L’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perroni, a exprimé l’ouverture de l’UE à la modernisation des accords commerciaux tuniso-européens afin de les adapter aux évolutions géopolitiques, économiques et législatives. Lors d’une rencontre jeudi avec le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), Samir Majoul, l’ambassadeur a souligné que l’accord commercial en vigueur, conclu en 1995, appartient à la première génération et nécessite une mise à jour pour renforcer la durabilité et faciliter l’intégration des entreprises tunisiennes dans le cadre européen.
Giuseppe Perroni et la délégation européenne ont confirmé leur volonté de travailler en étroite collaboration avec l’UTICA afin de soutenir les entreprises tunisiennes et d’accélérer leur intégration dans le système européen. Cette démarche vise à renforcer les relations économiques et à promouvoir un partenariat stratégique renouvelé, fondé sur l’intérêt mutuel et la coopération gagnant-gagnant.
Lors de cette rencontre, qui a réuni plusieurs membres du bureau exécutif national de l’UTICA, des représentants de secteurs économiques et des responsables institutionnels, il a été convenu d’organiser prochainement une session bilatérale élargie pour examiner les dossiers en détail et mettre en place des mécanismes de travail communs basés sur l’esprit de partenariat et d’intégration.
Les discussions ont mis en lumière la nécessité d’ouvrir un dialogue approfondi sur plusieurs questions d’intérêt commun, notamment les barrières douanières et non douanières, les exigences de durabilité et de conformité environnementale ainsi que la réduction de l’empreinte carbone. L’importance de préparer la phase post-accord actuel a également été soulignée, tout en préservant le principe de coopération profitable aux deux parties et en maintenant l’orientation commune vers les marchés mondiaux, selon l’UTICA.
Les représentants de l’Union européenne ont en outre abordé plusieurs défis sectoriels spécifiques. Ils ont relevé les difficultés rencontrées par le secteur du textile et de l’habillement, liées à l’érosion des avantages préférentiels en raison des accords de partenariat conclus par l’UE avec des pays concurrents. L’impact du système de quotas sur les opérations de transformation simple a été évoqué, soulignant la nécessité de supprimer toutes les barrières douanières et non douanières. La question de l’huile d’olive a été soulevée avec l’appel à réviser le quota annuel accordé à la Tunisie et à supprimer tout plafond limitant les exportations, afin de garantir un accès libre aux marchés européens sans restrictions ni droits de douane.
Un programme intégré de soutien au secteur des dattes a été proposé, comprenant le développement des méthodes de promotion et de consommation, la protection des petits producteurs et le renforcement des capacités d’exportation. Les représentants européens ont également discuté des difficultés et droits imposés sur les exportations tunisiennes de dérivés de céréales, même européens, et ont évoqué l’entrée en vigueur prochaine de la taxe carbone européenne au début de l’année prochaine, qui concerne directement les entreprises tunisiennes.
Les possibilités de partenariat dans les technologies modernes ont été mises en avant, notamment l’investissement dans les centres de données, l’échange d’informations, l’amélioration des mécanismes de certification de conformité et la facilitation de la libre circulation. La question des produits manufacturés a également été abordée, avec le constat de l’absence de laboratoires locaux pour les tests techniques et la nécessité de mécanismes d’aide pour obtenir les certificats de conformité, ainsi que l’unification des procédures d’accréditation pour l’exportation vers plusieurs marchés européens.
Par ailleurs, l’importance de l’accord sur l’open sky a été soulignée, cet accord ayant un impact économique et financier significatif. Selon l’UTICA, sa mise en œuvre pourrait permettre d’attirer environ un million de touristes supplémentaires par an et renforcer l’activité dans le secteur du tourisme, de l’artisanat et des activités connexes.
Les représentants européens ont insisté sur la nécessité d’un dialogue permanent afin de répondre aux défis stratégiques et sectoriels et de consolider la coopération économique et commerciale entre la Tunisie et l’Europe.