Commentaire – Hfaïedh Hfaïedh annonce, à partir du Maroc, une grève générale vendredi prochain : Quand l’Ugtt perd la boussole
Les syndicalistes de l’Ugtt ne savent plus sur quel pied danser mais excellent dans l’application des ordres qu’ils reçoivent de l’étranger. Ils viennent, par le biais du membre du Bureau exécutif Hfaïedh Hfaïedh, de créer un fâcheux précédent dans l’histoire du syndicalisme national: le 5 décembre, les travailleurs observeront une grève générale dont ils ont été informés à partir du Maroc.
Quand les syndicalistes perdent le nord, ils égarent aussi la boussole. Et les lieutenants de Noureddine Taboubi ne savent plus se taire quand ils parlent. Il paraît également qu’ils ont décidé d’internationaliser leur pseudo-différend avec le Président de la République, de déplacer leur querelle avec Carthage à l’étranger, plus particulièrement dans un pays frère et ami avec lequel la Tunisie entretient une amitié séculaire et des rapports de fraternité et de coopération qui remontent à l’époque de la lutte de libération nationale de nos pays.
Des rapports qui sont allés, d’année en année, en se renforçant et en gagnant en qualité, jusqu’à ce qu’ils soient considérés comme un exemple à suivre dans notre région maghrébine. Sauf que, malheureusement, les syndicalistes de l’Ugtt ont choisi de déraper et ont décidé de ternir ces rapports.
Tout en proposant aux Tunisiens une nouvelle page de leur «dépravation» en annonçant, au Maroc, lors d’une manifestation syndicale, que le 5 décembre 2025, jour de la célébration de l’assassinat, par la Main Rouge, du leader nationaliste et syndicaliste Farhat Hached, la Tunisie connaîtra une grève générale.
L’annonce a de quoi surprendre et paraît déroutante et inquiétante pour ceux qui l’ont faite et surtout pour les Tunisiens et les Tunisiennes qui ont divorcé d’avec les pratiques de la décennie noire et de l’implication malheureuse de l’Ugtt dans plusieurs fausses querelles ou batailles où les travailleurs n’avaient pas à intervenir.
Pouquoi une annonce à l’étranger pose problème ?
Mais pourquoi l’annonce de la grève générale prévue le 5 décembre est-elle à dénoncer vigoureusement et pourquoi ceux qui l’ont décidée et hors des frontières nationales sont-ils à stigmatiser?
La réponse est toute simple, et il ne faut pas être sorcier pour saisir les raisons de ce dérapage inadmissible sur tous les plans.
D’abord, parce qu’elle intervient à partir d’un pays étranger et devant un parterre de syndicalistes venus dialoguer dans le but d’élaborer, ensemble, les meilleures stratégies possibles pour renforcer l’esprit syndicaliste dans la région et aussi raffermir la défense des droits des travailleurs, sans oublier la consécration de leur droit absolu à la dignité, par le biais d’un emploi décent.
Cette annonce est à considérer comme un précédent dans les annales de l’action syndicale. Dans la mesure où l’Ugtt, depuis sa création en 1946, n’a jamais fait savoir, à partir d’un pays étranger, que ses militants vont observer une grève générale.
Ensuite, la grève générale a été annoncée alors que les syndicalistes se préparent à organiser une réunion de la commission administrative de la Centrale, bien avant le 5 décembre prochain.
Et là on se demande si au sein de ce qui reste de la direction pilotée par Noureddine Taboubi, il existe encore un membre qui respecte les structures syndicales et ne se précipite pas pour prédire un événement (la grève générale) que les participants à la réunion de la commission administrative pourraient ne pas prendre.
Enfin, le choix de la journée du 5 décembre pour que les travailleurs qui suivent encore les instructions de Hfaïedh Hfaïedh et ses amis acceptent de paralyser le pays est un choix malheureux, et c’est le moins qu’on puisse dire. Tout simplement parce que c’est une atteinte à l’histoire militante de la Tunisie et un déni de la mémoire d’un grand homme, le grand Farhat Hached que le monde entier a pris l’habitude de célébrer le 5 décembre de chaque année.
Pour conclure, les Tunisiens, qui ont été surpris par l’annonce faite par Hfaïedh Hfaïedh, en présence active d’une vieille connaissance dont ils n’oublieront jamais les hauts faits, en l’occurrence l’ancien président le Dr Moncef Marzouki, savent maintenant choisir entre un président qui décide d’augmenter leurs salaires et leurs pensions de retraite au cours des trois prochaines années et une centrale «syndicale» qui les incite au chaos et à l’imprévu dans le but de répondre favorablement à des ordres qui viennent de l’étranger.