La célébration, le 1er décembre, de la journée mondiale de lutte contre le sida constitue une occasion, annuellement renouvelée, pour faire le point sur les pas franchis en matière de riposte, évaluer l’efficience des actions menées et faire l’état des lieux de la contamination et de la propagation de la maladie. Elle permet aussi de cerner les points sur lesquels il convient de miser, désormais, pour que la lutte soit ciblée, performante et fructueuse.
En Tunisie, le chiffre approximatif des personnes vivant avec le VIH/ sida, enregistré l’an dernier, se situe autour de deux mille personnes. Bien qu’elle soit minoritaire, la population pvvih/ sida change de profil pour s’avérer plus jeune, plus instruite et plus aisée. Selon Mme Aïda Mokrani, coordinatrice générale des projets à l’Association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissible et le sida (ATL MST/Sida), le VIH/ sida touche de plus en plus de jeunes, âgés de 18 à 20 ans ; des jeunes instruits, issus de milieu social aisé et qui s’adonnent, malencontreusement, à des comportements à risques.
«La lutte contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) et le VIH/sida devrait faire l’objet d’un effort collectif, regroupant aussi bien les structures de l’Etat, la société civile mais aussi – voire surtout- la famille et le cadre éducatif. Nous devons être unis pour la riposte et asseoir aussi bien les jalons du dialogue au sein de la famille d’abord, mais aussi dans le milieu scolaire et ce, afin de vulgariser l’information, sensibiliser et les parents et les jeunes et promouvoir la culture de la prévention», explique-t-elle à La Presse.
Sensibilisation et prévention
En effet, depuis près de deux décennies, la riposte sur le sida et sur les maladies et infections sexuellement transmissibles (MST et IST) se poursuit, en changeant parfois de tactique conformément aux besoins de la société, en général, et de la population cible en particulier. Cela dit, la sensibilisation et la prévention demeurent, immanquablement, les mots d’ordre. C’est qu’on n’attire jamais assez l’attention sur l’évitement des comportements à risques, sur les moyens de prévention contre la contamination et on ne véhicule jamais assez l’information sur cette maladie.
L’association multiplie ses interventions dans ce sens. Elle se déplace dans les régions pour toucher un plus grand nombre de personnes. Elle se dirige vers les jeunes dans les établissements scolaires privés, dans les facultés, dans le but de véhiculer l’information sur le VIH/ sida et de sensibiliser au mieux une population vulnérable.
«Et à chaque fois, l’on constate un manque flagrant d’information sur les risques, sur cette maladie, sur les MST et IST mais aussi sur les moyens de contamination et autres, de prévention. Le public ignore aussi les institutions et les mécanismes spécialisés. Il ne sait pas à qui s’adresser en cas de suspicion de contamination.
Pourtant, poursuit-elle, nous disposons, en Tunisie, de quatre centres de prise en charge des ppvih/ sida. Nous sommes cinq ou six associations actives dans ce domaine…». Et pour frapper d’une pierre deux coups, l’association joint l’utilité des actions de dépistage du cancer du col de l’utérus, lesquelles sont menées en collaboration avec l’Onfp via notamment le dispositif mobile «gynéco truck», à la sensibilisation sur les comportements à risques sexuels.
Parmi les points sur lesquels nous insistons auprès des femmes qui recourent au «gynéco truck» pour bénéficier d’une échographie en guise de dépistage du cancer du col de l’utérus, figure le test prénuptial que les futurs mariés ont tendance à ne pas prendre au sérieux. Or, ce test représente un moyen de prévention et de lutte contre le VIH/ sida ainsi que les MST et IST», ajoute Mme Mokrani.
Sensibiliser pour faire comprendre, pour aviser, pour entraver la contamination mais aussi pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation qu’endurent les pvvih/ sida. «Depuis quelque temps, nous recevons nettement moins de signalements sur les comportements de stigmatisation et de discrimination à l’égard des pvvih/ sida.
Ces agissements se produisaient avant, dans les hôpitaux. Ils étaient perpétués par un cadre paramédical et des stagiaires non sensibilisés. Or, plus on comprend la maladie, moins l’on s’adonne à de pareils comportements», renchérit Mme Mokrani.