Une enquête de terrain menée par l’Institut de santé et de sécurité au travail (ISST), en collaboration avec le Centre sectoriel de formation en mécatronique de Borj Cedria (Ben Arous), met en lumière des insuffisances notables dans la compréhension des notions d’accident du travail et de maladie professionnelle chez les futurs techniciens du secteur.
Selon les résultats publiés dans la revue d’octobre 2025 de l’ISST, 57 % des personnes interrogées considèrent l’accident du travail comme un événement entraînant uniquement des dommages corporels, tandis que 65 % définissent la maladie professionnelle comme une maladie due au travail, sans savoir, pour la majorité, qu’elle doit figurer dans une liste officielle. Seuls 29 % de l’échantillon maîtrisent ce critère réglementaire.
L’enquête, menée auprès de 65 stagiaires masculins, majoritairement jeunes, inscrits au centre de Borj Cedria, visait à évaluer leur niveau de connaissance des risques professionnels et des mesures de prévention. Le questionnaire, composé de 34 items, a également permis de sonder leur compréhension des obligations légales.
Les résultats montrent que 77 % des répondants savent que l’employeur est tenu de protéger les travailleurs, et 82 % qu’il doit les assurer contre les accidents du travail et les maladies professionnelles. En revanche, des confusions persistent quant aux procédures administratives : 48 % pensent que la déclaration des accidents doit être faite auprès des compagnies d’assurance, alors que seulement 35 % connaissent la réforme de 2004 confiant cette mission à la CNAM.
Concernant l’accès à l’information, 60 % déclarent s’informer à travers les programmes de formation, les autres via Internet ou leurs connaissances générales.
Malgré ces lacunes juridiques, les stagiaires affichent une bonne perception des dangers liés à leur domaine : 89 % estiment que les ateliers de mécanique présentent des risques importants (électriques, chimiques, incendies…), même si certains autres risques restent insuffisamment identifiés.
Les auteurs de l’étude rappellent qu’il n’existe pas, en Tunisie, de statistiques nationales sur les accidents du travail dans le secteur de la mécanique automobile, pourtant crucial pour l’économie et les services. Ils recommandent de renforcer la culture de sécurité dans les centres de formation via des programmes de sensibilisation plus interactifs et ancrés dans la pratique.
Selon l’établissement, le Centre sectoriel de formation en mécatronique de Borj Cedria a formé 1 012 diplômés entre 2020 et 2025, confirmant son rôle central dans la préparation de compétences techniques adaptées au marché du travail.