gradient blue
gradient blue
A la une Culture

Vendredi soir au théâtre municipal : “Une comédie brillante pour relancer le théâtre tunisien”

Avatar photo
  • 26 novembre 21:22
  • 3 min de lecture
Vendredi soir au théâtre municipal : “Une comédie brillante pour relancer le théâtre tunisien”

Vendredi soir 28 novembre 2025 au Théâtre municipal de Tunis, dans le cadre des Journées théâtrales de Carthage, Abdelaziz Meherzi dévoile en première sa nouvelle création : une comédie raffinée en dialecte tunisien, inspirée de La Locandiera de Carlo Goldoni. Une œuvre qui ressuscite un genre «que nous avons perdu au profit du burlesque et du théâtre-journal», affirme le metteur en scène, et qui promet de réconcilier le public tunisien avec le plaisir du grand théâtre populaire.

La Presse — Après Saïda Mannoubia, Meherzi revient avec un personnage féminin puissant. Il explique : «Cette pièce traite du sujet de la femme en tant que symbole et locomotive de la société». Chez Goldoni, que Meherzi qualifie de «Molière du théâtre italien»; la femme est un mystère, un moteur, un révélateur. Le metteur en scène poursuit : «Comprendre la femme est difficile, gérer une relation l’est encore plus». Il tisse donc, à partir du texte classique, une adaptation tunisienne «qui nous ressemble beaucoup», une comédie fine, ancrée dans nos codes, nos tics sociaux et nos fractures contemporaines.

 

L’histoire se déroule dans une résidence tenue par Chahira, femme libre, brillante et indépendante. Entre un noble orgueilleux, un riche affairiste au passé trouble et un misogyne convaincu, elle impose sa présence, son intelligence et son charme comme une arme de résistance et de vérité. Blessée par le mépris de Sinouji, elle décide de le séduire pour lui donner une leçon magistrale : la force de la femme dépasse les certitudes masculines. C’est un jeu de pouvoir, d’ironie et de séduction, où la comédie devient un haut lieu de réflexion sociale. La pièce offre ainsi un véritable théâtre de caractères, où chaque protagoniste représente une facette de la société tunisienne contemporaine, entre traditions persistantes, ambitions nouvelles et contradictions profondes.

Meherzi souligne que l’œuvre parle «de la décadence de la noblesse et de l’émergence d’une nouvelle catégorie grâce au gain facile et au commerce louche». Un écho frappant à la Tunisie d’aujourd’hui, où les élites changent plus vite que les valeurs, où l’argent rapide bouscule les anciennes hiérarchies, et où les certitudes sociales ne tiennent plus qu’à un fil. Cette relecture de Goldoni ramène la comédie à sa fonction première : un miroir souriant, mais implacable, tendu à une société en pleine transformation.

Le metteur en scène ajoutera : «Je remercie le ministère des Affaires culturelles qui m’a encouragé à revenir au théâtre classique avec la comédie dans sa quintessence». Il salue également la coproduction de la télévision tunisienne, preuve qu’on croit encore à la comédie comme art noble, populaire et fédérateur. Meherzi promet un spectacle «très attractif», spectaculaire, soigné, rythmé — exactement ce qu’il faut pour redonner au public tunisien le goût de la salle.

Avatar photo
Auteur

Salem Trabelsi