gradient blue
gradient blue
Editorial

Nos enfants, otages du numérique

Avatar photo
  • 22 novembre 10:19
  • 3 min de lecture
Nos enfants, otages du numérique

Nous saluons, d’abord, la charte signée entre les ministères de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées et des Technologies de la communication en vue de «renforcer les capacités des familles à assurer à l’enfant un environnement numérique sécurisé» Une Charte qui constitue un acte salutaire, un sursaut d’État face aux périls silencieux qui, chaque jour, grignotent l’innocence de nos enfants sur les plateformes numériques.

Mais au-delà du geste institutionnel, il est temps de dire les choses avec gravité: le danger est là, réel, rampant, polymorphe. Et le cas de TikTok, qui a occupé les discussions de l’Observatoire des droits de l’enfant, n’est qu’un symptôme parmi d’autres d’un écosystème numérique devenu incontrôlable.

Le numérique, jadis promesse de savoir et d’ouverture, s’est mué en forêt opaque où circulent des prédateurs invisibles, des algorithmes affamés et des contenus toxiques qui s’infiltrent dans l’imaginaire le plus tendre. TikTok, de par sa fulgurance, son rythme hypnotique, son esthétique de l’instant qui écrase la réflexion, éduque désormais les émotions avant même que les parents ne puissent les nommer.

Une plateforme capable de captiver un enfant en quelques secondes ne peut être abordée avec légèreté. Elle nécessite une vigilance quasi parentale, constante, intelligente.

C’est pourquoi la réunion organisée vendredi par l’Observatoire revêt une importance majeure. Elle tente de créer ce qui nous manque cruellement : une pensée coordonnée, une action harmonisée, une compréhension collective de ce qui menace nos enfants. Car l’erreur la plus grave serait de réduire ces phénomènes à des «dérapages» ou à de simples modes numériques.

Nous avons affaire à de nouvelles pratiques sociales, à de nouveaux territoires psychiques, à de nouvelles formes de dépendance et d’exposition. Nos enfants ne jouent plus sur les réseaux : ils y vivent.

La charte nationale annoncée par lesdits ministères est donc un premier rempart, fragile mais nécessaire, contre la cyberviolence et les dérives de ces plateformes.  

Aujourd’hui, nous tirons la sonnette d’alarme non par alarmisme, mais par devoir. Nous devons protéger nos enfants avant que leurs écrans ne deviennent leurs tuteurs. L’heure n’est plus à l’observation prudente. Elle est à l’action éclairée, ferme, collective. Pour que le numérique redevienne un outil et cesse d’être un danger. 

Avatar photo
Auteur

Salem Trabelsi