Exposition des sociétés communautaires, à Tunis : Des artisans témoignent.
Il y a trois ans, les sociétés communautaires, un nouveau mode d’entreprendre à double vocation sociale et solidaire, ont vu le jour et dont le nombre a commencé, depuis, à aller crescendo. On en compte aujourd’hui quelque 230 dont 60 déjà en activité effective.
La Presse —Tout appui en faveur de pareille entreprise citoyenne ne serait-ce que pour améliorer son sort et lui donner les moyens de ses ambitions. C’est dans cette optique que des journées promotionnelles dédiées aux produits des sociétés communautaires en matière d’artisanat se déroulent, actuellement, à la Galerie d’information, à Tunis. Leurs propriétaires, artisans de profession, sont en train d’y exposer, du 17 au 22 de ce mois, afin de se faire connaître, mais aussi de présenter ce qu’ils ont créé, avec doigté et passion.
De nouvelles incitations promotionnelles
D’ailleurs, des stands sont mis à leur disposition, gratuitement, en guise de soutien et d’accompagnement que l’Office national d’artisanat (ONA) œuvre à leur apporter, volontiers. Ceci étant, dans le cadre de sa stratégie de renforcement et de promotion de ces sociétés communautaires spécialisées en matière d’artisanat.
Ces journées représentent pour ces artisans une opportunité professionnelle qui pourrait leur baliser la voie vers d’autres marchés locaux et internationaux. Surtout que le nouveau décret n°3- 2025, modifiant et complétant celui de 2022, vient leur donner un coup de pouce et accorder aux nouveaux promoteurs d’importants avantages fiscaux et financiers.
Ces incitations consistent, selon le conseiller fiscal, Slim Manaï, en la suspension de la TVA et l’exonération d’impôts et de taxes pendant dix ans, à compter de la date de création de la société. De même, des crédits à taux préférentiels et une priorité pour la location de terres agricoles domaniales. Soit un cadre législatif mieux adapté, dans le but de booster ce nouveau mode d’investissement collectif. Ce dont ont besoin les exposants qui sont issus de plusieurs régions du pays.
Leila Raouek, représentante d’une société communautaire régionale à Zaghouan, spécialisée dans la valorisation des produits du terroir, avec un capital de 28.000 dinars. «Soit, des activités artisanales liées à tous nos produits locaux spécifiques à chaque délégation qui sont au nombre de six», explique-t-elle.
Ces difficultés qui bloquent !
Et d’ajouter que Zaghouan regorge d’un héritage ancestral riche en potentiel professionnel traditionnel, réparti sur les différentes délégations que compte la région, à savoir la distillation des plantes aromatiques (l’églantier «Nesri», le géranium rosat, etc.) et leur utilisation dans nos pâtisseries traditionnelles, la valorisation des produits forestiers (romarins…), l’huile d’olive, la préparation des réserves alimentaires (El Aoula), et bien d’autres activités.
«Nous sommes six délégations réunies en une seule société collective, lancée il y a deux ans, mais nous n’avons commencé à produire que cette année, vu les difficultés de démarrage d’ordre foncier et administratif, auxquelles nous avons fait face», révèle-t-elle, pointant du doigt la non-disposition du local et la bureaucratie qui tue.
Mme Raouek a indiqué que sa société participe, pour la deuxième fois, à ces journées promotionnelles. «Nous avons eu également l’occasion de nous exposer au Kram et à Sousse», rappelle-t-elle.
Ambitieuse, elle vise l’international. Devant son stand où s’étalent des articles et produits faits des mains des artisans non-voyants, Hamza Hajjaji nous a présenté la société communautaire des métiers d’artisanat, basée à Béja : «Notre société, qui compte une soixantaine d’artisans fondateurs dont je suis membre, œuvre dans la fabrication des produits en osier. Son capital est de l’ordre de 20.000 dinars».
Initiée bien avant, note-t-il, elle n’a été créée qu’en janvier dernier, en raison du retard enregistré dans les formalités administratives, la formation des artisans et la non- disposition du local.
Il importe, ici, de souligner que ce modèle de société a du mal à évoluer dans un environnement d’investissement régi par des lois anciennes. Pour faciliter l’accès à ces projets, un guide de procédures relatif à ces sociétés communautaires devait être lancé, depuis des mois, avec une version en braille pour les malvoyants. L’objectif est d’en faire une locomotive du développement local.