Chkandali : les mécanismes pour « une voiture par famille » ouvrent la porte à la fraude
L’économiste Ridha Chkandali a affirmé que les mécanismes prévus par l’article 55 du projet de loi de finances 2026 pour l’acquisition d’une voiture exonérée de taxes, que ce soit par un don des Tunisiens résidant à l’étranger, par la bourse touristique ou par l’autorisation de change de la Banque centrale, sont pratiquement impossibles à appliquer.
Dans un post publié sur sa page officielle Facebook, Chkandali a expliqué que chacune des trois options comporte de graves difficultés :
Don des TRE : un mécanisme hors du circuit officiel
Selon Chkandali, ce mécanisme suppose qu’un Tunisien résidant dans le pays trouve un proche à l’étranger, par exemple en France, qui paie la voiture en devises étrangères, pour ensuite récupérer le montant en dinars tunisiens.
Il précise que cela revient à effectuer un change hors du circuit bancaire, s’apparentant à une activité de l’économie parallèle, et ne peut pas être comptabilisé officiellement comme une opération d’importation, puisqu’aucune sortie de devises de la Banque centrale ne lui correspond.
Il ajoute que pour que la famille puisse posséder la voiture, le résident à l’étranger devrait l’acheter à son nom puis la transférer à la famille tunisienne, ce qui ouvre, selon lui, « une large porte à la fraude et à la tromperie ».
Bourse touristique : faible valeur et conditions complexes
Chkandali considère que recourir à la bourse touristique pour acheter une voiture est irréaliste, car son montant est très limité et ne couvre pas le prix d’une voiture.
Il souligne également que l’obtention de cette bourse est conditionnée par l’obtention d’un visa, ce qui n’est pas accessible à toutes les familles éligibles à l’article 55.
Autorisation de change de la BCT : limitée par les réserves
L’économiste insiste sur le fait que ce mécanisme se heurte directement aux réserves de devises limitées du pays, qui ne peuvent pas descendre sous le seuil de 90 jours d’importations en raison des obligations de l’État pour le remboursement de la dette et l’importation de produits de première nécessité, de médicaments et de matières premières.
En conclusion, Ridha Chkandali estime que la complexité de ces mécanismes rend l’application de l’article 55 impossible, et se demande quelle est l’utilité de faire des promesses « irréalisables » aux Tunisiens, qualifiant ces engagements de « vente d’illusions ».