À pleins tubes à la galerie Kalysté : La danse lumineuse de Nadia Dhab
Du 13 décembre 2025 au 3 janvier 2026, la galerie Kalysté ouvre ses portes à la première exposition solo de la peintre, illustratrice et designer graphique Nadia Dhab. Intitulée « A pleins tubes », cette exposition offre un voyage vibrant et sensible au cœur d’un univers où la couleur respire, la lumière circule et les émotions s’entrelacent dans une chorégraphie silencieuse.
La Presse — Dans cette série d’œuvres nouvelles, la peinture figurative de Nadia Dhab explore des thèmes qui lui sont chers : la musique, la danse, la famille, l’amour, la liberté. Son trait, nourri par son expérience de la bande dessinée et du cartoon, confère à ses personnages une expressivité fluide et un dynamisme narratif, tout en conservant une grande délicatesse.
En déployant une palette vive et parfois fluorescente, l’artiste capte cet « entre-deux » où les corps oscillent entre élan et retenue, entre joie contenue et exubérance prête à jaillir. Adultes et enfants se croisent dans des scènes où chaque geste, chaque regard devient une nuée de sensations.
Née à Paris en 1970, tunisienne et Française, Nadia Dhab suit des études de communication en France avant de s’installer à Tunis pour intégrer les Beaux-Arts et se spécialiser en design graphique. Sa carrière débute dans le monde du cinéma : elle travaille sur les décors de productions tunisiennes et internationales, avant de fonder son propre studio en tant que designer graphique, directrice artistique et illustratrice.
Depuis 2001, elle expose régulièrement ses peintures figuratives et, dès 2012, développe un travail foisonnant en dessins de presse, illustrations et bandes dessinées, participant à des publications, projets collectifs, festivals et ateliers pédagogiques, en Tunisie comme à l’étranger.
« A pleins tubes » marque ainsi une étape majeure : sa première exposition personnelle de peinture, après plus de vingt ans de pratique artistique protéiforme.
Dans un texte critique profondément sensible, l’universitaire et artiste visuelle Kaouther Jellazi Ben Ayed décrit la peinture de Dhab comme un espace où la couleur agit « comme un souffle ». Elle éclaire, traverse, révèle. Ses œuvres deviennent « des territoires de lumière », où les silhouettes, reliées par un fil d’énergie quasi musical, vibrent de leurs émotions invisibles.
Rien n’est figé : la danse circule, le mouvement respire, les notes dispersées deviennent les balises d’un monde intérieur. Les personnages de Dhab, ni tout à fait affirmés ni tout à fait évanescents, habitent un seuil incandescent où la lumière « sculpte le vivant avant qu’il ne devienne geste ». Cette capacité à faire surgir l’émotion avant la narration, le souffle avant le geste, constitue l’une des signatures les plus singulières de l’artiste.
« A pleins tubes » est aussi une déclaration d’amour à la vie. Nadia Dhab y affirme une joie volontaire, presque militante : « Nous danserons encore, nous chanterons encore… A pleins tubes, nous aimerons toujours les couleurs et la musique de la vie ».
Dans un monde marqué par l’injustice, la perte ou la grisaille, ses personnages continuent de tourbillonner, de rire, d’aimer.
Ils avancent dans une ronde lumineuse, sous le stroboscope ou sous les étoiles, porteurs d’une énergie qui relève, rassemble et réconcilie. Avec « A pleins tubes », Nadia Dhab propose une peinture qui ne se contente pas d’être vue : elle se ressent. Elle invite à renouer avec ces bonheurs simples — un geste, une note, un sourire, une étreinte — qui constituent le cœur battant de l’humanité. Entre danse, lumière et émotion pure, l’exposition s’impose comme un moment suspendu, vibrant, généreux, où l’on retrouve la pulsation essentielle de la vie.