L’indisponibilité de la ciclosporine pose un sérieux problème de santé aux personnes souffrant de syndrome de sécheresse modérée à sévère mais aussi à ceux qui présentent une kérato-conjonctivite vernale, laquelle est une affection oculaire allergique.
La Presse — Il l’est en raison de l’inconfort oculaire et visuel permanent qu’endurent ces personnes au quotidien… C’est que ces pathologies affectent sensiblement les yeux, menaçant ainsi la cornée, et par conséquent la vue ! Et seule la ciclosporine est préconisée pour soulager, quasi rapidement, les douleurs et les malaises oculaires des malades précités et leur permettre de reprendre une vie normale. Or, ce traitement demeure indisponible en raison de l’absence d’une chambre blanche à même de garantir sa préparation !
Sécheresse oculaire sévère et kératoconjonctivite
En effet, la ciclosporine est, par définition, «un traitement ophtalmique sous forme de collyre, utilisé pour traiter la sécheresse oculaire chronique et modérée à sévère, la kératoconjonctivite vernale (une affection oculaire allergique) et pour prévenir le rejet de greffe de la cornée». Il s’agit «d’un immunosuppresseur et anti-inflammatoire topique qui réduit l’inflammation à la source de la sécheresse oculaire, améliore la production des larmes et soulage les symptômes».
Pour les personnes présentant le syndrome de sécheresse sévère, relatif à certaines maladies auto-immunes dont le lupus ou encore le syndrome de Gougerot-Sjögren, la sécheresse oculaire constitue un malaise fréquemment ressenti car lié à la chronicité de la maladie. La sécheresse oculaire revient à la réduction de la production des larmes, laquelle se trouve affectée par une sécheresse modérée pour certains, sévère pour d’autres.
Et faute de larmes, une gêne oculaire constante et insoutenable à la longue persiste tant que la production des larmes n’a pas repris ! Certes, il existe des larmes artificielles sous forme de collyre. Cependant, dans les cas de sécheresse oculaire sévère, ce traitement anodin s’avère être inutile.
S’agissant de l’affection oculaire allergique, qui touche aussi les enfants, la ciclosporine en représente le traitement adéquat par excellence. «Les allergies oculaires notamment chez les enfants, risquent, à défaut de traitement à temps, de provoquer des lésions voire une déformation de la cornée. Dans ce cas, le vécu de ces enfants sera marqué par cette déformation cornéenne, notamment la scolarité, le quotidien, le bien-être oculaire…», indique Dr Afef Zarrad, ophtalmologue, à La Presse.
Risque de malvoyance |et de cécité
A défaut de ciclosporine, des séquelles redoutables risquent de survenir aussi pour les personnes souffrant du syndrome de la sécheresse sévère. «Dépourvu de larmes, l’œil risque une perforation du globe, ce qui provoque la malvoyance voire la cécité», renchérit le médecin. Elle ajoute : «C’est une grande tristesse et une terrible frustration que de devoir prescrire à mes patients des traitements de substitution qui ne donnent pas l’effet requis.
L’indisponibilité de la ciclosporine ne revient pas au manque d’une molécule mais simplement à l’absence d’une chambre blanche (une salle totalement stérilisée) pour produire la préparation pharmaceutique conformément aux normes. Pourtant, la demande y est et les cas de syndrome de la sécheresse sévère et d’allergies oculaires sont nombreux…Ils ne demandent qu’à bénéficier du droit au traitement».
Pas d’équivalent !
Il est à souligner qu’il n’existe pas de traitements équivalents qui soient disponibles en Tunisie et à la portée des patients. Le traitement Restasis, utilisé dans le traitement de la sécheresse oculaire et commercialisé à l’étranger coûte cher. «Les équivalents à la ciclosporine coûtent environ deux mille dinars ; soit un traitement suffisant pour une durée de deux mois. Or, le syndrome de la sécheresse sévère est une maladie chronique. Opter pour un traitement aussi coûteux contrecarre toute logique», ajoute Dr Zarrad.
Pour bénéficier du droit d’accès au traitement, des malades souffrant de sécheresse oculaire sévère ont déposé des demandes auprès du ministre de la Santé mais aussi auprès de la direction de l’Institut Hédi-Raïs d’ophtalmologie dans l’espoir de trouver une solution au problème et de sauver leur sens de la vue. L’implantation d’une chambre blanche urge pour garantir la ciclosporine aux malades et répondre favorablement à un besoin de santé publique.