Commentaire – Ugtt : La fuite en avant
Décidément, la surenchère de l’actuelle bande de dirigeants de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) n’a plus de limite! C’est ainsi que la commission administrative de la centrale syndicale vient de décréter une grève générale le 21 janvier prochain. L’annonce de cette grève n’a pas, en réalité, surpris les Tunisiens puisqu’ils ont appris cette nouvelle depuis quelques jours à travers un membre du bureau exécutif.
Et tenez-vous bien, ce dernier a annoncé la grève depuis le Maroc, avant même la réunion de la commission administrative de l’Ugtt. Quelle arrogance et quelle pratique démocratique au sein de cette équipe dirigeante censée trouver une solution à la crise sans précédent que connaît l’Ugtt, depuis que cette même équipe a recouru à des manœuvres malsaines pour continuer à être aux commandes !
Au lieu de se consacrer à la préparation du prochain congrès, en mars prochain, voilà que les dirigeants de l’Ugtt essayent de noyer le poisson et de jouer pleinement une sorte de diversion qui ne mène nulle part. Un comportement très néfaste visant à occulter les vraies questions et les défis historiques que les syndicalistes doivent relever, et notamment ceux qui sont actuellement aux commandes de l’Ugtt.
Or, ces derniers savent pertinemment qu’ils seront écartés en mars prochain, à l’occasion de la tenue du congrès tant attendu par la majorité écrasante des syndicalistes. Des syndicalistes qui veulent rompre une fois pour toutes avec l’équipe actuelle et se consacrer aux vraies attentes des travailleurs.
C’est dans ce contexte qu’on comprend l’annonce de la grève générale décrétée le 21 janvier prochain. S’agit-il d’une tentative de reporter la date du prochain congrès sous prétexte des retombées de la grève générale ? Quelle que soit la réponse, l’annonce de cette grève en ce temps précis s’inscrit dans le cadre d’une surenchère visant à occulter les vrais problèmes des travailleurs tunisiens et à se consacrer à de vaines querelles politico-politiciennes qui ne servent en rien la classe ouvrière ni l’économie nationale.
Sinon comment comprendre que la première revendication de l’actuelle classe dirigeante de l’Ugtt soit les libertés au moment où elle confisque ce même droit pour l’opposition syndicale ? Ces mêmes dirigeants de l’Ugtt donnent-ils l’exemple en matière de libertés et de pratiques démocratiques au sein de l’institution de Hached ?
Allez chercher la réponse auprès des syndicalistes qui ne cachent plus leur mécontentement à l’égard de la dérive que connaît la centrale syndicale depuis un certain temps. Une dérive qui ne doit pas durer au détriment même de l’intérêt général des travailleurs tunisiens. Et puis, ils se demandent pourquoi ces dirigeants ne se remettent jamais en question.
Sont-ils élus démocratiquement ? Bénéficient-ils encore de la confiance de la majorité écrasante des syndicalistes tunisiens ? Des questions qui demeurent sans réponse. Entre-temps, on excelle dans la surenchère, les palabres et les pseudo-querelles. Bref, tout sauf les vraies questions qui dérangent, à savoir, entre autres, défendre les intérêts des travailleurs tunisiens.
Le 5 décembre de chaque année est une journée d’hommage au fondateur de l’Union générale tunisienne du travail, Farhat Hached, assassiné en 1952. Malheureusement, cette année, la commémoration a été entachée par l’annonce d’une grève générale que seuls les décideurs connaissent les vraies raisons.