« Palestine 36 » d’Annemarie Jacir à l’ouverture des JCC : Contre l’oubli
Née à Bethléem en 1974, la réalisatrice est l’une des voix majeures du cinéma palestinien contemporain. Formée aux Etats-Unis après une enfance en Arabie saoudite, elle œuvre dans le cinéma indépendant depuis 1994 et compte plus de seize films à son actif.
La Presse — Le comité d’organisation des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) a annoncé sur sa page Facebook que la 36e édition du festival, prévue du 13 au 20 décembre 2025, s’ouvrira avec le nouveau film d’Annemarie Jacir, «Palestine 36».
Un choix fort : la réalisatrice palestinienne revisite l’une des révoltes les plus marquantes du XXe siècle en Palestine mandataire, l’insurrection paysanne de 1936 contre l’autorité britannique. Elle y déploie une fresque où drames intimes et bouleversements politiques se superposent, sur fond d’arrivée croissante de populations juives fuyant l’Europe et d’une région au bord de la rupture.
Au centre du récit, Yousuf (interprété par Karim Daoud Anaya), jeune homme tiraillé entre les traditions de son village et l’attrait d’Al-Qods, où il rêve d’un avenir plus large. Autour de lui gravite une galerie de personnages : Rabab, la jeune veuve ; Khalid, le chef rebelle ; sa fille Afra ; Khouloud, citadine engagée ; ou encore Amir (Dhafer El Abidine) et Kareem, le cordonnier fils du pope, qui viennent incarner les multiples visages d’un peuple en mutation.
Le casting réunit par ailleurs une distribution internationale impressionnante : Jeremy Irons, Liam Cunningham, la star tunisienne Dhafer El Abidine, ainsi que des figures emblématiques du cinéma palestinien comme Hiam Abbass, Yasmine Al-Massri, Kamel El Basha et Saleh Bakri.
L’atmosphère du film, à la fois poétique et traversée de tension, doit beaucoup à la musique originale de Ben Frost et à la photographie d’Hélène Louvart, dont la caméra sublime la densité émotionnelle de cette période charnière.
Née à Bethléem en 1974, Annemarie Jacir (réalisatrice, scénariste et productrice ) est l’une des voix majeures du cinéma palestinien contemporain. Formée aux États-Unis après une enfance en Arabie saoudite, elle œuvre dans le cinéma indépendant depuis 1994 et compte plus de seize films à son actif.
Ses œuvres ont été projetées dans les plus grands festivals à l’instar de Cannes, Berlin, Venise, Locarno, Rotterdam, Toronto, et ses longs métrages ont représenté officiellement la Palestine aux Oscars. Son court «Like Twenty Impossibles» (2003) fut le premier court arabe sélectionné à Cannes, avant de devenir finaliste aux Oscars.
Son deuxième long film, «When I Saw You», lauréat du prix du meilleur film asiatique à la Berlinale, a également été nommé aux Asian Pacific Screen Awards. Quant à Wajib (2017), il a raflé pas moins de 36 prix internationaux, dont ceux de Mar del Plata, Dubaï ou encore du London BFI Festival.
Travaillant à la fois dans la fiction et le documentaire, elle a également réalisé «Until When,» «A Few Crumbs for the Birds» et «A Post Oslo History». Avec «Palestine 36», elle signe une nouvelle plongée sensible dans l’histoire et la mémoire d’un peuple opprimé en quête de libération et de justice.
