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Tunisie – Libye : L’heure d’un vrai tandem a sonné

  • 26 novembre 17:30
  • 3 min de lecture
Tunisie – Libye : L’heure d’un vrai tandem a sonné

Face aux appétits étrangers et à un monde prédateur, Tunis et Tripoli n’ont plus le luxe d’hésiter. L’union, longtemps différée, redevient une stratégie. Et peut-être le chemin du salut le plus tangible.

La Presse — La phrase de l’ancien président Habib Bourguiba, lancée en 1972, n’a jamais sonné aussi juste : «Entre la Tunisie et la Libye, tout plaide pour l’intégration : la géographie, l’histoire, la culture, et surtout l’intérêt bien compris». Un demi-siècle plus tard, les deux voisins abordent une étape qui ne doit rien aux sentiments : ils n’ont plus d’autre choix que d’avancer ensemble.

La visite de Kaïs Saïed à Tripoli, première du genre depuis 2012, n’était pas un geste symbolique. Le président du Conseil présidentiel libyen Mohamed El-Menfi l’a alors qualifiée d’«historique». Et l’on s’est tous attendu à un retour d’une lucidité trop longtemps absente.

Le Forum économique de Sfax, qui a ensuite réuni plus de 120 décideurs libyens, a confirmé cette dynamique. La Tunisie et la Libye, qui se connaissent mieux que quiconque, ont les moyens de redevenir des partenaires naturels. Elles doivent aujourd’hui et plus que jamais transformer leurs discours en actes.

Une feuille de route, enfin pragmatique

Les recommandations du Forum n’ont pas flotté dans l’air. Elles ont alors dessiné un plan de travail clair : rouvrir les lignes aériennes, fluidifier les frontières, installer des liaisons maritimes permanentes, sécuriser les paiements aux entreprises, moderniser l’accord de libre-échange, activer la zone logistique de Sebha et rétablir les échanges en monnaies locales.

Ces mesures simples et efficaces attendaient alors juste un courage politique et elles l’ont eu. Sauf que sur le terrain, les choses n’ont pas bougé d’un iota depuis.

Dans un monde dur, on ne survit pas seul

L’illusion du solitaire est un luxe pour les grandes puissances, pas pour des pays exposés, pris entre ambitions étrangères et transitions internes fragiles, s’accordent à dire géostratèges et géopoliticiens. Européens, Américains, Turcs, Égyptiens et Asiatiques se relaient déjà sur le dossier libyen. Il serait de là téméraire de croire que Tunis ou Tripoli puisse naviguer seule dans ce tumulte.

La vraie protection, la seule influence durable, viendront d’un tandem assumé.

Un tandem où l’on pense ensemble la sécurité, l’économie, la diplomatie.

Un tandem capable d’entrer sur le marché africain comme acteur, non comme spectateur.

Agir vite ou laisser d’autres décider

Une chose est sûre aujourd’hui : l’Afrique du Nord ne peut pas se payer une décennie de plus perdue en hésitations. Les Tunisiens et les Libyens partagent un intérêt vital: stabiliser, investir, produire, décider. Ils en ont les moyens, l’expérience et l’histoire. Ce qui leur manque, aujourd’hui, ce n’est ni la vision ni les arguments, mais la vitesse. Le monde ne ralentira pas pour eux.

Autant accélérer ensemble.

Auteur

Mohamed Hedi ABDELLAOUI