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Société

France – 20e édition de «L’Assiette Gourm’Hand» : Le Tunisien Mehdi Zeribi brille de mille feux à Bailleul !

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  • 22 novembre 18:00
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France – 20e édition de «L’Assiette Gourm’Hand» : Le Tunisien Mehdi Zeribi brille de mille feux à Bailleul !

Atteint du syndrome de Down* — la trisomie 21 —, ce cuisinier a occupé, samedi dernier, la 3e place du classement général du prestigieux concours gastronomique «L’Assiette Gourm’Hand» et reçu, aussi, des mains du président de la Société mutualiste des cuisiniers de France, Christian Leclou, le Prix spécial de l’environnement durable.

La Presse — Qui a dit que les passionnés de la bonne chère n’avaient pas leur place dans une brigade professionnelle d’un restaurant ? Le très sympathique Mehdi Zeribi (39 ans), salarié depuis janvier 2020 du restaurant «Le Baroque» du chef Mounir Arem, à Tunis, vient de montrer que l’impossible n’est pas tunisien.

Pour sa deuxième participation d’affilée au prestigieux concours culinaire «L’Assiette Gourm’Hand» — une compétition gastronomique qui vise à valoriser le travail de professionnels porteurs d’un handicap —  et  coaché par son mentor Bilel Wechtati (chef exécutif du restaurant «Le Baroque»), le cuisinier tunisien, atteint de la trisomie 21, a terminé, samedi dernier, la compétition sur le podium, en occupant une honorable troisième place, au lycée professionnel Sainte-Marie à Bailleul, dans les Hauts-de-France, en France.

Toujours dans le cadre de cette 20e édition de «L’Assiette Gourm’Hand», le candidat tunisien a, également, remporté le Prix spécial de l’environnement durable : une distinction décernée par le président de la Société mutualiste des cuisiniers de France, Christian Leclou.

«Discipliné, motivé et surtout passionné, Mehdi est bien plus qu’un apprenant : c’est un partenaire de travail et un ami fidèle, avec qui la complicité se ressent jusque dans les fourneaux. Je suis certain qu’il ira loin dans ce métier, avec tout le talent et le cœur qu’il y met», souligne son moniteur.

Et Mehdi Zeribi ne cache pas son envie de réussir derrière les fourneaux.

«J’aimerais évoluer dans ce métier», fait-il savoir.

Lancé par le chef godewaersveldois, Benoît Flahault, en 2003 avec le soutien de l’Académie nationale de cuisine (ANC), le concours est devenu le rendez-vous incontournable de l’inclusion et de l’«empowerment» (un processus permettant aux individus et aux groupes d’acquérir et de renforcer leur pouvoir d’agir sur les conditions de leur vie sociale et économique) des professionnels porteurs de handicap et séduit des candidats français et internationaux (italiens, marocains, tunisiens, belges, suisses, luxembourgeois ou encore russes).

16 équipes, 6 pays

Pour le vingtième anniversaire de cette joute culinaire gagnée par le duo français de la «Cafétéria La Fontaine» (Troyes, Aube), Grégory Renaudin et Axel Marquand, seize équipes représentant six pays se sont affrontées dans les cuisines du lycée Sainte-Marie, à Bailleul.

Le souhait du chef Flahault a toujours été d’organiser une compétition hors du commun pour des personnes singulières dans le but de leur offrir la possibilité d’entrer dans la cour des grands en étant reconnus par leurs pairs. 

Ainsi, sous l’encadrement bien attentionné de professionnels du métier — chefs cuisiniers et meilleurs ouvriers de France —, les candidats accompagnés de leurs moniteurs devaient en une heure trente concocter un plat imposé par le jury composé de ces professionnels. 

«L’Assiette Gourm’Hand est avant tout une sorte de tremplin et un moyen de valoriser le travail de ces personnes en situation de handicap. Lauréat ou pas, le concours leur permet d’espérer intégrer, par la suite, l’univers de la grande restauration», font savoir les organisateurs. «C’est une célébration du talent, de la passion et du savoir-faire de ces professionnels hors normes», ajoute l’équipe organisatrice, dont le travail a été récompensé par les Coups de cœur citoyens de la Fondation Sncf, qui soutient les projets associatifs dans les domaines de la solidarité et de l’environnement.

Il est à rappeler qu’en Tunisie, il y aurait entre 250 et 300 naissances de trisomiques 21 par an et, aujourd’hui, 603 autistes fréquentent les jardins d’enfants contre 1.000 en 2025, selon des chiffres officiels. Devenues adultes, ces personnes porteuses d’un handicap mental ou cognitif sont deux à trois fois plus touchées par le chômage que le reste de la population. Seules 0,5%  des personnes atteintes de handicap mental travaillent en milieu ordinaire.

Devant un tel constat, rares sont les entreprises tunisiennes, notamment dans le paysage des métiers de bouche, qui font de l’inclusion, de l’insertion et de l’autodétermination des professionnels porteurs d’un handicap un choix assumé. Voilà pourquoi le cas de Mehdi Zeribi est à encourager et l’initiative du chef Mounir Arem d’intégrer une personne atteinte du syndrome de Down dans sa brigade est à saluer. Bravo !

*Le syndrome de Down, dit aussi la trisomie 21 ou la trisomie G, est une anomalie chromosomique, causée par la présence d’un chromosome 21 supplémentaire, entraînant un déficit intellectuel, des anomalies physiques et des problèmes de santé (ex: des cardiopathies fréquentes). Toutefois, des avancées médicales ont considérablement allongé l’espérance de vie des trisomiques 21. Et le soutien précoce, la rééducation et un environnement familial et social adapté sont essentiels au développement de la personne.

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Auteur

Abdel Aziz HALI