Une bonne attitude collective, un état d’esprit rayonnant, mais faut-il encore garder les pieds sur terre.
La Presse — Les « experts » que l’on compte parmi les douze millions de sélectionneurs que nous possédons, ceux qui attendent sournoisement tapis à l’ombre du dénigrement systématique, ont certainement battu (momentanément) en retraite en découvrant cette troublante équipe de Tunisie « new look » que Sami Trabelsi a envoyé au feu face aux Brésiliens.
L’équipe de Tunisien, qui a eu à se mesurer à un grand de la planète football, a failli lui faire mordre la poussière à Lille. Prudents, bien des observateurs ont bien voulu émettre un pronostic en faveur de cette équipe tunisienne qui a toujours eu un digne comportement face aux grands. Nous avons bien battu l’équipe de France ; le Brésil, même s’il figure parmi les favoris logiques de tout Mondial, n’est pas à l’abri d’une surprise.
Et si Ancelloti a choisi de clore la première phase de sa préparation par une rencontre avec l’équipe tunisienne, ce n’est pas le fait du hasard. Ce genre de techniciens ne décide jamais sans avoir sous la main un ensemble de données, que lui prépare son staff d’assistants et d’observateurs. Cela lui permet de prendre sa décision en connaissance de cause. Analyses, rapprochements, comparaisons, comportements des adversaires sont suivis de près.
Le style de jeu des Tunisiens est différent de celui des subsahariens. C’est d’ailleurs le cas de toutes les équipes d’Afrique du Nord. Les Tunisiens sont réputés pour leur discipline et leur maturité collective. Et Ancelotti l’a reconnu après le match «pour battre la Tunisie il faudrait être patient et dans les meilleures dispositions techniques. La Tunisie possède une équipe respectable et bien organisée, qui mise sur des transitions rapides. Pour les battre, nous devrons jouer à notre meilleur niveau», a-t-il reconnu.
Et c’est en fin de compte ce que nous avons vu tout au long de cette rencontre repère, pour les deux équipes.
Mejbri partout
Sur un terrain qui ressemblait à un drap de billard américain, et là Hannibal Mejbri avait parfaitement raison en faisant la comparaison avec les déboires de Radès. La balle traçait ses arabesques, sans sautiller ni faux bonds, à un rythme soutenu. Les deux équipes ont offert le spectacle. Le destin a fait le reste.
Le grand Brésil a échappé à une défaite humiliante. Les «Aigles de Carthage» ont volé la vedette aux joueurs brésiliens qui n’ont presque jamais inquiété la défense tunisienne bien positionnée devant Dahman. Les tentatives de tirs contrées témoignent de la bonne connaissance des joueurs adverses.
La stratégie choisie a bien marché, les remontées de balles soigneusement menées, avec une charnière concentrée et un animateur qui se démenait aisément. Mejbri était partout. Il a donné la pleine mesure de ses immenses qualités, entouré de camarades qui savaient ce qu’ils devaient faire. Skhiri, enfin pleinement disponible, a complété le profil de cette équipe de Tunisie.
Maintien de l’état d’esprit
Maintenant que reste t-il à faire ? Il nous semble que la priorité réside dans le maintien de l’état d’esprit de ce groupe. Ceux qui frapperont aux portes de cette équipe se doivent de comprendre que l’ambiance de groupe, la solidarité et le désir de tout donner à l’équipe (et à elle seule) est primordial.
Dans cet ensemble, nous avons tous relevé que chacun avait et connaissait son rôle. Pour conserver cette ambiance de solidarité, on se doit de protéger ce groupe de ceux qui voudraient y entrer pour leur seul CV.
Au niveau technique et futures performances, l’équipe de Tunisie ne peut plus se permettre des sorties en demi-teinte. Sami Trabelsi l’a nettement et courageusement précisé : «Nous devons répéter cette performance pour prouver que nous avons avancé ». C’est clair.
Voila pourquoi l’on devrait être content de ce résultat. Sans s’emballer et tirer des plans sur la comète. Les joueurs de Sami Trabelsi ont livré une prestation héroïque, se battant avec acharnement pour défendre les chances de leur équipe nationale. Ils ont fait preuve d’intelligence et d’une remarquable maturité tactique. Ils ont frôlé la victoire !
Ce nul, dans ces conditions, suffit. Il est porteur de beaucoup de promesses et d’espoir.