Tunisie–Europe : Mohamed Ali Nafti appelle à un partenariat renouvelé au Sommet Afrique–Europe
Dans le cadre de sa participation au septième Sommet Afrique–Europe, que l’Angola a abrité les 24 et 25 novembre 2025, M. Mohamed Ali Nafti, Ministre des Affaires Etrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’Etranger, a prononcé l’allocution de la Tunisie lors de la deuxième session consacrée à la formulation d’un « avenir prospère et durable pour l’Afrique et l’Europe » et au « partenariat pour la migration et la mobilité ».
M. le Ministre a indiqué, au début de son intervention, que la tenue du Sommet coïncide avec le 25ᵉ anniversaire du lancement du partenariat Afro-Européen. Il a estimé qu’il s’agissait là d’une occasion pour clarifier les visions et les orientations entre les deux parties en vue de mettre en place des cadres et des mécanismes de coopération permettant d’impulser les relations bilatérales et de définir une nouvelle approche stratégique commune, tenant compte de la réalité des deux continents et de leurs besoins, à la lumière de l’aggravation et de l’imbrication des défis d’une part, et des avantages, des capacités et des opportunités réelles de renforcement de la coopération et du partenariat, d’autre part.
À cet égard, il a réaffirmé l’attachement ferme de la Tunisie aux principes du multilatéralisme et à la nécessité de renouveler l’action collective dans un monde qui connaît de profondes mutations et de rapides perturbations, où les crises sécuritaires se croisent avec les défis économiques, environnementaux et humanitaires. Ces réalités exigent une mise à jour des fondements de l’action multilatérale et une reconstruction de la confiance dans ses différentes structures. Elles appellent également une réflexion collective et un courage politique pour réhabiliter les valeurs sur lesquelles se sont fondées les Nations Unies et les divers partenariats internationaux — y compris le partenariat Afrique–Europe — au premier rang desquelles figurent le dialogue constructif, le respect mutuel et la responsabilité partagée dans la préservation de la paix et de la sécurité internationales.
Dans son intervention, M. le Ministre a réitéré la position de la Tunisie appelant à aborder la question migratoire dans le cadre d’une approche globale, multidimensionnelle — humaine, économique, sociale et culturelle — fondée sur la responsabilité commune mais différenciée et sur un partage équitable des charges, notamment au regard des disparités de développement et des inégalités d’opportunités entre le Nord et le Sud.
Il a appelé à accélérer les programmes de mobilité humaine légale et circulaire entre l’Afrique et l’Europe, ainsi qu’à mettre en place un mécanisme associant l’Union Africaine et l’Union Européenne pour encourager l’investissement conjoint dans les pays d’origine. Il a souligné que l’avenir des deux continents dépend de leur capacité commune à adopter des processus réguliers, transparents et attractifs pour la mobilité, sans toutefois affaiblir les capacités nationales des pays émetteurs de compétences et en évitant les effets négatifs de la fuite des cerveaux. Cela passe par la mise en place de partenariats solidaires et de mécanismes innovants pour assurer le retour des experts, ainsi que par la garantie du soutien des systèmes nationaux d’enseignement supérieur, de formation professionnelle et d’apprentissage tout au long de la vie.
M. Mohamed Ali Nafti a expliqué que la migration peut constituer une source de développement et de richesse lorsqu’elle est organisée, sûre, légale et respectueuse de la dignité humaine.
Il a évoqué les défis posés par la migration irrégulière, alimentée par les réseaux de trafic et de traite des êtres humains, saluant à ce titre la coopération en cours avec l’Organisation Internationale pour les Migrations en matière de création de nouvelles opportunités et de mobilisation des ressources humaines au profit de l’investissement dans les pays d’origine des migrants.
M. le Ministre des Affaires Etrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’Etranger a conclu son allocution en affirmant qu’il est désormais temps d’élaborer et de construire de nouveaux systèmes plus équitables, et de s’engager dans un processus de transformation des politiques. Cela nécessite des efforts accrus et convergents pour faire face aux défis actuels et adopter des approches globales où l’être humain constitue un véritable moteur de développement, au service des générations présentes et futures.
Le Sommet a abouti à l’adoption d’une Déclaration Conjointe définissant les principales orientations et priorités du partenariat Afrique–Europe pour la période à venir, ainsi que l’engagement des deux parties à soutenir la coopération dans les domaines de la paix, de la sécurité, de la migration et du développement, outre le renforcement de l’action multilatérale et la révision de ses mécanismes afin d’assurer une représentation équitable de l’Afrique et de faire face aux défis auxquels les continents africain et européen sont confrontés.