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Festival International du Sahara : Comment révéler au monde les trésors de Douz ?

  • 27 novembre 18:15
  • 5 min de lecture
Festival International du Sahara : Comment révéler au monde les trésors de Douz ?

Le Sahara de Douz, avec ses dunes dorées et ses traditions nomades, possède un luxe naturel que peu de lieux au monde peuvent offrir. Pourtant, le Festival International du Sahara n’a pas encore pleinement transformé ce potentiel en expérience haut de gamme. L’authenticité y est, le décor aussi… mais le voyageur exigeant attend toujours que l’écrin et la magie soient à la hauteur de la promesse.

La Presse — La beauté de nos contrées demeure jusqu’à aujourd’hui inexplorée. Certains événements qui en dépendent étroitement demandent un souffle nouveau pour devenir des vitrines nationales. Le Festival international du Sahara de Douz en fait partie. Né pour célébrer la culture nomade, il demeure l’un des rares moments où la Tunisie profonde, bédouine, se donne à voir.

Mais le monde change, l’industrie touristique aussi. Et l’heure n’est plus aux manifestations folkloriques sans ambition. Il s’agit désormais de séduire le voyageur haut de gamme, celui qui cherche l’authentique, le rare, l’exceptionnel et qui est prêt à le payer au prix fort. La Tunisie, qui aspire à diversifier son tourisme et à monter en gamme, ne peut ignorer cette opportunité. Le désert est un luxe. Il coûte cher à préserver, mais il rapporte gros quand il est bien vendu.

Un patrimoine vivant qui ne demande qu’à être magnifié

Douz possède ce que nulle fortune ne peut acheter : une géographie qui parle au cœur autant qu’à l’œil. Les caravanes, les dromadaires, les poètes, les « hakawati » (conteurs populaires), les courses de méharis, l’hospitalité des Mrazig… Rien ici n’est décor de cinéma. Et c’est précisément ce que recherche le touriste haut de gamme : une expérience vraie, incarnée, non formatée. Encore faut-il lui donner un écrin à la hauteur de ses attentes.

Les grands festivals du monde ont compris une chose simple: il faut donner à chaque édition une signature, un thème fort, qui raconte quelque chose de l’époque. Pour Douz, plusieurs pistes s’offrent à nous : le désert comme ultime espace de liberté, l’art nomade et les cultures transsahariennes, la Tunisie porte du Sahara, le futur des oasis face au changement climatique.

Un thème fort attire les médias internationaux, les documentaristes, les écrivains voyageurs. Il structure la communication. Il raconte une histoire. D’ailleurs, les nations qui ne racontent pas leur histoire seront racontées par d’autres. A Douz, il est urgent de reprendre la plume et la caméra. Il est urgent de ne pas s’égosiller devant la caméra pour tirer gloriole de réalisations souvent incomplètes.

Repenser l’offre pour le public premium

Une chose est sûre : le voyageur haut de gamme n’achète pas seulement un billet d’avion. Il achète un récit, une ambiance, une expérience maîtrisée de bout en bout. Pour le séduire, Douz doit offrir des hébergements éphémères haut standing, notamment des camps de luxe dans le désert, des tentes bien équipées et une gastronomie locale alliant authenticité et créativité.

Il faut également offrir des parcours exclusifs : lever de soleil sur les dunes, rencontres avec les porteurs de traditions, concerts acoustiques sous les étoiles. Il faut aussi proposer un espace VIP intégré au festival : discret, élégant, servi par des professionnels formés au tourisme expérientiel.

Des expériences rares comme l’initiation à la fauconnerie, des ateliers de tissage nomade, des randonnées en méhari avec récitants et poètes sauront donner au festival ses lettres de noblesse. Si bien que le public touchant le haut de gamme est sensible à l’excellence. Pour drainer un public international, il faut donner à Douz une dimension intellectuelle et artistique supplémentaire.

Cela passe par une résidence d’artistes internationaux travaillant sur le désert, des projections de films cultes du Sahara, présentées par leurs réalisateurs, un symposium annuel sur les peuples nomades avec anthropologues, géographes, écrivains. Il faut également accorder une place forte à la jeune création tunisienne, notamment en photo et en arts visuels. Le festival deviendrait alors ce qu’il doit être : un lieu d’idées, de rencontres, de récits.

L’impératif d’une communication moderne

Il reste à faire savoir au monde ce que Douz a de précieux. Or, un festival sans images est un festival muet. La communication doit s’appuyer sur des films courts cinématographiques diffusés sur les réseaux internationaux, un partenariat avec les grandes chaînes spécialisées (Voyage, National Geographic, Arte), des collaborations avec des influenceurs de niche spécialisés dans le slow travel et le désert, un storytelling clair sous le label: « Douz, le désert authentique. Rien de faux. Rien de surfait ». C’est par la vérité que l’on pourra s’imposer.

Le tourisme haut de gamme ne vient pas quand on l’appelle: il vient quand il reconnaît la valeur. Et cette valeur, Douz l’a déjà. Il s’agit maintenant de l’élever, de la raconter, de la magnifier.

Auteur

Mohamed Hedi ABDELLAOUI