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Editorial

La paix sous les bombes

  • 26 novembre 17:00
  • 3 min de lecture
La paix sous les bombes

Depuis le 10 octobre, date d’entrée en vigueur de la trêve, l’opinion internationale a respiré un air d’espoir et de sérénité. La tension dans les capitales et les villes a baissé, les manifestations se sont tues, les mots d’ordre scandés contre l’occupation sioniste ont été entendus : la guerre est finie.

Est-elle réellement et définitivement finie ? Plus d’un mois et demi plus tard, on constate qu’elle perdure, moins intense, avec moins de morts certes, mais elle est omniprésente, permanente et incessante, avec ses malheurs et ses souffrances ; les chars continuent à raser ce qui reste encore debout dans le territoire au paysage lunaire ; la machine de guerre fonctionne à plein régime.

L’avenir de la population est exposé à un risque imminent de mort soit de maladies, soit sous les bombes. D’après les chiffres du ministère de la Santé à Gaza, plus de 342 Palestiniens civils ont été tués depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Un flot de bombes s’est abattu de nouveau sur les Palestiniens de l’enclave depuis mercredi 19 novembre. 

De nouvelles frappes, encore ce samedi 22 novembre ont fait 21 morts et des dizaines de blessés parmi lesquels des enfants, d’après la Défense civile de Gaza.  L’Etat sioniste répète la même rengaine (jusqu’à quand va durer ce prétexte ?) en disant avoir ciblé des terroristes du Hamas. 

Selon le Bureau de presse du gouvernement de Gaza, l’entité sioniste a violé le cessez-le-feu négocié par les États-Unis au moins 497 fois depuis son entrée en vigueur le 10 octobre. 

Rejetant une «piètre tentative pour justifier des violations qui ne cessent jamais», le Hamas a dénoncé une escalade dangereuse, accusant l’Etat voyou d’étendre le territoire qu’il contrôle à Gaza au-delà des limites convenues. Il a appelé les États-Unis à exercer une pression immédiate et sérieuse pour forcer l’occupant à respecter le cessez-le-feu.

 A Gaza, les Américains ont tracé (à la hâte) une ligne jaune pour marquer une frontière qui divise la bande ; un tracé incertain et imprécis qui donne 53% des terres à l’armée sioniste et le restant du territoire (le plus peuplé) aux Palestiniens. Des ONG avaient rapidement dénoncé un manque de clarté quant à la localisation de la ligne.

Parmi les 312 Palestiniens tués par l’armée sioniste depuis la mise en place de la trêve le 10 octobre, beaucoup l’ont été en marge de cette ligne jaune, dont le franchissement entraîne des représailles immédiates. Le plus bizarre et (criminel) dans cette ligne arbitraire, c’est qu’elle est mouvante, floue et fluctuante.  L’armée avance, occupant jour après jour du terrain habité par les Palestiniens sans que les habitants le sachent. 

Près de deux mois après son instauration, la trêve annoncée tambour battant apparaît aujourd’hui comme un cadre théorique plus que comme une réalité vécue. Les violations répétées plongent le cessez-le-feu dans une zone grise où les promesses diplomatiques se heurtent à la réalité du terrain. Les pays signataires de l’accord de paix, dont l’Egypte et le Qatar, s’efforcent encore d’en réactiver l’esprit, mais sur le terrain, la multiplication des incidents a largement foulé aux pieds la confiance nécessaire à toute désescalade durable. 

Auteur

Hamma Hannachi