Textile – habillement : Un besoin de réinvention
Pour survivre à la concurrence et conforter son positionnement à l’international, le textile tunisien a besoin aujourd’hui de se transformer, du moins dans une certaine proportion. Et cela suppose une restructuration profonde, une modernisation intelligente du processus de production et des investissements lourds en termes technologique, écologique et humain.
La Presse — Les exportations asiatiques de textile-habillement continuent, comme c’est le cas depuis quelques années, à dominer le marché européen. La Tunisie, même si elle parvient encore à s’en sortir, risque, tout de même, de connaître une situation complexe, surtout avec un niveau de compétitivité que certains estiment fragile.
D’ailleurs, notre pays qui a été, des années durant, le 4e fournisseur de l’Europe, se retrouve aujourd’hui à la 9e place en valeur avec 1,572 milliards de dinars. Un recul de 3,2% par rapport à la même période de l’année écoulée.
Certes, ce ralentissement n’est pas forcément alarmant, mais les choses risquent empirer, en l’absence d’une stratégie de redressement fiable, reposant sur une restructuration profonde et une modernisation globale du processus de production.
Toutefois, cela suppose un investissement colossal, une maîtrise complète de la qualité et un élargissement du contenu technologique. Tout le monde convient, en fait, que le textile tunisien est capable de récupérer des parts importantes du marché asiatique, pour peu qu’il capitalise au mieux son avantage géographique, améliore sa réactivité, accélère sa digitalisation, soutient le niveau de qualification professionnelle et consolide son modèle managérial. Sans parler de l’engagement de nouveaux partenaires stratégiques.
Maîtrise du label tunisien
Le textile-habillement tunisien gagnerait également à transiter vers de nouveaux modes, le circulaire entre autres. En effet, grâce à sa capacité à réduire l’impact environnemental, le textile circulaire se positionne aujourd’hui comme une tendance de choix, car efficace, compétitive et moins coûteuse.
Toutes les expériences ont démontré que ce mode de fonctionnement permet d’optimiser le processus de production dans ses différentes phases, de garantir un meilleur niveau de rentabilité et d’améliorer son comportement à l’international. Cela est d’autant plus vrai que le «Pacte vert pour l’Europe» impose, comme le retient sa charte «des standards de plus en plus stricts en matière environnementale, obligeant les entreprises à réduire l’impact carbone et à favoriser les pratiques durables».
L’impact social n’est pas moins important, puisque ce mode encourage la consommation responsable et éthique, et protège nos ressources naturelles. En effet, grâce à son potentiel de recyclage, ce type de textile contribue, directement, à la valorisation des déchets et la création de la valeur ajoutée.
Les experts internationaux parlent aussi d’un fort contenu d’emploi, grâce à sa capacité de créer de nouvelles opportunités pour la population locale, surtout au niveau de la collecte et de la transformation.
Le textile tunisien est appelé, en parallèle, à se réinventer. Cela suppose, cependant, de renforcer la composante innovation, de valoriser les produits, notamment à forte valeur ajoutée et de maîtriser la production finale, du moins dans certaines filières, comme les produits techniques.
Certes, une telle exigence n’est pas donnée, étant son coût en termes d’investissements, notamment en technologie, en énergies nouvelles, en pratiques durables et en capital humain, mais elle reste incontournable pour survivre à la concurrence. Notre pays a besoin justement, de se doter, comme l’exigent les différents marchés internationaux, de son propre label.