Commentaire – Milipol 2025 : 39 stands, zéro conscience
Pendant que le salon international de la sécurité intérieure «Milipol» s’ouvre aujourd’hui à Villepinte (une commune française dans le département de la Seine-Saint-Denis, en région Île-de-France, Ndlr) sous haute tension en raison de la présence d’entreprises sionistes, le gouvernement allemand, par l’intermédiaire de l’un de ses porte-parole, Sebastian Hille, a annoncé, hier, la levée le 24 novembre de son embargo partiel sur les exportations d’armes vers l’entité sioniste, décrété le 8 août dernier en réaction à l’expansion de l’offensive sioniste à Gaza
«Depuis le 10 octobre, nous avons un cessez-le-feu à Gaza qui s’est globalement stabilisé», a souligné Sebastian Hille, lors d’un point presse, pour justifier cette démarche abracadabrantesque. «A partir du 24 novembre, les exportations d’armes vers Israël seront à nouveau possibles dans le cadre des procédures habituelles d’examen au cas par cas», a-t-il précisé.
Parallèlement, dans l’Hexagone voisin, le président français, Emmanuel Macron, a autorisé «l’ensemble des entreprises israéliennes qui le souhaitent» à participer à la 24e édition du salon biennal «Milipol» — malgré les controverses récurrentes depuis 2024 autour de la participation sioniste aux salons de défense en France —, a fait savoir jeudi l’Élysée, justifiant, également, cette décision par l’entrée en vigueur d’une trêve entre l’entité sioniste et le Hamas le 10 octobre et la volonté de «contribuer à un dialogue constructif» dans la région.
Ainsi, 39 entreprises sionistes sur 1.200 exposants seront au rendez-vous au «Milipol» : «le plus grand au monde». organisé par le ministère de l’Intérieur, qui accueillera professionnels de la sécurité et de la sûreté et surtout des ministres venuant d’une centaine de pays.
«Milipol est un salon d’État. Ne sont autorisées à exposer que des entreprises autorisées par l’État. L’État a autorisé la présence de 39 entreprises israéliennes, j’applique cette décision», déclare le préfet Yann Jounot, organisateur de «Milipol», à l’Agence France-Presse (AFP), en renvoyant la responsabilité à l’Etat.
Après avoir été empêché d’exposer sur le territoire français au salon «Eurosatory» consacré à la défense terrestre au printemps 2024, puis autorisé au dernier moment par la justice à exposer au salon «Euronaval» à l’automne, sans oublier les murs et les bâches noires érigées sur les stands sionistes lors de la 55e édition du «Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (Siae)-Le Bourget», l’État voyou renoue avec la vitrine française pour exposer ses armes et ses équipements ayant servi dans le génocide à Gaza et ses multiples agressions contre les pays du Moyen-Orient (Liban, Iran, Qatar, Syrie, etc.).
Si l’attitude de Berlin s’explique du fait du sentiment de culpabilité qui ronge les autorités allemandes depuis la Seconde Guerre mondiale vis-à-vis les Juifs, le rétropédalage pour ne pas dire la volte-face de l’Élysée vis-à-vis de la présence des entreprises sionistes dans le salon «Milipol» nous laisse pantois.
Entre enjeux économiques sans état d’âme, business létal et diplomatie menteuse, l’attitude du duo-franco-allemand vis-à-vis de l’industrie militaire et sécuritaire de l’entité sioniste et son amnésie sélective des crimes de guerre perpétrés par Tsahal sous le pilotage du gouvernement israélien nous montre à quel point la diplomatie occidentale est truffée d’hypocrisie ad nauseam.
Assurément, l’écrivain, essayiste et journaliste britannique, George Orwell, n’avait pas tort en disant que «le discours politique est destiné à donner aux mensonges l’accent de la vérité, à rendre le meurtre respectable et à donner l’apparence de la solidarité à un simple courant d’air».