans «Le Chat», les protagonistes ne se parlent presque pas, mais tout passe par leurs gestes, leurs regards et leurs silences. Chaque silence est chargé de sens, chaque regard, de mille non-dits. 

La mise en scène de «Le Chat» par Nadra Achour s’inscrit dans une volonté de dépouillement et de simplicité. Loin de rechercher l’éclat, l’adaptatrice choisit de concentrer son énergie sur l’essentiel : la relation entre les personnages et l’espace clos qui les enferme. Le décor est minimaliste, mais chaque élément, chaque accessoire semble avoir été choisi pour amplifier l’isolement des protagonistes. Les jeux de lumière jouent un rôle central, intensifiant l’atmosphère de claustrophobie et d’introspection.

À travers cette adaptation, Nadra Achour ne se contente pas de rendre compte de la relation dysfonctionnelle entre les personnages. Elle va au-delà, en explorant les failles humaines, l’incapacité à se comprendre, à se réparer. « Le Chat» n’est pas simplement l’histoire de deux personnes enfermées dans une maison ; c’est une réflexion sur l’échec de la communication, sur l’isolement, sur la douleur silencieuse de ceux qui ne peuvent plus se dire la vérité.

Rendez-vous le 20 novembre à El Teatro. 

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Auteur

Asma DRISSI