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Ordre mondial : Carthage plaide pour un multilatéralisme éthique

  • 24 novembre 17:00
  • 4 min de lecture
Ordre mondial : Carthage plaide pour un multilatéralisme éthique

Le Président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, au début de la semaine dernière au Palais de Carthage, le directeur général de l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Isesco), Dr Salim Ben Mohammad Al-Malik, ainsi que le haut représentant des Nations unies pour l’Alliance des civilisations et envoyé onusien chargé de la lutte contre l’islamophobie, Miguel Ángel Moratinos. La rencontre a porté sur plusieurs questions culturelles et civilisationnelles dans un contexte mondial en pleine mutation.

La Presse — Le Chef de l’État a souligné, à cette occasion, l’égalité entre les nations et la nécessité d’abandonner des concepts obsolètes. Il a appelé à «un partenariat fondé sur des valeurs humaines universelles et rejeté toute hostilité entre civilisations». Le Président a insisté sur «la primauté de la justice et de la liberté aux échelles nationale et internationale», dénonçant les distinctions entre «civilisés» et «barbares» comme des schémas coloniaux. Il a enfin évoqué l’émergence d’une nouvelle légitimité mondiale, centrée sur la liberté, la justice et l’émancipation durable.

Un ordre mondial en recomposition

La réception, au Palais de Carthage, de deux hauts responsables d’organisations internationales engagées dans le dialogue interculturel intervient dans un contexte mondial marqué en particulier par une fragmentation géopolitique inédite. Alors que les tensions identitaires se multiplient et que même les institutions multilatérales peinent à s’adapter à un ordre international en recomposition.

En réaffirmant l’égalité entre les civilisations et en appelant à dépasser des concepts qu’il juge désormais obsolètes, le Chef de l’État s’inscrit dans une tendance portée par de nombreux pays du Sud, déterminés à rééquilibrer les rapports de force mondiaux. Ce discours trouve un écho jusque dans les discussions actuelles sur la réforme des institutions internationales, notamment au sein des Nations unies.

En effet, l’ONU vient de présenter sa stratégie pour mener à bien l’une de ses réformes systémiques les plus ambitieuses depuis des décennies, lors de la présentation par le Secrétaire général adjoint aux politiques, Guy Ryder, du Plan d’action de l’Initiative ONU80 appuyé par la Tunisie. Il s’agit d’une feuille de route majeure qui vise à moderniser son fonctionnement en profondeur, rationaliser ses mécanismes et renforcer son impact dans les domaines de la paix, du développement et de l’action humanitaire.

Alors que le système onusien traverse une période de fragilité budgétaire et de contestation politique, cette initiative entend restaurer l’efficacité et la cohérence, en regroupant 87 actions prioritaires destinées à adapter l’organisation à un monde en rapide mutation.

La Tunisie défend un multilatéralisme éthique et équitable

Face à la résurgence de discours de confrontation culturelle et aux manifestations croissantes de discrimination, Tunis défend un multilatéralisme recentré sur l’éthique, la justice et le respect mutuel.

Parallèlement, notre pays observe avec préoccupation la montée des actions anti-islam dans plusieurs régions du monde, souvent liées à l’expansion des mouvements d’extrême droite. Ces tendances se traduisent par des politiques discriminatoires, des discours de haine, renforçant l’urgence d’un dialogue interculturel et d’initiatives internationales de lutte contre l’islamophobie. La position prônée par le Chef de l’Etat se veut un exemple de défense des droits universels et de promotion de l’égalité entre les peuples.

En dénonçant les logiques de domination héritées de l’histoire coloniale et en évoquant l’émergence d’une nouvelle légitimité internationale, la Tunisie soutient les aspirations de nombreux États qui revendiquent un ordre mondial plus équitable.

Face à un ordre mondial en pleine mutation et à la montée des tensions identitaires, la Tunisie se positionne, donc, en faveur d’un multilatéralisme éthique et équitable. En réaffirmant l’égalité entre les nations, en rejetant les schémas néocolonialistes et en appelant à la primauté de la justice et de la liberté, notre pays s’inscrit dans une dynamique mondiale visant à bâtir une nouvelle légitimité internationale, fondée sur le respect mutuel et l’émancipation durable des peuples.

Auteur

Samir DRIDI