Du nord au sud, l’équipe de l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie(Anme) est en train de parcourir les régions, tâtant le pouls des ménages sur leur perception du photovoltaïque. Elle voudrait savoir ce qu’ils en pensent et comment ils peuvent saisir une telle conversion énergétique.
La Presse —Cela semble évident ! L’adhésion au réseau «Prosol Elec économique» fournit aux abonnés de la Steg une certaine autonomie de consommation électrique. En quoi consiste cette action sur le terrain que l’Anme s’engage à mener à bon port, doublée d’une vaste campagne de communication digitale, afin que le message voulu puisse atteindre son but. Car sensibiliser des ménages jusque dans leurs foyers, ne serait-ce que pour identifier des clients potentiels éligibles à l’installation du système photovoltaïque, avec des facilités intéressantes. Véritables relais d’information, les médias pourraient jouer un rôle de premier plan. L’Anme les qualifie d’ambassadeurs de la transition énergétique, leur dispensant, régulièrement, des formations thématiques sur la question.
Une solution à portée de main
Le photovoltaïque se veut, désormais, une solution à portée de main, d’autant plus qu’il présente des avantages pour ceux qui y adhèrent volontiers : coûts réduits de la consommation d’énergie, allégement de la facture Steg et autoproduction d’électricité. Tout passe, simplement, par un réseau d’installation photovoltaïque (IPV), censé compenser tout manque à gagner en termes d’électricité. Et c’est tant mieux. Le soleil brille sous nos cieux, plus de 3.000 heures par an, offrant un gisement énergétique intarissable, sans que l’on s’ingénie à exploiter à bon escient.
Il était une fois un projet solaire tunisien (PST) qui aurait dû faire son chemin, s’il y avait eu, vraiment, une réelle volonté pour le concrétiser. Ce fut, alors, un avant-goût inspirant qui nous titille souvent l’esprit, à l’aune des défis climatiques qui nous s’imposent et pèsent sur nos ressources naturelles. Parallèlement, la transition énergétique fait sa loi et nous force la main pour que l’on passe au vert et puisse valoriser notre potentiel solaire.
Aujourd’hui, face à l’épuisement de nos réserves fossiles et la demande croissante d’énergie, il n’y a pas d’alternative que de s’orienter vers les énergies renouvelables. Un choix incontournable, dans la mesure où l’on change aussi nos modes de production et de consommation.
Une telle énergie dans nos foyers, c’est dans l’air du temps ! Et c’est le bon moment où l’on doit agir sur notre façon de vivre, et en finir avec une économie énergivore et impropre qui, de surcroît, émet des gaz à effet de serre. L’Anme fait de son mieux pour y arriver. En septembre 2024, elle a annoncé le lancement officiel du «Prosol Elec économique», soit l’autoproduction d’électricité via des systèmes solaires photovoltaïques connectés au réseau basse tension, ciblant les familles à revenu moyen.
L’Anme fait campagne
Sa campagne de sensibilisation sur l’économie d’énergie qu’elle avait lancée, ces dernières années, et continue de le faire tous azimuts lui a permis d’avoir en retour des résultats plutôt probants. «On a concocté tout un plan de communication digitale continu, des spots télé et radio, ainsi que des visites et actions sur le terrain. Après Tabarka, on était dernièrement à Tozeur, dans le cadre des journées de sensibilisation quant à la portée du programme «Prosol Elec» dans sa nouvelle dimension économique, car sa version classique 2010 est déjà connue, le message clé que l’on voudrait passer est d’inciter à y adhérer massivement», affirme Sana Kacem, ingénieure, chef de service à l’Anme, chargée de «Prosol Elec économique».
Ainsi, opter pour le photovoltaïque n’est guère une gageure, et encore moins un système compliqué. Pour l’Anme, le photovoltaïque est un pari gagnant. Mais, comment faire convaincre le citoyen à adopter ce choix ? «Le privilège est que ce programme national favorise des incitations au profit des bénéficiaires éligibles, consistant en des subventions financières à hauteur de 1.500 dinars par système, des crédits bancaires sans aucun autofinancement client préalable, et dont le remboursement serait sur 10 dix ans, avec un taux d’intérêt réduit à 3% fixe bonifié», explique-t-elle, assurant que tous les frais seront à la charge de l’Etat. Alors que «Prosol Elec classique» est fourni, avec des crédits dont le taux d’intérêt est plafonné à 9,4% sur 7 ans.
Ce tarif différentiel encouragerait une catégorie de clients dont la consommation annuelle d’électricité se situe entre 1200- 1800 KWH/ an. Au total, 700 mille ménages, répartis sur le territoire national, vont en bénéficier. Etant en phase pilote, ce réseau d’installation photovoltaïque (IPV) tente, d’ici à l’année prochaine, de couvrir près de 67 mille foyers, soit l’équivalent de 10% du nombre total des abonnés résidentiels de la Steg. Un semblant de défi à relever, vu la réticence ressentie à cet égard. «Oui, le nombre d’abonnés est, jusqu’ici, restreint par rapport à ce que l’on attendait…», reconnaît Mme Kacem.
Cette évaluation à mi-parcours avait donné à renouer avec le message clé, sur fond de manipulation de proximité et de formation bien ciblée. «On a focalisé sur des moyens de communication diversifiés, de multiples visites de terrain et de porte-à-porte, afin d’approcher plusieurs clients potentiels», indique-t-elle, soulignant ici, l’intérêt d’aller vers les sociétés d’installation PV agréées par l’Etat, figurant, déjà, sur la page de l’Anme. Mais, il n’y a pas que l’Anme, la Steg, elle aussi, devrait mettre la main à la pâte pour aller plus loin dans cette vaste campagne de sensibilisation, étant donné qu’elle gère plus de 4,5 millions d’abonnés. Et de poursuivre, «on compte, d’ailleurs, dispenser des formations à l’intention aussi bien des agents de la Steg que des installateurs PV pour en faire une courroie de transmission de l’information auprès des ménages concernés».
La phase pilote déjà lancée
Toutefois, ces installateurs PV sont si réticents qu’ils ont impacté le bon déroulement de l’opération. Et pour cause ! On vient de mettre au profit de plus de 400 installateurs accrédités des mesures d’assouplissement (allègement des dossiers techniques et administratifs, déblocage de fonds dans les délais..), dans le but de leur faciliter la tâche. La Steg avait, aussi, mis à leur disposition un manuel de procédure lié au traitement des dossiers clients et les conditions d’installations PV. Tout cela pour les aider à passer à l’action.
Et encore ! On ne s’arrête pas là, l’évènementiel semble aussi de mise. Surtout l’organisation de manifestations de sensibilisation à l’échelle locale qui soient plus proches de citoyens. «D’autres acteurs influents (la chambre syndicale du photovoltaïque, la Conect, la Steg) sont, également, sollicités pour nous aider à diffuser largement l’information», évoque-t-elle.
Cependant, agir de la sorte ne suffit pas. L’idéal, pour elle, est de voir autant d’installateurs PV s’impliquer effectivement dans ce programme, et ce, à travers l’adhésion des ménages à cette énergie solaire. L’on commence, d’ailleurs, à voir des gestes plutôt économes, agissant, particulièrement, sur la facture de la Steg qui avait tant alourdi le fardeau des ménages.
Et pour convaincre les citoyens, il a fallu donner la preuve. En effet, l’Anme avait lancé, en étroite coordination avec la Steg, la phase pilote de son projet, à Nefza, dans le gouvernorat de Béja. Cette mise à l’essai s’avère, plutôt, nécessaire pour cibler autant de clients. «C’est aussi un engagement collectif pour encourager une transition énergétique inclusive en Tunisie, à même de pouvoir accéder à une énergie propre et durable», selon la GIZ, partenaire à l’action.
10 foyers adhérents à Nefza
Dans la localité rurale «Gurstaya», à Nefza, ladite campagne de communication semble avoir porté ses fruits : un noyau de 10 foyers a réussi à installer, l’année dernière, des panneaux photovoltaïques, profitant ainsi des bienfaits du «Prosol Elec économique». «Je ne sais pas pourquoi ma facture Steg demeure encore peu élevée, alors que je produis ma propre électricité ?!», se demande, Noureddine, un des résidents adhérents. Sexagénaire, ce dernier n’a pas bien, semble-t-il, fait le compte. «Mais, non ! Le total net qu’on vous demande de payer consiste seulement en des frais fixes, auxquels s’ajoute le crédit bancaire remboursable sur 10 ans, via la facture d’électricité de la Steg», lui explique ainsi le représentant de la société installatrice PV, présent sur les lieux. Bien que ce montant lui ait semblé supérieur à ce qu’il à l’habitude de payer, sa facture affiche zéro consommation d’électricité.
Et là, intervient le chargé de com à l’Anme, pour l’assurer que le recours à cette énergie solaire aura à réduire, même à long terme, sa dépendance électrique à la Steg et rationaliser, de la sorte, sa consommation d’électricité. Encore plus, l’installateur PV est revenu sur ce point pour faire comprendre à son client comment ça marche : «Si la production des panneaux solaires est supérieure à la demande en électricité, le courant autoproduit alimente vos consommations. Le cas contraire, si la production photovoltaïque est inférieure à la demande, le réseau électrique de la Steg prend le relais pour combler ce manque, surtout la nuit, lorsque les panneaux ne produisent pas. D’un autre côté, le surplus est réinjecté sur le réseau gratuitement».
Etalé sur la période 2022-2026, «Prosol Elec économique» aurait à polariser autant de clients et cibler de nouveaux foyers, sans pour autant cesser de communiquer sur les avantages des installations PV et les gains réalisés en termes d’argent et d’énergie verte. Cela s’inscrit dans la politique de l’Etat visant à combler le déficit de la balance énergétique dû, en partie, à la demande accrue d’énergie fossile. Ce faisant, le photovoltaïque se pose comme une alternative à plus d’un titre.